Toutes les informations convergent vers une opération menée par les islamistes du Mouvement de l'unicité et le jihad en afrique de l'Ouest (MUJAO). L'information a été confirmée par Hama Ag Sid Ahmed, du MNLA. Le Mujao serait une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, selon des experts. Dans la nébuleuse terroriste, le Mujao est le dernier groupuscule islamiste apparu en 2011. il avait d'ailleurs revendiqué début mars l'enlèvement des deux Espagnols et de l'Italienne dans les camps sahraouis. Il avait réclamé une rançon s'élevant à 30 millions d'euros ^(*).

Ce groupe est une dissidence d'Aqmi. Mais comment expliquer sa présence alors dans la même région avec les autres groupes salafistes armés ? Selon des sources locales, c’est sur invitation de Iyad Ag Ghaly que les trois chefs d’Aqmi, Abou Ziyed, Mokhtar Belmokhtar et Yahia Abou El Hammam sont présents à Gao. Aussi, connaissant la guerre acharnée que l’Algérie a menée contre Aqmi et ses émirs, il est fort probable que nos diplomates soient entre les mains d’Aqmi avec bien entendu la protection et la bénédiction des salafistes armés d’Ansar Eddine. On sait par ailleurs que le MNLA, d’essence laïque comme il se revendique depuis le début, n’a rien à voir avec les pratiques rétrogrades et intégristes de ces groupes qui s’apparentent à des bandits de grands chemins qu’à un mouvement de lutte politico-militaire. Reste à savoir pourquoi il s'est "entiché" avec eux. Etait-ce une alliance de conjoncture pour combattre l'ennemi commun : l'armée malienne ? Tout porte à le croire.

Et maintenant ?

Il est évident que ce rapt de diplomates algériens est en soi une provocation grave de l’Algérie mais aussi de l’autorité du Mouvement de l’Azawad qui vient de proclamer son indépendance à Gao, là même où fut attaqué le consultat algérien. C'est même un camouflet pour le MNLA. De fil en aiguille, cette affaire interpelle l’intervention du MNLA, sensé assurer la sécurité du territoire qu'il vient de "libérer" et sur lequel il devrait avoir l'autorité. Son implication pour la libération de ces diplomates pourrait constituer la meilleure preuve de son refus de cautionner les groupes terroristes armés sur son territoire.

Pour le moment, on ne note aucune réaction du Mouvement national appelant à la libération de l’Azawad. C'est le silence radio à Gao et Tombouctou.

Ce mouvement, comme l’a affirmé son porte-parole, Mossa Ag Ettaher, a toujours informé Alger de ses ambitions et ses objectifs. Maintenant que le MNLA a déclaré l’Etat indépendant de l’Azawad, il lui faudra faire preuve de fermeté envers ces mouvements salafistes qui ternissent son image à l’intérieur mais aussi à l’international. Et réagir très vite pour libérer les diplomates algériens. Cette action démentira toutes les informations distillées par la junte militaire et certaines agences de presse qui s’alarmaient de la convergence entre les Touareg du MNLA et les terroristes d’Aqmi. Pas seulement, car il y a aussi la question des otages occidentaux détenus par les groupes d'Aqmi quelque part au Mali. Une intervention pour leur libération ou tout au moins une collaboration étroite à cette fin redorera le blason du Mouvement touareg. Ce sont là deux actions urgentes qui démontreront de la volonté des Touareg de pacifier l'Azawad.

Pour le moment, le désordre créé dans le nord semble travailler pour la junte militaire de Bamako qui vient d'obtenir de la Cédéao la possibilité de levée des sanctions contre elle.

Yacine K.

(*) Lire : Otages du Sahel : le Mujao réclame 30 millions d'euros