Fatalité, résignation et soumission, jusqu’où le peuple ira-t-il ?

Combien de temps le peuple se résignera-t-il au silence ?
Combien de temps le peuple se résignera-t-il au silence ?

Depuis les révoltes du début de l’année 2011, à partir desquelles le peuple algérien exigea sans relâche le changement du système de pouvoir, réconforté par l’écho du mouvement de révolte qui secoua la rive sud de la Méditerranée, il s’est résolu à ne lâcher prise que jusqu'à la satisfaction de sa légitime exigence.

Quand la suite des évènements, avec la promesse stratégique du pouvoir de répondre à son exigence par la positive pour gagner un temps précieux, lui imposa la patience de suivre le menteur jusqu’au seuil de sa porte, comme dit l’adage populaire ; il n’en sera pas plus surpris dans sa conviction de toujours, qu’un pouvoir totalitaire, autoritaire et mafieux, ne peut s’autoréformer spontanément de l’intérieur. Car cette conviction se vérifia avec amertume au lendemain de l’annonce des résultats des législatives, dans une gueule de bois dont il n’est pas près de se remettre, tellement la déception de la duperie est immense et inqualifiable.

Cyniquement, la réponse du pouvoir à son exigence est venue comme un défi et un avertissement à sa persistance de vouloir lui contester son hégémonie sur la domination de l’État et l’autorité avec laquelle il l’exerce et qu’il compte continuer à exercer indéfiniment. La consécration de la pâle figure d’un FLN bis, auteur du détournement des idéaux de l’authentique FLN, qui avait au 1° novembre 1954 restitué la dignité et la liberté au peuple dans son combat libérateur, atteste de la symbolique de mépris et d’arrogance qui caractérise sa réponse. Cela ne peut signifier pour le peuple, autrement, que de n’avoir le choix de se soumettre à la dictature ou subir la foudre de la répression que le pouvoir ne manquera pas d’exercer sur lui au moindre signe de rébellion.

D’autant que le pouvoir, après avoir corrompu une partie importante de l’élite et de la société civile, par une pratique sournoise de redistribution de la rente, le voilà ! qui réussit à gagner le soutien des puissances impérialistes, qui le menaçait ouvertement il y a encore si peu de temps, en leur promettant de mettre à leur disposition les réserves financières de l’État. Alors que celles-ci devraient naturellement servir de levier au développement national et soulager l’étouffement dans lequel le peuple est acculé. Par ce soutien aveugle de la part de ces puissances impérialistes, le pouvoir sait qu’il peut être assuré de l’impunité, en cas de répression démesurée pour parer à d’éventuelles révoltes populaires. C’est d’ailleurs cela qui l’a encouragé à la fraude massive et spectaculaire pendant les législatives au su et au vu de  l’opinion internationale, qui a feint de n’avoir rien vu. Et c’est également, pour cette raison que le pouvoir changea de fusil d’épaule et préféra l’association FLN / RND à celle du FFS / AAV sur laquelle il avait pourtant misé au départ, pour s’en sortir de la crise de légitimité dans laquelle il s’est soudainement retrouvé, à la suite de la délégitimation brutale des dictatures arabes. Le peuple, face à cette nouvelle situation, se retrouve doublement trahi, d’abord par les partis d’opposition ayant participés au jeu de légitimation du pouvoir, par leur participation aux législatives, ensuite, par le soutien des puissances internationales, dont le tournant de l’issue de la crise joue en leur faveur.

Que restera-t-il donc au peuple comme soutien dans ces conditions, rien. Le FFS est à présent discrédité, au même titre que le RCD, pour sa compromission avec le pouvoir à l’occasion de ces dernières législatives, où le peuple lui a retiré toute la confiance dont il était investi autrefois. Désormais, il ne pourra compter que sur sa propre détermination et sa volonté de poursuivre son refus de la fatalité, de la résignation et de la soumission, par la révolte permanente, la désobéissance civile et son auto-organisation en assemblées citoyennes, seules perspectives possibles pouvant lui permettre de faire émerger de nouvelles forces politiques pouvant le représenter et lui restituer sa dignité de peuple libre. Il lui faudra redoubler d’imagination pour réorganiser la contestation et contourner la répression. Car, le rétablissement de la légitimité politique et de la souveraineté populaire ne pourra s’accommoder du renoncement fataliste, de la démission du combat pour la liberté en faveur de la laideur de l’existence, de la disposition à l’obéissance et à la dépendance par le refuge dans l’alibi du destin, qui lui fait croire que les événements sont fixes par la puissance divine.

Youcef Benzatat

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Moudjahed2012

Le peuple ne fera rien et n'ira nulle part, il est chez lui ! ce sont les imposteurs et les planqués qui s'enfuiront d'eux même.

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omar attourki

Et pourquoi les sahraouis ne voteraient-ils pas?ils sont Algériens de droit comme toi-

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