Comment décoloniser l’indépendance algérienne ?

Aucun de ces présidents n'est arrivé au pouvoir avec une élection propre.
Aucun de ces présidents n'est arrivé au pouvoir avec une élection propre.

Qu’est-ce que cinquante ans par rapport à deux millénaires et demi depuis la naissance de la démocratie en temps que modèle d’échanges entre individus dans un groupe humain déterminé ?

C’est tout et rien du tout en même temps. C’est le temps qui a permis à la Grèce de Périclès d’asseoir la démocratie, du moins la liberté d’expression qui dans la durée des siècles a réalisé les plus grands miracles humains dans les sciences et la culture qui fait qu’aujourd’hui un homo sapiens, juste en se réveillant le matin, il peut voir et écouter aussi un semblable en train de se redresser de son lit à des milliers de kilomètres plus loin. Capable encore de faire parvenir la connaissance et les richesses dans le même éloignement mais de faire des catastrophes aussi sur la même distance.

Bref, dans une bonne part, dans les marges décisives de l’action humaine, le principe de la démocratie a souvent été prépondérant pour le développement des communautés. Mais pour ce qui nous concerne, nada ; parce qu’en cinquante ans d’indépendance, l’Algérie "démocratique et populaire" s’est laissé faire vivre une extraordinaire et ridicule épopée. Nous ne sommes peut-être plus colonisés depuis ce demi-siècle, mais nous sommes capables – et tous las Algériens et les Algériennes le ressentent profondément - de plus poignant dans la contestation que nos voisins dans le monde dit arabe mais inaptes en même temps de planter un kilo de patates avec de la semence de chez nous.

La fuite en avant par l’urne

Nous avons voté pour Ben Bella, Boumediene, Chadli, applaudi Boudiaf et Zeroual, accepté Bouteflika, nous avons été à toutes les urnes, pour revenir à chaque fois plus bas que le piémont : à l’exportation de nos fruits et légumes avant le coup d’Etat de 1965, nous importons les allumettes du Pakistan, aujourd’hui. Je dois taire le nom d’un grand historien, disciple d’Ageron, parce qu’il est encore de ce monde, qui m’a dit un jour à Paris "votre tragédie est que vous ne savez pas comment nationaliser votre indépendance, vous êtes en train de la recoloniser de vous-même. Le plus sot des observateurs qui vous regarde ne réfléchit pas beaucoup pour comprendre que vous ne voulez pas de l’indépendance alors que vous avez tous les moyens pour décider" - nous avons convenu que l’ensemble de l’enregistrement de notre entretien soit rendu public après sa mort. Hélas, nous nous laissons subir les adversités inutiles plus que ne le puit le héros de la mythologie du rocher et de la montagne. Kateb et Issiakhem, chez le premier au Centre familial de Ben Aknoun, nous entretenaient de la "malédiction de l’incurie prétentieuse et paranoïaque" en référence au régime de Boumediene. Je me rappelle un matin circulant dans une excavation de la rue Tanger à Alger avec le grand peintre à la recherche d’une adresse ; je regardais vers un côté les enseignes et âmi M’hamed de l’autre, arrivés sur un coin, il lève la tête et son seul bras pour me monter le haut d’un magasin en me disant : "Lis-moi ça, c’est écrit en vermicelle !" Je suis de la dernière génération qui n’a pas été chopée par l’arabisation mais qui se débrouille quand même dans cette langue. C’était pendant la période où les ministres faisaient des cours d’arabe accélérés pour ne pas subir la foudre de guerre de Mohamed Boukharouba qui faisait strictement interdire de parler kabyle dans l’enceinte du ministère de la Défense. Enfin.

La démocratie derrière le bluffe

Où en sont exactement les choses aujourd’hui quand tout nous bluffe de part et d’autres de nos frontières et çà et là dans les grandes métropoles arabes ? D’abord les Algériens lisent de moins en moins la presse des buralistes et ne regarde pas la télévision du Boulevard ; ils s’installent tranquillement devant leur moniteur et leur écran de télé pour naviguer dans les journaux en ligne et zapper sur les chaînes étrangères. Tandis que nombres de citoyens ont définitivement cessé de croire en la démocratie depuis le brigandage sur la Constitution pour un troisième mandat présidentiel. Sans exception, tous les partis, actifs ou en rade, ne vont dans les consultations que pour des profits de personnes et de clans et les fractions électorales le comprennent formidablement. Car elles savent que le démocratie ne se résume pas au seul concours arithmétique d’ensembles de voix nécessaire et suffisant, dans une communauté donnée, pour dire la garantie d’un meilleur destin partagé. S’il faut une majorité victorieuse dans quelque suffrage qui soit, elle n’a pas le droit d’inaptitude de pouvoir d’essor parce que la règle de jeu dans le principe exige que son devoir est de donner les meilleures espérances pour tout le monde, même aux forces qui s’opposent à elle.

Le miracle de la science qui permet aujourd’hui, entre autres prodiges dans l’intelligence, un système de communications en ligne où les lecteurs cette fois se rencontrent pour débattre, au travers d’un article de presse ou d’une communication de savoir particulier, en temps réel, ne peut pas ne pas interpeller sur des formes de responsabilité, et donc de gouvernance, se résolvant carrément dans les espaces les moins dangereux de la modernité. Parce qu’il est difficile de concevoir l’idée d’un quelconque bouleversement dans le modèle d’existence d’un groupe humain, d’une nation tout entière, quand les bases économiques sont bâties sur une illusion confortant le pouvoir de ses dirigeants.

L’économie algérienne est un monstre

Notre pays est dans ce lot qui vit une situation de monstruosité sur l’entendement quand une infime partie de la population suffit à elle seule à la quasi-réalisation des avoirs intelligibles de l’Etat. Il est anormal que juste deux pour cent de la masse laborieuse nationale participent du produit national brut. Et c’est précisément que nous ne devons pas nous arranger avec le système de gouvernance actuel et du passé depuis l’étatisation des gisements sahariens puisqu’il ne fait aucun effort qualifiable et quantifiable pour sortir l’Algérie de cette infâme situation.

Rester tranquille et continuer de permettre la définition nationale sur le cours du brut revient à se résigner dans le forfait en se désignant comme complice passif dans la déconfiture du devenir même de la nation, entreprise comme un bien héritée au profit de catégories de citoyen qui ne font absolument rien de positif pour réparer les dégâts. Dont les conséquences pour le proche avenir, sans doute aucun, pour demain ou après-demain, ne peut ouvrir que sur de rudes affrontements entre les populations exclues qui n’acceptent plus ce schémas et les dirigeant inaptes au changement.

Et sur ce point, pour dire clairement les choses, la "guerre civile" ne veut absolument rien dire si elle ne laisse pas entendre tout simplement la guerre quand le souveraineté légitime est remise en question. Ben Boulaïd ou Si El-Haouès n’ont pas fait des cours par correspondance auprès de West Point pour faire la guerre au joug colonial qui se masquait derrière les soldats de l’occupation.

Il n’y a pas de heurt social utopique, les populations ne sortent pas dans les rues pour simplement impressionner les forces qui les diligentent et le monde qui nous regarde mais d’avertir sur une déroute, une déconfiture. C’est sage de penser qu’une journée de grève générale est plus probante sur le plan de la contestation nationale que toute une semaine de sabotage urbain. Une quinzaine de jours de débrayage dans les gisements sahariens, c’est le pouvoir dans sa majesté factice qui claque les dents en préparant ses valises. Mais qui peut-il avoir la pudeur de parler de sagesse en Algérie quand le smig justifie à peine les factures domestiques, le lait, le pain et deux livres de pomme de terre par jour ?

Pendant que les étrangers que nous intéressons et qui bricolent sur nos revenus, ils adorent les mots qui tournent autour des paradigmes du concept révolutionnaire afin d’asseoir des relais médiatiques et diplomatiques dans le but unique de nous bien caviarder en flattant nos dirigeants, qui dès lors sont capables de toutes les félonies.

Nadir Bacha

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Commentaires (7) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Demandez à la France, c'est elle qui a placé ces Marocains en 1962 avec les adjudants algériens sous les drapeaux français, Larbi Bechar, Nezzar et leurs semblables, à la tête de l' Algérie "indépendante" après avoir éliminé tous les authentiques libérateurs à commencer par Abane la tête pensante de la révolution en 1957; en passant par tous les autres révolutionnaires authentiques

Amirouche, Lhaoues, Ben Mhidi et en terminant même la sale besogne après 1962; sous Ben Bella le marocain sous Boukharouba et sous le choux blanc en éliminant le reste des baroudeurs qui ont libéré le pays de Fafa à l'image de Khemisti, Chabani, Krim, Khider et tous les autres pour clore la sentence en 1991 avec Boudiaf. Mission accomplie, pour les traitres installés par De Gaulle en 1962, tous ceux qui étaient les baroudeurs et précurseurs de la révolution sont passés à la trappe, seul Ait Ahmed a échappé en s'exilant, le sale boulot a été fait par les serviteurs de le France, entre Marocains et renégats algériens non par l'ex-puissance coloniale, nous y sommes toujours !

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samir tazlaoui

Quand je vois la photo en haut j'ai envie d’être un kamikaze, j'offrirai ma vie au peuple algérienne, et je tire le file.. Comme ça j'élimine 4 traîtres.. peut-être que l'Algérie sera mieux... L'Algérie mon amour, je suis triste à cause d'eux y a des milliers de jeunes qui sont fi elgourba ... allah édjib elkhir

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