L'affaire Badaoui éclaire sur l'inquiétude et la détermination du régime d'Alger

L'affaire Badaoui éclaire sur l'inquiétude et la détermination du régime d'Alger

Ils sont venus en escouade, comme s'il s'agissait d'appréhender un dangereux terroriste . Samedi dernier, en début de soirée, Ahmed Badaoui, l’ex-secrétaire général du syndicat des douanes, a été arrêté près de son domicile à Tixeraine. Il passe sa première nuit au commissariat central et le lendemain, une perquisition est effectuée chez lui, à l’issue de laquelle le disque dur de son micro est confisqué.
On apprendra par Me Ben Isaâd, un de ses avocats, que Badaoui est poursuivi "pour incitation au rassemblement, outrage à corps constitué et activité dans une association non agréée”. De quoi s'agit-il en fait ? Un autre avocat, Me Zehouane explique au journal Liberté que Badaoui avait assisté à une réunion-débat sur la situation en Tunisie et les dernières émeutes en Algérie. Il allait rejoindre son domicile à Tixeraïne à bord de son véhicule quand il fut coincé par un véhicule qui s’est avéré être un véhicule de police. “On l’a informé qu’il venait de commettre un accident corporel et a causé la mort d’une petite fille et qu’il devait les suivre au commissariat”, précise Me Zehouane avant d’ajouter que c’est au niveau du commissariat central qu’il a été informé du motif de son arrestation : “complot pour renverser l’état algérien” ,et ce, sur la base des SMS envoyés à ses proches et amis où il applaudit la chute du pouvoir tunisien. “On l’a interpellé juste pour ce souhait, c’est une honte !” toujours selon Me Zehouane.
Ahmed Badaoui a passé deux jours au commissariat central. Il a été présenté, hier, devant le procureur près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs suite à l’enquête diligentée par les services de la Police judiciaire de la sûreté de wilaya d’Alger sur instruction du parquet qui s’est autosaisi de cette affaire. Autosaisi ? Voilà qui confirme que c'est bien une instruction politique qui est à l'origine de l'arrestation de Badaoui. Les motifs de l'inculpation disent le reste : « appel à la désobéissance civile, outrage à corps constitué et appartenance à une organisation non agréée"
" Appel à la désobéissance civile" à partir d'un SMS !
L’audition par le juge a duré plusieurs heures avant qu’Ahmed Badaoui, assisté par un collectif d’avocats, ne soit inculpé puis présenté devant le juge de la deuxième chambre d’instruction, qui l’a placé sous contrôle judiciaire. Il doit se présenter tous les 15 jours devant le juge.
Cette affaire confirme que le régime d'Alger est à la fois inquiet et déterminé à sévir.
Le régime sait que, inédite au Maghreb et au Mashreck, la « révolution » tunisienne va donner des idées à d’autres peuples arabes en quête de libertés. Mais il ne compte pas faire les frais de la débâcle de Ben Ali. Il va s'appuyer sur un arsenal sécuritaire qu'il vient de perfectionner et de motiver (les policiers ont vu leur salaire augmenter de 50 % avec effet rétroactif). Il n'a pas le choix : il ne peut ni tolérer une contestation qui pourrait l'emporter, ni libéraliser. " Libéraliser serait synonyme de chute de leurs pouvoirs. Les dictateurs arabes ont tous l’exemple soviétique en tête : s’ils libéralisaient leur système politique, ils risqueraient d’être emportés par une perestroïka, version arabe", dit Georges Malbrunot, un connaisseur du monde arabe. Quant au Figaro, il s'interroge : "Au-delà des luttes claniques qui tentent d'instrumentaliser la grogne populaire, que fera l'armée en cas de menace populaire contre le régime? Si les Algériens admirent l'armée tunisienne qui a protégé les manifestants contre les nervis de Ben Ali, ils sont encore traumatisés par leurs généraux qui avaient tiré dans le tas lors de la révolte d'octobre 1988, faisant plus de 500 morts. À leur pressant désir de liberté et de justice, le pouvoir n'offre, pour l'instant, qu'une alternative pessimiste: se soumettre à l'ordre autoritaire ou sombrer dans le désordre de la violence et de l'émeute."

L.M.

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Commentaires (14) | Réagir ?

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aghilas-kosseila

azul fellawn,

ou est passé mon commentaire soutien pour notre synicalste badaoui. merci. tanmirth ar timlillith.

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Kerany

Dites moi où va ce pays?

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