Mami : Le Matin est un journal online qui nous habitué du temps où on pouvait encore l'acheter en Algérie à des articles très recherchés, fouillés et des déclarations parfois inédites. On se réveillait le matin avec l'idée d'aller acheter "le Matin" pour y lire des nouvelles qui nous secouaient, certes sur un ton acerbe, et nous réveillaient chaque jour de notre léthargie au moment où le terrorisme battait son plein dans ce cher pays dont le soleil fut voilé par les obscurantistes. Ce journal était trop beau pour avoir du souffle car il s'est attaqué aux racines des maux de l'Algérie, il a fini par subir le séisme, Mr Benchicou en a payé 2 ans de sa vie et la suite tout le monde la connait.... Le courage de subsister sur le net ne nous étonne pas connaissant le caractère obstiné et résistant de son directeur et c'est tant mieux pour nous.

Le problème que soulève la lettre de Khadra est un problème de fond: peut-on retirer la lettre de cet écrivain du site tout simplement parce qu'il n'a pas supporté la critique? Y-a-t-il d'autres raisons obscures? Même si je ne suis pas d'accord avec tous les internautes, je respecte l'avis de tous, mais néanmoins je persiste à dire qu'on devrait dissocier les choses. Nous avons besoin que nos intellectuels écrivent, dénoncent, analysent les diverses situations. Nous avons besoin des intellectuels courageux qui osent dénoncer les dérives le peuple souffre, ne fait plus confiance à ses gouvernants corrompus et débiles. C'est par la critique qu'on avance, mais parfois il faut laisser sa passion de côté pour que la critique soit objective et constructive. J'entends par là, ne pas faire l'amalgame entre Khadra l'écrivain, et Khadra le militaire ou le directeur du CCA. Nous ne pouvons pas non plus le comparer à Benchicou qui est à la fois le directeur du Matin, l'écrivain et le résistant. Chacun assume ses responsabilités, chacun apporte sa pierre à notre Algérie, regardons nous en face et allons au delà de nos susceptibilités. Exorcisons la haine envers son frère, c'est cette même haine qui a fait le lit du terrorisme chez nous et nous l'avons payé très cher. Le pays a besoin de tous ses enfants, surtout lorsqu'ils ont déjà prouvé leur dévouement et bonne volonté.
A tous je dis vive l'Algérie résistante.

Real politik9085 : Mr Moulesshoul n’est pas un prophète, il est juste un écrivain, un homme, un citoyen. N’en faites pas une idole, un tribun on retournerait à nos travers. C’est fini ces adulations à la Nasser ! Obama a dit hier « I am humbled … » quelle humilié en étant l’homme le plus puissant du monde. Mr Moulesshoul a aussi droit à la critique. S’il la refuse c’est qu’il est imbu de sa personne. Il faut arrêter de nous barber dès quelqu’un écrit un livre ça y est il est au dessus du lot. Certes, il a droit au respect et la dignité mais il n’échappera pas à la critique car c’est le prix d’un homme public. Comme tout le monde, il a droit à la « vindicte » « matinale » et populaire. C’est vrai qu’en écrivant les livres il ne voit pas trop ses lecteurs mais ça gronde de l’autre coté. Il est surement au courant à moins qu’il veuille se cacher la vérité. C’est ça la démocratie. Oui la DEMOCRATIE ! Ceci dit je lui tire chapeau pour sa lettre mais brutalement il la réduit au néant, et c’est ça qui est barbant.

Ahmed Acharfiwe : Depuis son poste à Paris, je ne m’intéressais pas à ce brillant écrivain. Cependant, cette lettre qu’il a adressée à une personnalité influente du pouvoir m’a montré qu’il n’a pas changé de camp. Il n’a donc pas été apprivoisé et j’en suis ravi. Certains internautes insultent tout le monde. Je comprends la réaction de M. Khadra. Il est offusqué et il doit avoir une idée sur ce que M. Sadi a ressenti. Les insultes ne ramènent rien. Les déclarations du représentant personnel du chef de l’État, sur le phénomène des harraga a suscité une réaction virulente de M. Khadra. Sa lettre ouverte est très intéressante et aussi d’actualité. En demandant au représentant du Président de démissionner, il demande, en filigrane, à M. Bouteflika de renoncer à se présenter à la prochaine élection présidentielle. La lettre de M. Khadra responsabilise les autorités de tous les malheurs que vit la jeunesse qui ne croit plus en ses dirigeants. «Notre jeunesse ne fait plus confiance à vos promesses parce que vous ne les avez jamais tenues». Dans son analyse de la situation de la jeunesse, M.Khadra a accusé les dirigeants d’incompétents. Il a soulevé le décalage des discours politiques avec la société. L’écrivain a rappelé au représentant personnel du chef de l’État que si un responsable politique n’arrive ne pas répondre aux attentes de son peuple, il a le devoir de rendre le tablier. Il lui a rappelé qu’un discours n’est bon que lorsque il a une incidence positive sur le terrain «Il ne suffit pas d’occuper une tribune pour dominer son monde, encore faut-il le convaincre, parvenir à lui mettre la main à la pâte et le mener au bout de l’ensemble des défis que l’on est supposé relever», La conclusion de M. Khadra m’a touché au fond de mon âme. Il a décrit avec beaucoup d’élégance et de sincérité ce que j’ai toujours pensé. «Tout cerveau qui s’exile est un assassinat, tout espoir qui s’éteint est une trahison et tout aveu d’impuissance de la part d’un décideur est une catastrophe. Alors, lequel des miracles choisir: celui de la rédemption ou bien celui de la démission?».
Monsieur Khadra, votre diagnostique est tres bon et je vous en remercie.
Merci au journal Le Matin d’interdire des interventions ordurieres.

Ahmed Acharfiwe