COP21 : des espoirs ou désespoir ?

Cérémonie à New York de ratification de l'accord de la COP21
Cérémonie à New York de ratification de l'accord de la COP21

La ratification de l’accord de Paris par 175 pays au siège de l’ONU à New York le 22 avril ravive les espoirs de voir les nations œuvrer ensemble pour contrer les changements climatiques. Peut-on s’y fier ?

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, comme 174 autres représentants de leur pays, est allé au siège de l’ONU à New York signer le vendredi 22 avril les orientations adoptées à Paris dans le cadre de la COP21. Il l’a fait avec sa petite fille dans les bras. Ce n’est qu’une image. Les personnes qui sont vraiment concernées par cette signature ce seront les enfants de cette petite fille. Ce sont eux qui maudiront toutes les personnes qui auront causé les tergiversations à contrer le désastre écologique dans lequel ils devront vivre. C’est le président français. François Hollande, qui a été le premier à signer l'accord. Avec la présidente du COP, Ségolène Royal, ils pourraient très bien être vus dans les livres d’histoire comme un des couples, unis ou désunis, qui auront été les plus importants pour la survie de millions d’humains sur la planète. Mais, malgré toute la bonne foi qu’ils y mettent, réussiront-ils ?

Pour la réussite du COP21

Du côté positif, cette signature est un vrai motif de satisfaction pour la communauté scientifique qui veut arriver à la neutralité carbonée d'ici à la fin du siècle. Cette communauté internationale s'est engagée à limiter la hausse de température de la planète en dessous de 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Le sommet de la COP21 est même allé plus loin à la demande des petits pays insulaires les plus exposés au changement climatique. Le texte adopté préconise une poursuite des efforts dans le but de plafonner cette hausse à 1,5 °C.

Consciente de devoir faire un effort, l’Union Européenne a décidé de baisser de 40% ses émissions d'ici à 2030. Le Royaume-Uni a déjà réussi à réduire ses émissions de GES de 20% tout en ayant un taux de croissance de 27%. Depuis 2000, les États-Unis ont pour leur part réduit leurs émissions de 6%, alors que le PIB du pays a augmenté de 28%. Le Canada a aussi passé un accord bilatéral avec les Etats-Unis pour réduire d'ici 2025 les émissions de méthane causées par les forages pétroliers et gaziers de 40% à 45% par rapport aux niveaux de 2012. En fait, il y a déjà 21 pays qui ont décidé de s’impliquer en ce sens depuis le début du 21e siècle.

De plus, les avancées technologiques promettent toujours plus d’énergie et de transports verts. Parti d'Hawaii, l’avion solaire sans carburant fossile Solar Impulse fait tranquillement le tour du monde. Plusieurs agences spatiales motivées par celle de l’Inde tentent aussi de créer un système mondial qui surveillerait le respect des ententes sur le réchauffement climatique.

Contre la réussite du COP21

Du côté négatif, l'adoption de ce texte ne veut pas dire que les parties y adhèrent automatiquement. Il faut se rappeler que l’accord qui a mis fin à vingt ans de négociations laborieuses n’entrera en vigueur qu’une fois ratifier par au moins 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effets de serre. L'Inde qui est maintenant le troisième plus grand pollueur de la planète avec 6,7% des émissions totales de GES n’est pas très intéressé a le respecter. Les autres pays pollueurs comme la Russie avec 5,2%, le Japon avec 3% et le Brésil avec 2,3% ont tous des contraintes qui pourraient aussi limiter leur engagement en ce sens.

L’exemple vient d’en haut. Le principal émetteur actuel, la Chine, ne veut réduire ses rejets qu’après 2030, soit quand il sera bien installé à la première place économique au niveau mondial. Cela ne motive pas les Etats-Unis à accélérer le pas considérant qu’à cette date, la Chine l’égalera presque comme principal émetteur historique. Le vieux continent traîne aussi de la patte. La baisse de 40% des émissions européennes d'ici à 2030 n’a toujours pas fait l'objet d'une répartition entre les Etats membres et les négociations pourraient s’étendre jusqu’en 2018. Les pays producteurs de pétrole, quant à eux, ne montrent aucune intention de renoncer rapidement à leur exploration des nouveaux gisements de pétrole, même si les rapports successifs du GIEC affirment que 80% des réserves connues de combustible fossile doivent rester dans le sol pour que la hausse de température se maintienne en dessous de 2 C. Brefs, les structures mondiales actuelles nuisent en grande partie à la mise en place des mesures pour réduire le réchauffement climatique.

Un très bon exemple du problème que causent ces structures pour régler le problème du réchauffement climatique peut être vu dans le récent jugement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il vient de déclarer que le dispositif de soutien à l’énergie solaire en Inde était non conforme aux règles du commerce international. Ce programme qui veut installer 100 gigawatts d’énergie solaire d’ici à 2022 serait trop favorable aux entreprises locales. Ce sont les Etats-Unis qui ont traîné l’Inde devant l’OMC parce qu’il subventionne les équipements solaires fabriqués dans son pays jusqu'à ce qu’ils deviennent compétitifs face au charbon, qui fournit aujourd’hui encore près de 60% de l’électricité du pays. On voit donc ici les règles de l’OMC sur la concurrence ralentir la transition énergétique vers des énergies vertes.

Le dérèglement climatique s’accentue

Les scientifiques commencent en plus à se rendre compte que leurs évaluations étaient bien en dessous de ce qu'on voit actuellement arriver sur la planète. Cette année, la calotte glaciaire arctique a enregistré des températures beaucoup plus chaudes que prévue, allant jusqu’à 10 °C. Une température de 17,8 °C a même été enregistrée dans la ville de Kangerlussuaq, près de la calotte glaciaire. C’est une des températures les plus chaudes jamais enregistrées au Groenland depuis 1873, soit la date où a été créé un registre météo.

Des climatologues des universités du Massachusetts et de Pennsylvanie ont aussi montré en mars 2016, dans la revue Nature, que si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivaient à leur rythme actuel, le recul de la calotte glaciaire antarctique pourrait faire monter les mers d'un mètre d'ici à 2100. C’est le double de ce qui était prévu. Avec les nouveaux calculs, le réchauffement global d’ici à la fin du siècle serait de 2,7 à 3,7 °C. Chose encore pires, comme la sensibilité du climat à l'accroissement du dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère aurait aussi été sous-évaluée la hausse pourrait même aller de 5 à 5,3 °C. Une température très loin dans la zone qui entraînera des catastrophes mondiales importantes.

Comme si ce n’était pas assez, la destruction des écosystèmes n’est pas prise en compte dans la stratégie actuelle de lutte contre le dérèglement climatique. En ne faisant pas la préservation de la biodiversité, la stratégie risque donc de détruire les écosystèmes qui sont la base de la capacité de la planète à absorber le CO2.

Conclusion

Face à cette situation, il faut aussi remarquer que la signature de New York ne fait qu’ouvrir une session de négociation climatique. Les décrets d'application de l'accord de Paris doivent être définis dans une rencontre qui aura lieu du 16 au 26 mai à Bonn en Allemagne. Après, le dialogue de Petersberg sur le climat doit avoir lieu du 3 au 5 juillet à Berlin et la Climate Week aura lieu pour sa part du 19 au 26 avril, à New York. La COP22 se tiendra par la suite à Marrakech au Maroc du 7 au 18 novembre. Un long processus de négociation qui retarde d’autant l’application de règles concrètes.

Si le Jour de la Terre existe encore le 22 avril 2050, il risque donc d’être le rappel pour la génération de ce temps du manque de vision d’avenir de leurs ancêtres. En se rappelant cette signature historique, les jeunes de la deuxième moitié du 21e siècle pourraient n’y voir qu’un réveil tardif du cavalier humain sur sa monture folle qui s’apprêtait à sauter dans le précipice.

Nous ne sommes pas la première espèce qui détruit l’écosystème dans lequel elle évolue. Nous ne sommes pas non plus les seuls qui ont détruit leurs environnements mondiaux. Les plantes l’on fait avant nous en absorbant la plus grande partie de CO2 de la planète. Ils ont ainsi créé un environnement rempli d’oxygène ou évoluent actuellement ceux qui les mangent et les détruisent. L’Humain est cependant la seule espèce a pouvoir influencer suffisamment ses propres actions pour ne pas faire ce que tous les microbes font dans une boite de pétrie, soit épuiser leur environnement et mourir. La triste réalité au sujet des changements climatiques, c’est qu’il est déjà trop tard pour empêcher les importants changements qui s’en viennent. La seule chose que les humains peuvent actuellement faire, c’est de réduire pour les générations futures les effets de la cupidité humaine et de l’aveuglement politique dans les plus hautes sphères mondiales.

Michel Gourd

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Commentaires (4) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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adil ahmed

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