Algérie : le centre de décision a-t-il bougé ?

Algérie : le centre de décision a-t-il bougé ?

La question est à méditer : l’Elysée n’a-t-il pas envoyé le ministre français des Affaires étrangères dans une autre Algérie que celle qu’il espérait, c’est-à-dire celle où il suffisait de tenir le président algérien par le nombril, ce Bouteflika demandeur d’un troisième mandat ?

Rappelons-nous cette déclaration de Sarkozy de juillet 2007 : «Je crois que le président Bouteflika est devenu un ardent ambassadeur de l’Union méditerranéenne »

Et rappelons-nous, toujours en juillet 2007, cette envolée du tout nouveau ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, chargé d’annoncer deux énormes concessions à Sarkozy. D’abord la renonciation à l’exigence officielle de la repentance de la France pour ses crimes coloniaux, l’Algérie se bornant désormais à « se projeter vers le futur sans effacer le passé. » Ensuite le quitus au projet d’Union méditerranéenne « pour envisager une Méditerranée de paix et de sécurité face à toutes les menaces », applaudissant à « cette idée forte de codéveloppement que le président Sarkozy a abordée, comme par exemple ce projet de mise en place d’une banque méditerranéenne qui viendrait soutenir des projets communs aux deux rives.»

C’était le temps où il suffisait à l’Elysée de profiter du narcissisme de Bouteflika, de son manque d’épaisseur et de son envoûtement pour la France, pour mener une stratégie de reconquête coloniale et d’inféodation par ce fameux projet d’Union méditerranéenne de Sarkozy et qui n’est rien d’autre que la constitution d’un Commonwealth français sur lequel la France va prendre le leadership…

C’était le temps où l’on évitait la question qui fâche : comment, en effet, cacher à la société algérienne que participer à l’Union méditerranéenne c’est s’assoir aux côtés d’Israël ? Car l’Elysée a bien précisé, à la veille du voyage d’Alger, que l’Etat hébreu sera membre à part entière de la nouvelle organisation. « L'objectif est bien sûr que l'Union méditerranéenne regroupe tous les pays du pourtour méditerranéen (…) et je vous confirme qu'Israël est bien un pays méditerranéen. » avait affirmé le porte-parole de l’Elysée, le 9 juillet.

Sarkozy va vouloir profiter de la faillite algérienne sous Bouteflika, de la maniabilité de ce dernier pour faire avancer son grand dessein méditerranéen dont dépendent la recolonisation déguisée et la réhabilitation d’Israël.L’homme sait que le moment est propice. L’Algérie, sous Bouteflika, est devenue vulnérable, désarmée, divisée, presque soumise et, surtout, dirigée par un homme sensible aux flatteries.
Le nouveau président français veut profiter, en effet, du vide géopolitique laissé par l’Algérie depuis, en particulier l’arrivée de Bouteflika, pour asseoir son projet. Incapable d’avoir une influence régionale, incapable d’avoir une influence sub-saharienne l’Algérie de Bouteflika a ouvert un large boulevard d’opportunités à la France de Sarkozy. Alors que même durant la décennie noire l’Algérie était crainte, tant son potentiel était énorme, elle s’est trouvée subitement affaiblie par la suicidaire aliénation de Bouteflika à la France

C’était le temps où la politique algérienne de Sarkozy tenait en deux axes : d’abord flatter Bouteflika , qui souhaite un soutien franc pour un troisième mandat et, à travers lui, l’appui du lobby pro-sioniste ; ensuite s’imposer comme le maître du jeu.

Or, il semble bien que l’Algérie qu’a trouvée Kouchner ce mois de mai 2008 n’est plus celle du 10 juillet 2007 quand Nicolas Sarkozy y débarqua en pays conquis pour faire ce qu’aucun président français avant lui, n’avait osé faire à Alger : parler au nom des nostalgiques de l’Algérie française et énoncer clairement une stratégie de reconquête coloniale.

Quelque chose avait changé dans les rouages du pouvoir en Algérie qui avait rendu le contexte de cette visite d’Etat totalement différent de celui de la visite de juillet. Déplacement du centre de décision au profit du clan des généraux et des « nationalistes » ? Affaiblissement politique et physique imprévu de Bouteflika ? Sans doute tout cela à la fois. Et le résultat était là : Sarkozy ne pouvait plus compter sur l’hégémonie du président algérien pour faire avancer ses pions sur l’échiquier algérien et rééditer la conduite arrogante de juillet. Mai ne se prêtait pas aux caprices impériaux.
C’est ce qu’a découvert Kouchner.
Et c’est ce nouvel échiquier qu’il nous faut désormais observer et analyser.

Md B.

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Commentaires (28) | Réagir ?

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Laarvi

Encore cette légende de "conflit" entre boutef et les decideurs !

Mr Benchicou, n'est ce pas vous qui denonciez cette "forfaiture" dans votre bouleversant " les geôles d'alger" ?

n'est ce pas vous qui vous etonniez de ces "soudains conflits" entre les decideurs et boutef pour ensuite bien berner le peuple et l'opposition car finalement les uns sont les alliés des autres pour le Koursi ?

Je ne comprends plus vos theories contradictoires Mr benchicou !

Cordialement

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BELKHADEM

LE CENTRE DE DECISION A T IL CHANGE ?

EXCELLENTE QUESTION ET BIZARREZ A LA FOIS. QUE D ALGERIENNES ET ALGERIENS SE PREOCCUPE DE CETTE QUESTION DE SAVOIR SI OUI OU NON ELLE EST FONDEE. QUE VOULEZ VOUS QUE CELA NOUS FASSE QUE CE SOIT VRAI OU FAUX ?

Le POUVOIR A TOUJOUR A MON AVIS ETE AUX MAINS DES MEMES DEPUIS LE 05. 07. 1962 OU L ALGERIE ET SA POPULATION A ETE PRISE EN OTAGE PAR CEUX LA MEME QUI NOUS GOUVERNENT.

LAISSONS LEUR LA RESPONSSABILITE DE CE DESASTRE POLITIQUEMENT ET MAGOUILLEUSEMENT NOUS NE POUVONS RIEN MAIS BIOLOGIQUEMENT LA NATURE FERRA SON TRAVAIL ET NOUS N AURONS QU A LES RAMASSER POUR LES POUSSER DANS UN TROU DE MANIERE A CE QU ILS N EMPESTE PAS ENCORE APRES LEURS MORTS.

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