Kouchner est reparti bredouille

Kouchner est reparti bredouille

“Cette visite a été fructueuse pour moi, mais je dirai que ce n’est pas une visite réussie. Il y a beaucoup de choses qui se passent entre nos deux pays..."

Cette déclaration du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, résume on ne peut mieux la position d’Alger sur les préalables d’adhésion de l’Algérie au projet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), à savoir la reconnaissance officielle et inconditionnelle de la France des crimes coloniaux durant la guerre de Libération nationale, le Sahara occidental, la Palestine et la normalisation “souhaitable” de part et d’autre des relations avec Israël. M. Kouchner, qui a eu des entretiens avec son homologue algérien, Mourad Medelci, et le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n’a pas caché, même s’il le dit à demi-mot, les réticences de l’Algérie.
Lesquelles réticences demeurent manifestes et que Kouchner n’a réussi à lever l’espace d’une visite éclair. Hier, lors d’un point de presse organisé au salon d’honneur de l’aéroport international Houari-Boumediene d’Alger, le ministre français des Affaires étrangères a mis en valeur les transformations intervenues dans les relations algéro-françaises. “Le climat est carrément transformé ! Certes, nous avons évolué, nous sommes loin de dire que tout est réglé. Ceci dit, nous espérons que tout sera réglé dans un futur proche !” dira M. Kouchner avant de renchérir : “De toutes les manières, rien ne sera signé si l’Algérie ne signe pas au même titre que d’autres pays qui feront partie de l’UPM. Ce dernier est un pont entre les cultures, mais aussi entre ceux qui se sont heurtés dans l’histoire !” Le conférencier ira plus loin pour tenter d’encenser Alger et décrocher le “oui” de l’Algérie à ce projet, cher à la France, qui présidera l’Union européenne à partir du mois de juillet prochain. Et comme les choses pressent, M. Kouchner est prêt à remettre en cause certaines positions de la France.

En effet, interrogé sur l’installation du siège de l’UPM au Maroc et du secrétariat en Tunisie, M. Kouchner répondra tout de go : “L’organigramme n’est pas encore défini. Je démens formellement cette information. Reste la coprésidence qui sera assurée par l’Égypte, il faut savoir que toutes les hypothèses sont changeantes ! Quant aux invitations, je vous annonce que nous n’avons pas encore envoyé d’invitation à M. Bouteflika avec qui j’ai eu à m’entretenir longuement. M. Bouteflika m’a en tout cas montré toute sa disponibilité.” Mais là où M. Kouchner a aussi échoué, ce sont les trois dossiers lourds, à savoir le contentieux historique entre la France et l’Algérie, la Palestine et le Sahara
occidental.

Et même s’il a annoncé l’installation prochaine d’une commission d’experts et d’historiens pour étudier l’accès aux archives de la guerre d’Algérie, M. Kouchner n’a pas cédé sur les deux autres chapitres. Il dira à propos du Sahara occidental que “pour le moment, la solution n’existe pas. Et l’Algérie est très proche du dossier. Mais faudra-t-il attendre la fin des conflits et des guerres pour construire un projet d’intérêt commun ? Vous me parlez de la Palestine, je vous annonce que mon ami Medelci se rendra bientôt au Caire pour participer à une réunion de travail à ce sujet. Mieux, il y aura une grande rencontre entre les opérateurs du secteur privé de la Palestine et d’Israël”. Le conférencier ira plus loin : “Nos relations dans le Maghreb commencent par l’Algérie ! Au risque de me répéter, c’est un pays-clé pour l’UPM. Nous voulons la fin du conflit du Sahara occidental et la France respecte les résolutions des Nations unies. Mais vous devez savoir aussi que l’UPM n’est pas un mécanisme de concurrence du Nepad.” Sur un autre volet, M. Kouchner s’est exprimé sur la libre circulation des personnes après la mise en vigueur de l’UPM. “Ce projet (UPM, ndlr) a eu le quitus de l’Union européenne. Et la libre circulation des personnes sera posée dans le cadre des accords Schengen et qui concernent 23 pays. Actuellement, il faut l’organiser et un jour elle sera effective.

Une chose est sûre, à partir de juillet prochain, la France proposera une charte à l’UE pour tenter de mieux cerner cette question dans le cadre de l’espace européen”. Présent aux côtés de M. Kouchner, Mourad Medelci a annoncé la signature prochaine de deux accords entre la France et l’Algérie, l’un relatif à la coopération militaire et l’autre au nucléaire civil. Aux yeux de M. Medelci, “l’UPM est un projet qui a évolué et qui mérite toute notre attention, car il sera porteur d’une valeur ajoutée. L’UPM est aussi un projet qui revêt un caractère plurilatéral et toutes le pistes sont ouvertes pour identifier les intérêts des uns et des autres”.

FARID BELGACEM LIBERTE

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Commentaires (22) | Réagir ?

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lila

tout cela rappelle une situation similaire du debut du mandat du pr Bouteflika qui a coincidé avec la presidence de l'Algerie de l'ex OUA (UA). le sommet Afrique - europe que les dirigents algeriens voulaient OUA (y compris le polisario) -UE accompagné d'un enorme tapage mediatique, où on trouvait les même analyses et les même mots à savoir dignité, rang, poids, mammelles pleines, ect... et que les européens ont fermement rejeté faisant savoir qu'ils ne concevaient pas une Afrique sans le Maroc. et finalement, le pr bouteflika a dû renoncer à son projet de faire une alliance OUA-UE qui aurait donné ipso facto une reconnaissance europeénne à la "rasd". ou quand l'Algerie s'aprêtait à presider la ligue arabe, là aussi, accrochage avec l'Egypte sur la nationalité du SG de la ligue arabe, sans resultat. mais maintenant pour être pragmatique, Israel existe bel et bien et, est reconnu par l'ONU. la resoulution onusienne 1813 sur le sahara a bel et bien été voté et est entre les mains des US qui se sont clairement exprimés sur cette question, et c'est là que reside le tournant, couverts par l'ONU bien sûr. Donc, attendons pour voir de quoi réellement il s'agit, la reunion au caire est pour le 24/05 et on sera fixé, consommation interne ou vrai problème.

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A.Mohand

Une visite de ratée pour kouchner peut être mais pas pour la France ni pour ceux qui nous gouvernent. En vérité, entre ce qui s'est dit dans l'intimité d'une rencontre et ce qu'ils ont bien voulu nous jeter dans l'agora il y a tout un océan.

La France avec son UPM et son UMP (l'anagramme n'est pas fortuite) a d'autres objectifs dans la tête que les autres pays de UE ne partagent pas, d'où le blocage qui ne dit pas son nom. de plus l'union du Maghreb ne peut se faire tant que les dirigeants de ces pays là s'enferment dans leur arabité. Entre trois loups affamés, aucune entente n'est possible, ne s'ils ne s'assiéront jamais honnêtement autour d'une table. El Kaddafi avait donc raison en se retirant et du Maghreb Arabe et monde Arabe.

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