Syrie : les rebelles prennent le contrôle d'un village proche de la Turquie

Un hélicoptère a été abattu dans la banlieue proche de Damas.
Un hélicoptère a été abattu dans la banlieue proche de Damas.

Les affrontements ont encore fait 75 morts samedi. Les insurgés ont abattu un hélicoptère de l'armée à Damas.

Les rebelles syriens se sont emparés samedi d'un village frontalier avec la Turquie après des affrontements meurtriers avec les forces du régime, dont des tirs ont de nouveau touché le territoire turc, déclenchant une riposte immédiate d'Ankara. Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad qui s'est transformée en guerre civile au fil des mois, l'armée syrienne a perdu de larges secteurs du nord du pays le long de la frontière avec la Turquie, qui sont tenus par les insurgés dans l'ouest ou sous le contrôle des Kurdes dans l'est. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles ont pris le contrôle samedi de Khirbet al-Joz, dans la province d'Idleb (nord-ouest), à 2 km de la frontière avec la Turquie, un pays qui soutient les insurgés syriens.

Situation explosive face à la Turquie

Les combats entre rebelles et soldats, qui ont fait 25 morts dans les rangs de l'armée, se poursuivaient en début d'après-midi aux alentours de ce village totalement déserté de ses 4 à 6000 habitants qui ont trouvé refuge en Turquie, indique cette organisation basée en Grande-Bretagne et qui se base sur un large réseau de militants dans le pays. C'est depuis cette même localité que l'armée syrienne a tiré un obus de canon visant des rebelles déployés à la frontière et qui est tombé en Turquie, sans faire de victime. Cet incident a cependant déclenché un tir de représailles de l'armée turque. L'obus syrien a atterri sur un terrain vague à 50 m de la frontière et 700 m du village turc de Güveççi. L'armée turque a riposté par quatre salves de mortier. Depuis le grave incident survenu mercredi qui a coûté la vie à cinq civils turcs dans un autre village frontalier, la Turquie répond systématiquement par des tirs d'artillerie aux tirs syriens touchant son territoire, accentuant les tensions entre Damas et Ankara et ravivant les craintes d'une propagation du conflit syrien. Signe de ces crispations, l'agence officielle Sana a annoncé samedi que l'armée syrienne avait tué à Alep (nord) quatre "terroristes" turcs combattant dans les rangs des rebelles. Dans la terminologie officielle, le mot "terroriste" désigne les rebelles.

Bachar al-Assad passe à la TV

Alors que les violences font rage dans le pays où plus de 31 000 personnes dont une majorité de civils ont péri en près de 19 mois, le président Bachar al-Assad a effectué une rare apparition en public samedi matin à Damas, selon les médias officiels syriens. La télévision l'a montré serrant la main de hauts responsables militaires et civils et embrassant des fillettes devant un monument aux morts commémorant la guerre contre Israël d'octobre 1973. Toujours dans la capitale, les forces de sécurité étaient déployées en nombre dans le quartier de Mouhajirine (nord) et perquisitionnaient maison par maison, selon l'OSDH. Ailleurs dans le pays, l'armée a continué à bombarder des fiefs rebelles, notamment à Alep et dans la province de Homs (centre), toujours selon l'OSDH. Dans la ville même de Homs, la troisième de Syrie, le pilonnage du quartier rebelle de Khaldiyé s'est poursuivi, et des affrontements ont éclaté lorsque l'armée a tenté d'entrer dans plusieurs zones tenues par les insurgés. Les violences à travers le pays ont fait 75 morts samedi, dont 38 soldats, 25 rebelles et 12 civils, selon l'OSDH.

Ultimatum pour les otages iraniens

Vendredi, les rebelles avaient abattu un hélicoptère de l'armée qui bombardait la Ghouta orientale, à la périphérie est de Damas, où sont basées les unités les plus organisées de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, selon l'OSDH. Un commandant rebelle a indiqué à l'AFP que des dizaines d'otages iraniens entre les mains des insurgés seraient exécutés si l'armée ne se retirait pas totalement de la Ghouta orientale, parlant d'un ultimatum expirant samedi. L'Iran, fidèle allié du régime syrien, a réclamé samedi la libération immédiate de ces Iraniens, a rapporté l'agence officielle Irna. Les rebelles accusent les otages d'être membres des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique. L'Iran a indiqué qu'il y avait parmi eux des Gardiens de la révolution à la "retraite". La Russie, autre soutien international de Damas, a livré samedi 24 tonnes de médicaments et de matériel médical à la Syrie, selon l'agence Sana.

Les rebelles abattent un hélicoptère à Damas

A la frontière turque, les tensions restent vives trois jours après la mort de cinq civils turcs dans le village d'Akçakale, mercredi, L'armée turque a une nouvelle fois riposté samedi matin à un nouveau tir d'artillerie venu de Syrie qui a frappé son territoire, cette fois dans la province de Hatay. Depuis l'incident de mercredi, la Turquie répond systématiquement par des tirs d'artillerie à des tirs syriens. L'incident de samedi s'est produit près du petit village turc de Güveççi à la frontière syrienne, précise l'agence Anatolie. Un obus de mortier est tombé dans une zone rurale et a été tiré depuis la zone syrienne voisine de Khirbet al-Joz où des combats ont lieu entre les rebelles et l'armée régulière syrienne. Alors que la situation à la frontière avait été calme vendredi matin, un tir en provenance de Syrie contre la localité frontalière turque d'Altinozu -qui n'a pas fait de victime-, a déclenché une riposte immédiate de l'armée turque.

Près de la capitale syrienne, Damas, un hélicoptère de l'armée a été abattu par les rebelles alors qu'il bombardait le secteur de la Ghouta orientale, a déclaré à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. L'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, a basé ses unités les plus organisées dans cette banlieue est de Damas.

Menace sur des otages iraniens

Un commandant rebelle a par ailleurs indiqué à l'AFP que des dizaines d'otages iraniens entre les mains des insurgés seraient exécutés si l'armée ne se retirait pas totalement de la Ghouta orientale, parlant d'un ultimatum expirant samedi. L'Iran est un fidèle allié du régime syrien. C'est la deuxième fois que les rebelles menacent de tuer leurs otages iraniens. Le 5 août, les rebelles avaient diffusé sur internet une vidéo montrant des ressortissants iraniens enlevés à Damas, les accusant d'être membres des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien. L'Iran affirme qu'il s'agit de pèlerins mais a admis qu'il y a parmi eux des militaires à la "retraite". A la mi-septembre, le chef des Gardiens de la révolution, le général Mohammad Ali Jafari, avait déclaré que des "conseillers" militaires de la force Qods, unité d'élite chargée des opérations extérieures, se trouvaient en Syrie pour des "conseils" mais que cela ne signifiait pas "une présence militaire" de l'Iran en Syrie.

95 personnes tuées vendredi

Ailleurs, l'armée poursuivait ses bombardements des bastions rebelles, notamment à Homs (centre). Le quartier de Khaldiyé a subi les bombardements les plus violents en cinq mois de la part des forces du régime, selon l'OSDH. A Alep, deuxième ville du pays que se disputent rebelles et forces gouvernementales depuis la mi-juillet, des combats ont fait rage dans le quartier d'Arkoub (est), selon un journaliste de l'AFP. En banlieue de Deir Ezzor, au moins 12 soldats ont été tués dans l'attaque d'un barrage, a indiqué l'OSDH. Au moins 95 personnes, dont 37 soldats et 35 civils, ont péri dans les violences à travers la Syrie vendredi, selon un bilan provisoire de cette ONG.

"On veut des armes, pas des déclarations"

Comme chaque vendredi, des milliers de personnes ont manifesté contre le régime à travers la Syrie, réclamant ce jour "des armes, et non pas des déclarations, pour assurer la protection de nos enfants". Les manifestants faisaient allusion à la condamnation,par le Conseil de sécurité de l'ONU, jeudi soir, du bombardement par la Syrie du village turc frontalier qui a tué 5 civils. Les manifestations ont lieu chaque semaine depuis le début de la révolte en mars 2011, mais sont devenues moins importantes au fil des mois en raison de l'escalade des violences. Dans la région d'Alep, des centaines de jeunes dont des enfants ont manifesté dans la ville kurde de Koubani, arborant des drapeaux kurdes et ceux de la Révolution syrienne, selon une vidéo diffusée par des militants sur YouTube.

A Alep même, plusieurs groupes d'une centaine de personnes dont des enfants ont défilé dans les quartiers sud. Encadrés par des hommes de l'ASL, ils criaient "le peuple veut la fin du régime" et appelaient à l'unité entre les factions rebelles. Dans la capitale, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à Barzé (nord-est), selon une autre vidéo sur YouTube. "Le peuple demande qu'on arme l'ASL", criaient des centaines d'hommes à la sortie d'une mosquée à Hilfaya, dans la province de Hama (centre). Par ailleurs, un petit mouvement regroupant des alaouites syriens, minorité dont est issu le président Assad, a appelé sa communauté à se joindre à la révolte.

AFP

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