Alep : des missiles sol-air Manpads pour les rebelles de l'ASL

Alep résiste à l'offensive de l'armée du régime.
Alep résiste à l'offensive de l'armée du régime.

Les tirs d'artillerie et les avions de combat de l'armée syrienne ont pilonné dans la nuit de mardi à mercredi Alep pour tenter de prendre le contrôle de certains quartiers tombés aux mains des opposants au président Bachar al Assad.

Dans la journée, un journaliste de Reuters a entendu pour la première fois depuis plusieurs jours des hélicoptères tirer à l'arme lourde sur la partie Est de la ville, provoquant un important dégagement de fumée noire dans le ciel. A la nuit tombée, de fortes explosions ont retenti près de cette ville de 2,5 millions d'habitants, où les combats font rage entre forces rebelles et armée régulière depuis le 20 juillet dernier.

Au moins une dizaine de salves d'obus ont déchiré le ciel et recouvert l'appel à la prière, selon des journalistes de Reuters présents sur place. La bataille d'Alep, poumon économique du pays, est devenu un enjeu de taille pour les deux camps plus de seize mois après le début des manifestations hostiles au régime. 

Circuit d'approvisionnement en armes

Selon NBC News, l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils, a reçu une vingtaine de missiles sol-air qui ont été acheminés via la Turquie, dont le gouvernement de Recep Tayyip Erodgan appelle ouvertement au départ de Bachar al Assad. Selon certaines sources gouvernementales américaines, plusieurs pays arabes, dont l'Arabie saoudite et le Qatar, ont appelé à plusieurs reprises ces derniers temps à fournir des missiles sol-air, dits Manpads, aux rebelles.

Le circuit d'approvisionnement des rebelles de l'ASL est large. Le pourtour de la mer Noire, où l'Ukraine, la Bulgarie et la Roumanie détiennent toujours des arsenaux datant de l'ère soviétique, apparaît comme une plaque-tournante cruciale pour les réseaux d'approvisionnement en armes et munitions des insurgés  qui utilisent également la frontière irakienne comme point de passage. Des officiers de l'Armée syrienne libre (ASL) et des spécialistes du renseignement maritime notent aussi que les chaînes de réapprovisionnement des insurgés syriens sont fragiles et que la rébellion ne fait entrer pour l'essentiel que des armes légères.

Le financement serait toutefois assuré par des Saoudiens et des Qataris fortunés agissant à titre privé, selon une source d'une service de sécurité confirmée par des partisans en exil de l'opposition syrienne.

De leur côté, les pays occidentaux et les puissances régionales, s'ils fournissent du matériel de communication, démentent en revanche toute implication dans les réseaux d'armement des insurgés mais les surveillent étroitement afin de repérer leur destination finale et de faire en sorte que des armes puissantes, comme des missiles sol-air, ne finissent pas entre les mains de groupes djihadistes par exemple.

Quartier par quartier

Les  combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) ont enregistré de nouveaux succès en prenant le contrôle de trois commissariats de police à Alep, capitale économique du pays et théâtre de combats sans précédent depuis le 20 juillet.

Au moins 61 personnes ont été tuées dans les violences à travers le pays, dont 40 policiers lors de ces assauts menés par des "centaines de rebelles" à Alep, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le chef d'un des commissariats, le général Ali Nasser, qui a participé, selon les rebelles, à la répression de la révolte lancée en mars 2011, et un autre policier ont été tués. L'officier gisait sur la chaussée en T-shirt blanc, son corps transpercé de balles.

L'objectif des forces rebelles est d'atteindre progressivement le centre-ville, quartier par quartier, un objectif atteignable "d'ici quelques jours, et non quelques semaines", a déclaré un commandant rebelle à Reuters. Les insurgés affirment avoir pris le contrôle d'un parc urbain qui s'étend des quartiers est aux quartiers sud-ouest.

Face à la crise humanitaire en Syrie, l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) a tiré la sonnette d'alarme mardi, estimant qu'il faudrait au moins un demi-milliard de dollars (400 millions d'euros) pour répondre aux besoins de la population. "Nous appelons à augmenter les efforts humanitaires et la coopération entre les organisations internationales et régionales pour apporter une aide d'urgence au peuple syrien, en Syrie et dans les pays voisins", a déclaré Ekmeleddin Ihsanoglu, qui dirige cette organisation forte de 57 membres. "Le montant de l'aide nécessaire pour la Syrie est de 500 millions de dollars", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse au siège de l'OCI

En exil, l'opposition syrienne étale ses divergences. Au Caire, l'opposant Haytham al-Maleh, 81 ans, a annoncé avoir été chargé par une coalition de Syriens "indépendants" de former un gouvernement en exil qui sera basé au Caire, une décision critiquée par le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.

Yacine Ayache/agences

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