Algérie : fondements politiques et socio-économiques de 1962 à 2012

Quelques-uns des présidents algériens.
Quelques-uns des présidents algériens.

Algérie va fêter le 05 juillet 2012, cinquante années d’indépendance politique après une longue colonisation française. Lors du référendum d’autodétermination de l’Algérie où les électeurs ont eu à se prononcer par "oui" ou par "non" sur la question suivante : "Voulez vous que l'Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962". Le "Oui" l’emporte par 99,72 %. La France reconnait l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet et celle-ci est proclamée le 5 juillet 1962.

Cette présente contribution se propose de tracer la dynamique historique de 1962 à 2012 en insistant sur les évènements socio-économiques qui a connu plusieurs dirigeants. Ahmed Ben Bella (1962 à 1965), Houari Boumediene (1965 à 1978), Rabah Bitat (par intérim 1978 à 1979), Chadli Bendjedid (1979 à 1992), Abdelmalek Benhabylès (par intérim) du 11 janvier au 14 janvier 1992, Mohamed Boudiaf (1992), Ali Kafi (président du HCE 1992 à 1994), Liamine Zeroual (1994 à 1999) et Abdelaziz Bouteflika (1999 à aujourd'hui). Suite à ma contribution certainement imparfaite "histoire de l’Algérie de la période des Numides, IVe siècle avant J.-C à 2012", cette partie se propose d’analyser les fondements historiques des politiques socio-économiques de l’Algérie de juillet 1962 à juin 2012.

1. La période 1962/1979, le socialisme à l’algérienne

Rappelons que de septembre 1958 à janvier 1960 Ferhat Abbas a été président du GPRA, Benyoucef Benkhedda d’août 1961 à juillet 1962, Abderrahmane Farès de juillet 1962 à septembre 1962 président de l’exécutif provisoire algérien et à nouveau Ferhat Abbas du 20 septembre au 25 septembre 1962 président de l’Assemblé nationale constituante (ANC). Et c’est sous cette période qu’éclateront des conflits entre ceux de l’extérieur (localisés à Oujda notamment et accessoirement à Tunis) et l’intérieur qui en fin de compte aboutiront à la victoire de ceux de l'extérieur, et la prise du pouvoir. D’ailleurs l’armée que dirigeait Boumediene s’est opposée au gouvernement provisoire de la république algérienne GPRA lors des accords d’Evian. L’Assemblée nationale Constituante est élue le 20 septembre 1962 et Ben Bella devient secrétaire général du bureau politique du FLN en avril 1963. La Constitution sera approuvée le 08 septembre 1963 par référendum et le 15 septembre 1963 Ben Bella est élu Président de la République algérienne, poste qu’il cumule avec le poste de premier ministre, et secrétaire général du FLN. Le congrès du parti du FLN tenu du 16 au 21 avril 1964 connu sous le vocable la charte d’Alger stipulera que l’autogestion est le principe d’organisation sociale et que le FLN ne doit être ni un parti de masses, ni un parti d’élites, mais un parti d’avant-garde, les ouvriers, les paysans pauvres et les militants révolutionnaires étant la composante sociale du parti afin de confirmer dans les faits l’option socialiste du pays par la nationalisation du commerce extérieur, des banques et des transports.

C’est sous cette période dont il appartiendra aux historiens de nous éclairer sur l'exécution du colonel Mohamed Chabani, le 3 septembre 1964. Par la suite, le clan d’Oujda sur lequel s’est appuyé Ben Bella pour accéder au pouvoir commence à être éliminé. Medeghri quitte le poste de ministre de l’Intérieur, Kaid Ahmed renonce au poste de ministre du Tourisme, Chérif Belkacem est limogé comme ministre de l’Orientation, qui regroupait l’information, l’éducation nationale, Abdelaziz Bouteflika est limogé de son poste de ministre des Affaires étrangères le 28 mai 1965 à la veille de la conférence afro-asiatique.

Ben Bella signe un accord le 16 juin 1965 avec le Front des forces socialistes. Pendant les négociations Aït Ahmed était en prison, ce qui entraînera des tensions et élargit son contrôle sur des ministères stratégiques. Le 19 juin 1965, Ben Bella est destitué par un coup d’Etat par le colonel Mohamed Ben Brahim Boukharouba, dit Houari Boumediene entouré d’un conseil de la Révolution dont certains joueront un rôle déterminant, dont Abdelaziz Bouteflika, d’autres plus nombreux un rôle accessoire. Houari Boumediene est Président assisté de 25 membres que je citerai par ordre alphabétique : Abid Said, Bencherif Ahmed, Bensalem Abderrahmane, Boumaaza Bachir, Draia Ahmed, Mahsas Ahmed, Mohammedi Said, Soufi Salah, Zbiri Tahar, Belhouchet Abdallah, Bendjedid Chadli, Boudnider Salah, Bouteflika Abdelaziz, Kaid Ahmed, Medeghri Ahmed, Mohand Ould Hadj, Tayebi Larbi, Benahmed Mohamed Abdelghani, Benhaddou Bouhadjar, Boudjenane Ahmed, Cherif Belkacem, Khatib Youcef, Mendjeli Ali, Moulay Abdelkader, Yahiaoui Mohamed Salah. Surtout après la tentative du coup d’Etat du colonel Z’biri assisté de plusieurs officiers en 1967, Boumediene concentre entre ses mains tous les pouvoirs et légifère par ordonnance. C’est sous cette période que décéderont des historiques comme Krim et Khider, Medegheri, Saïd Abid, les colonels Chabou, Abbès, que s’exileront Boudiaf, Aït Ahmed ou placés en résidence surveillée Benkhedda et Ferhat Abbès.

Il était président du Conseil de la Révolution, chef de l'Etat, chef du gouvernement, ministre de la Défense, partisan de l'organisation monopolistique du parti-Etat et de l'idéologie socialiste. C’est le discours du sursaut révolutionnaire du fait que l’Algérie serait au bord de la faillite. Il fallait la redresser, grâce à un pouvoir fort qui résiste aux évènements et aux hommes, à travers trois axes, la révolution industrielle, la révolution agraire, et la révolution culturelle, en prenant comme base le plan économique du programme de Tripoli qui repose sur la dominance du secteur d’Etat, comme fer de relance de l’économie nationale, à travers les grosses sociétés nationales. Ceux sont les discours triomphants de construction des usines les plus importantes du monde, du bienfait de la révolution agraire, garantie de l’indépendance alimentaire, de l’école et de la santé pour tous et de la promesse solennelle que nous deviendrons à horizon 1980 le Japon de l’Afrique avec les lancements du plan triennal 1967-1969, du premier quadriennal 1970-1973 et du second quadriennal 1974-1977. Rappelons-nous ces discours de la vertu des fameuses industries industrialisantes et au niveau international l’Algérie leader du nouvel ordre économique international sans sa lutte contre l’impérialisme cause fondamentale du développement du sous-développement. Durant cette période Houari Boumediene sera élu dans le cadre du parti unique président de la République du 10 décembre 1976 au 27 décembre 1978 date de son décès après une longue maladie. L’intérim sera assuré par Rabat Bitat du 27 décembre 1978 au 9 février 1979.

2. De la période 1979/1990 et la crise économique de 1986

Après des luttes de pouvoir pour la succession de Boumediene entre deux militaires, le colonel Mohamed Yahiaoui qui coordonnait le FLN et Bouteflika, ancien officier de l’ALN, le colonel Chadli Benjedid, commandant de la 2ème région militaire (Oranie) candidat unique, homme de compromis, le primus interpares, l'officier le plus ancien dans le grade le plus élevé au sein de l’institution militaire, seul organe de décision, est élu le 9 février 1979 comme 3ème président de la république tout en cumulant la fonction de président du FLN. Il aura deux autres mandats du 7 février 1984 au 22 décembre 1988 et du 22 décembre 1988 au 11 janvier 1992, date de sa démission. Il aura pour la première fois des chefs de gouvernement qui seront le colonel Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, ancien membre du Conseil de la révolution du 08 mars 1979 au 22 janvier 1984 lui succèdera Abdelhamid Brahimi du 22 janvier 1984 au 5 novembre 1988. Conséquence de la crise économique de 1986, Mouloud Hamrouche, secrétaire général à la présidence de la République, du 09 septembre 1989 au 05 juin 1991 le père des réformes économiques, lui succèdera. C’est sous magistrature que fut libéré le président Ben Bella emprisonné du 19 juin 1965 jusqu’en juillet 1979 et assigné à résidence jusqu’à octobre 1980 date de sa libération

En 1980, lors d’une réunion extraordinaire du comité central du FLN, nous apprenons que cette expérience a échoué. Du fait de la compression de la demande sociale durant la période précédente et surtout grâce au cours élevé du pétrole, du cours du pétrole, les réalisations porteront sur les infrastructures, la construction de logements et l’importation de biens de consommation finale avec le programme anti-pénurie et la construction sur tout le territoire national des souks fellahs. L’Algérie ne connaît pas de crise économique selon les propos télévisés du Premier ministre Brahimi qui touchait en ces moments les pays développés avec un baril en termes de parité de pouvoir d’achat 2010, équivalent à 80/90 dollars. C’est alors l’application mécanique des théories de l’organisation, car les grosses sociétés nationales ne seraient pas maîtrisables dans le temps et l'espace. Mais la population algérienne contemple, en 1986, l’effondrement du cours du pétrole, les listes d'attente et l'interminable pénurie : et c’est toujours la faute de l’extérieur. Et voilà que nous avons un autre discours : les Algériens font trop d’enfants, ne travaillent pas assez. L’on fait appel à la solidarité de l’émigration que l’on avait oubliée. Il s’ensuit l’effondrement du dinar dont on découvre par magie que la parité est fonction du cours du dollar et du baril de pétrole et non au travail et à l’intelligence seules sources permanentes de la richesse. On loue alors les vertus du travail, de la terre, l’on dénonce les méfaits de l’urbanisation, du déséquilibre entre la ville et la campagne, la priorité devant être donnée à l’agriculture dont on constate le niveau alarmant de la facture alimentaire. Et c’est le slogan de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et au moment qu’il faut, thème reproduit également aujourd’hui, à usage de consommation interne, avec une libéralisation anarchique.

Octobre 1988 conséquence de la crise de 1986 qui a vu s’effondrer les recettes d’hydrocarbures de 70% contredit ces discours populistes avec la naissance d’une nouvelle constitution en 1989 qui introduit des changements fondamentaux dans notre système politique qui avait un caractère monocratique en consacrant l’existence du multipartisme, conférant ainsi à notre système politique un caractère pluraliste du moins dans les textes. Sur le plan économique, entre 1989-1990 c’est l’application des réformes dues en grande partie à Mouloud Hamrouche avec l’autonomie de la banque centrale, l’adoption de la loi sur la monnaie et le crédit, la tendance à la convertibilité du dinar, la libéralisation du commerce extérieur, une tendance à l’autonomie des entreprises et l’appel, très timidement, à l’investissement privé national et international sous le slogan secteur privé facteur complémentaire du secteur d’Etat. Après le socialisme spécifique, c’est de l’économie de marché spécifique à l’algérienne avec la dominance du secteur d’Etat soumis à la gestion privée, des lois portant autonomie des entreprises publiques. Comme suite logique de la dominance rentière depuis l’indépendance politique, sans mécanismes de régulation clairs, cette libéralisation non maitrisée en reconnaissant que les conservateurs ont détourné l’esprit des réformes initiées par le courant réformiste minoritaire, qui sera de courte durée sar s’attaquant à de puissants intérêts de rente, favorisa les rentes spéculatives au dépend du capital productif. Sur le plan culturel on assiste à la naissance de la presse indépendante. Sur le plan politique c’est l’ouverture avec la naissance de bon nombre de partis dont le FIS mais surtout des micros partis, une famille pouvant fonder un parti. Ce sera pour la première fois des élections législatives pluralistes où Sid Ahmed Ghozali est nommé chef de gouvernement du 05 juin 1991 au 08 juillet 1992 qui organisera ces élections.

Les élections législatives de décembre 1991 ont vu le Front Islamique du Salut l’emporter mais avec une très faible participation. Le processus électoral sera interrompu et il est mis en place le 14 janvier 1992 par le Haut conseil de sécurité (HCS) représentant le haut commandement militaire le Haut comité d’Etat (HCE) qui est un organe en charge provisoire de la gestion de l'État, une présidence collégiale de transition avec la démission (certains parleront de coup d’Etat déguisé) du président Chadli Bendjedid après plus d’une décennie de pouvoir.

3. La période 1990/1999, crise politique et crise économique

Le procès est fait cette fois à la décennie noire de 1980/1990. L’intérim sera assuré par Abdelmalek Benhabylès du 11 janvier au 14 janvier 1992. Le 16 janvier 1992, Mohamed Boudiaf est rappelé en Algérie pour devenir le président du Haut Comité d’Etat en charge provisoire des pouvoirs de chef de l'État. Il est assassiné six mois plus tard, le 29 juin 1992, lors d'une conférence des cadres qu'il tenait dans la ville d’Annaba. Son remplacement sera assuré par un autre membre du HCE, du 02 juillet 1992 au 30 janvier 1994 avec parallèlement, un Conseil Consultatif faisant œuvre de parlement désigné, le colonel Ali Kafi lui-même membre du HCE, ancien officier de l’ALN qui en août 1956, a fait partie de la délégation de la wilaya II du congrès de la Soummam, représentant militaire, puis colonel, et enfin commandant de la wilaya de 1957 à 1959. Durant la crise de l’été 1962, il soutient le Gouvernement provisoire de la République algérienne GPRA de Benyoucef Benkhedda face au bureau politique du FLN Ben Bella. Et c’est pendant près de 10 ans l’Algérie sera confrontée à une guerre fratricide, inégalée depuis l’indépendance, avec plusieurs centaines de milliers de morts, avec des destructions massives d’infrastructures se chiffrant à des dizaines de milliards de dollars, et la liste interminable de chefs de gouvernement et de ministres, changement successif dû à la profonde crise qui secoue le pays.

L’on rappellera Belaid Abdesselam comme chef de gouvernement le père de l’industrie lourde des années 1970 ancien ministre de l’Energie et de l’Industrie puis ministre des Industries légères durant toute la période du président Houari Boumediene du 8 juillet 1992 au 21 aout 1993. Il prônera l’économie de guerre mais avec son départ rapide du fait de la cessation de paiement. Lui succèdera Rédha Malek porte-parole de la délégation algérienne aux négociations des accords d’Evian de mai 1961 à mars 1962 et en 26 avril 1992 président du Conseil consultatif national CNT du 21 août 1993 11 avril 1994 qui signera l’accord de rééchelonnement avec le FMI, démissionnant tout juste après, l’Algérie étant en cessation de paiement n’ayant pas de quoi acheter un kilo de farine, alors que certains responsables politiques clamaient haut et fort à la télévision et dans la presse que l’Algérie n’irait pas au rééchelonnement. Les accords avec le FMI verront une baisse drastique de la valeur du dinar qui sera dévaluée. La période qui suit verra un chef d’Etat le général Liamine Zeroual du 30 janvier 1994 au 16 novembre 1995 avec un parlement de transition à savoir le CNT (conseil national de transition) combinaison d’associations et de partis politiques et un nouveau chef de gouvernement, Mokdad Sifi du 11 avril 1994 au 31 décembre 1995. Viendront les élections de Liamine Zeroual comme président de la République 16 novembre 1995 qui verra deux chefs de gouvernement, Ahmed Ouyahia du 31 décembre 1995 au 15 décembre 1998 qui pratiquera l’ajustement structurel avec des effets sociaux douloureux suite au programme du FMI et Smaïl Hamdani du 15 décembre 1998 au 23 décembre 1999. Son programme sera axé sur le rassemblement, pour sortir le pays de la crise qui verra une nouvelle constitution (1996). Elle crée la seconde chambre, dite Conseil de la nation, et par le truchement de l’article 120, lui donne pratiquement le pouvoir de bloquer un texte de loi voté par l’APN. Mais fait nouveau et important, elle limite le mandat présidentiel à deux étalé sur cinq années. Mais nous sommes toujours dans la même ambiguïté politique en maintenant le caractère dual de l’Exécutif,( ni régime parlementaire, ni régime présidentiel) tout en consolidant le système de Conseils existants dont l’institution d’un Haut Conseil islamique et d’un Haut Conseil de Sécurité qui est présidé par le président de la République. C’est à cette période que naît le rassemblement national démocratique (R.N.D) dont le fondement du discours est la lutte anti-terroriste qui raflera la majorité des sièges en 8 mois d’existence au détriment du Parti FLN. Les élections ont eu lieu le 5 juin 1997 pour élire les 380 députés. Sur un total d’inscrits de 10 999 139, le RND a raflé 3.533.434 voix représentant 33,66% des suffrages exprimés et ayant eu 156 sièges, suivi du MSP 1.553.154 voix, (14,80%) pour 69 sièges et le FLN 1.497.285 voix (14,26%) pour 62 sièges. Cela provoquera par la suite des protestations interminables et une commission sur la fraude électorale dont les conclusions ne verront jamais le jour. Les parlementaires du fait de la situation sécuritaire de l’époque, auront surtout pour souci de voter pour soi-même des rémunérations dépassant 15 fois le SMIG de l’époque alors que la misère se généralise, oubliant naturellement du fait de la généralisation des emplois- rente, qu’un parlementaire aussitôt sa mission terminée retourne à son travail d’origine, et qu’une retraite automatique revient à afficher un mépris total pour une population meurtrie. Ce président démissionne le 27 avril 1999.

4. De la période 1999 à 2012, toujours la rente

Des élections sont programmées le 8 avril I999 avec l’élection d’un nouveau président Abdelaziz Bouteflika qui promet de rétablir l’Algérie sur la scène internationale, de mettre fin à l’effusion de sang et de relancer la croissance économique pour atténuer les tensions sociales. Ahmed Benbitour est nommé chef de gouvernement du 23 décembre 1999 au 26 août 2000 après plus de 8 mois d’attente. Il démissionne du fait des conflits de compétences. Un second chef de gouvernement est nommé, Ali Benflis du 23 décembre 1999 au 05 mai 2003. Le 30 mai 2002 ont eu des élections législatives avec un taux de 46 % de participation, ces élections ont été boycottées par le FFS et le RCD. Le FLN a 34,3% par rapport aux suffrages exprimés avec 199 sièges FLN suivi du mouvement pour la réforme nationale 9,5% 43 sièges ( étant un parti politique islamiste présidé par Djaid Younsi, dont le secrétaire général du parti est Djamel Benabdeslam à partir du 2010 et du RND 8,2% avec 47 sièges et le MSP 7% pour 38 sièges. Plus politique, Benflis démissionne, tout en se présentant candidat à la présidence avec comme conséquence une dualité dans les rangs du FLN dont il est tissu. Il est remplacé par le Secrétaire Général du RND Ahmed Ouyahia du 05 mai 2003 au 24 mai 2006 qui coordonnera les élections du 08 avril 2004 à nouveau d’Abdelaziz Bouteflika. C’est durant cette période que sera matérialisé, en relation avec le haut commandement de l’armée, le référendum sur la réconciliation nationale le 14 aout 2005 et l’Accord avec l’Europe le 01 septembre 2005, pour une zone de libre-échange, selon les textes de l’Accord, postulant l’irrésistibilité vers l’économie de marché. Lui succèdera le secrétaire général du FLN Abdelaziz Belkhadem du 24 mai 2006 au 23 juin 2008, le FLN avec les élections successives étant devenu majoritaire tant au niveau de l’APN que du Sénat. . Plus de 20 partis politiques et environ 100 listes indépendantes sont en lice, avec plus de 12 000 candidats, pour les 389 sièges 22,95% parti FLN 136 sièges, RND 9,85% pour 61 sièges, MSP 9,71% pour 52 sièges. Cependant, nous avons peu de modification dans la composante ministérielle puisque l’ancien chef de gouvernement n’a pu nommer aucun ministre, assistant d’ailleurs de 1999 à 2010 à la même composante à quelques variantes idem pour les walis et les postes clefs de l’Etat. A nouveau, Ahmed Ouyahia secrétaire général du RND est nommé premier ministre (la nouvelle constitution ayant supprimé la fonction de chef de gouvernement) le 23 juin 2008. Courant novembre 2008 est amendée la constitution, non pas par référendum mais à la majorité des deux chambres, les députés et sénateurs se feront comme leurs prédécesseurs voter un salaire de plus de 300.000 dinars par mois. Cet amendement ne limite plus les mandats présidentiels, tout en supprimant, comme souligné précédemment, le poste de chef de gouvernement en le remplaçant par celui de premier ministre consacrant un régime présidentiel. Dans la foulée l’élection à nouveau du Président Abdelaziz Bouteflika le 9 avril 2009 pour un nouveau mandat de cinq années (2009/2014) élection supervisée par le premier ministre Ahmed Ouyahia. Sur le plan économique, durant 2010/2014, le programme prévoit la création de trois millions d’emplois durant cette période et d’augmenter le pouvoir d’achat des Algériens. Aussi, la période de 2004 à 2009 devait être consacrée à asseoir un Etat de droit avec la réforme des institutions, du système financier poumon des réformes, du secteur agricole et l’accélération des privatisations. L’objectif était une dynamisation de la production et des exportations hors hydrocarbures. Mais c‘est durant cette période du fait d’un e dépense inégalée depuis l’indépendance politique Sonatrach ayant engrangé 560 milliards de dollars de recettes entre 2000 et juin 2012, qui a certes permis le remboursement de la dette par anticipation, moins de 4 en 2012 contre 40 milliards de dollars en 2000, que nous assistons à des déballages sur la corruption qui a d’ailleurs toujours existé mais qui prend des proportions alarmantes avec une corruption socialisée de la BADR, de Khalifa, de la BCIA, BNA, BEA, BDL bon nombre d’agences du CPA et d’autres banques et d’entreprises publiques dont Sonatrach, le projet autoroute Est-Ouest, et bien entendu qui touche presque tous les autres secteurs de l’économie, ce qui a fait dire aux observateurs que le risque est de passer de l’ancien terrorisme à un autre - entendu la corruption - plus mortel pour le pays.

Sur le plan politique, fait important, le président de la République dans son discours du 08 mai 2012 a évoque la fin de la légitimité révolutionnaire et qu’il ne se représenterait pas à un quatrième mandat. Par la suite, ont été organisées le 10 mai 2012 les élections législatives avec une participation officielle de 43,14 % avec un nombre de bulletins nuls de 1.704.047. Pour le FLN, le nombre de suffrages recueillis a été de 1.324.363 voix pour 208 sièges alors qu’en mai 2007 il avait obtenu 1 315. 686 voix pour 136 sièges bien qu’ayant assisté à un nombre d’électeurs inscrits de 21.645.841 contre 18 .760.400 pour mai 2007 soit un accroissement de 2.905.241 de votants. C’est une régression comme l’atteste le ratio nombre de sièges par rapport au total qui donne 45,02% ; le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits a été de 6,11% moins que la fois précédente. Le ratio par rapport aux votants de 14,18%, le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 17,34% et le ratio par rapport aux votants de 14,18%. Quant au Rassemblement national démocratique- RND, le nombre de suffrages recueillis a été de 524.057 de voix pour un nombre de sièges de 68 et pour mai 2007, 591 310 pour 61 sièges là aussi une nette régression. Pour le RND, pour mai 2012, le ratio par rapport au total sièges est de 14,71%, le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 2,42%, le ratio par rapport aux votants de 5,61% et le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 6,86%. Des élections locales sont prévues en novembre 2012, afin de préparer la révision de la Constitution prévue en principe durant le premier trimestre 2013 qui sera adoptée par les deux chambres en cas où elle ne modifierait pas les équilibres fondamentaux et par référendum le cas contraire devant en principe limiter le nombre de mandats et aller vers un régime semi présidentiel où le gouvernement serait issu de la majorité parlementaire. La future élection présidentielle est prévue, sauf imprévu, le 8 avril 2014. Avec les tensions géopolitiques actuelles notamment au Sahel et en Syrie et des tensions sociales de plus en plus criardes au niveau interne, l’on assistera vraisemblablement, à moins d’un évènement intérieur et extérieur imprévisible, au statut quo, et donc à la gestion courante et à la distribution de la rente des hydrocarbures pour temporairement calmer le front social jusqu’à avril 2014 et certainement jusqu’à juin 2014 après que le nouveau président ait prêté serment et former un nouveau gouvernement.

Conclusion

Notre jeunesse a besoin de connaitre son histoire, très riche qui ne saurait de limiter à la période contemporaine. Cependant, ces "trous" historiques, comme l’assassinat d’Abane Ramdane, ne sont pas propres à l’Algérie, tant que des acteurs seront encore vivants, comme dans toute guerre de libération. C’est le cas de la France durant la seconde guerre mondiale plus de 70 ans après, nous assistons à des révélations concernant certaines collaborations avec Vichy, touchant des personnalités de premier plan. En nous limitant à la période contemporaine, après 50 années d’indépendance politique, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l’Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement proprement dérisoire que le pays a atteint après plusieurs décennies d’indépendance. L’entrave principale au développement en Algérie trouve son explication en une gouvernance mitigée, provenant de l’entropie. Etant le moteur de la dynamique ou de la léthargie de toute société, nous avons des forces sociales conservatrices rentières dominantes, base du pouvoir actuel, et des forces sociales réformistes minoritaires antagoniques, bien reconnaissons le, la majorité de la population "ce marais" non organisé aspirant à un véritable changement, le pouvoir l’atomisant, transmettant à travers ses canaux d’information officiels, des messages codés comme "le printemps arabe signifie désordre" et à l’extérieur, "nous sommes le seul rempart contre la terrorisme" qui se nourrit souvent de la misère engendrée par le système lui même. Cela n’étant pas propre à l’Algérie mais à la majorité des pays arabes ce qui explique ces révoltes spontanées violentes. Or à l’international, bien que souvent les intérêts l’emportent sur les aspirations des peuples, ces messages sont de moins en moins crédibles. Aussi, si l’on s’en tient à la période récente 1962/2012, étant dans cette interminable transition, ni économie étatisée, ni économie de marché le constat est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours que contredisent journellement les pratiques sociales. L’Algérie est en syndrome hollandais après 50 années d’indépendance politique : 98% d’exportation d’hydrocarbures à l’état brut et semi brut, 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées sont importés, le taux d’intégration ne dépassant 15%, le tout avec des liens dialectiques entre la logique rentière et l‘extension de la sphère informelle avec des tendances monopolistes informelles ce qui ne peut que conduire à un pouvoir ce que le premier ministre Ahmed Ouyahia a qualifié le 2 juin 2012 de pouvoir mafieux qui a contribué à l’échec de la politique du gouvernement entre 200/2012. Tout cela renvoyant au fondement d’un pouvoir assis sur la rente des hydrocarbures de 1963 à 2012 qui, malgré des discours, ne peut opérer cette transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures (valorisation de l’entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir) supposant de profonds réaménagements dans les structures du pouvoir.

Pr Abderrahmane Mebtoul

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