Egypte : rentrée en force des islamistes au parlement

La répartition des sièges au parlement égyptien.
La répartition des sièges au parlement égyptien.

Un député issu des Frères musulmans a été massivement élu lundi président du l'Assemblée du peuple égyptienne lors d'une première séance de cette institution où les islamistes, désormais au coeur du jeu politique, possèdent près des trois-quarts des sièges.

Saad Al-Katatni, élu avec 399 voix par cette chambre qui compte au total 508 députés, a pris la parole pour assurer qu'il oeuvrerait pour une "Egypte démocratique et moderne" et pour le "respect de la liberté d'opinion". Ce scientifique de 59 ans, spécialiste de botanique médicale, est secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu des Frères musulmans dont il est depuis des années un des principaux cadres dirigeants.

Dans la soirée, l'armée au pouvoir en Egypte depuis la chute du président Hosni Moubarak en février dernier a transféré les pouvoirs législatifs qu'elle détenait à la nouvelle Assemblée: "Le maréchal Hussein Tantaoui, président du Conseil suprême des forces armées, a annoncé dans une lettre adressée à l'Assemblée du peuple que les pouvoirs législatifs lui étaient transférés", a annoncé le gouvernement sur sa page du réseau social Facebook.

Les députés ont élu comme vice-présidents de l'Assemblée un membre du parti salafiste Al-Nour (Lumière), Achraf Thabet, et un membre du parti libéral Wafd, Mohammad Abdel Alim Daoud.

A l'extérieur du bâtiment, des centaines de sympathisants islamistes se sont réunis pour saluer un triomphe inimaginable il y a seulement un an, quand ils étaient confinés en marge de la vie politique par le régime de Hosni Moubarak. D'autres rassemblements, à l'initiative d'autres mouvements, se sont également formés au Caire pour réclamer la fin du pouvoir militaire qui a succédé à Hosni Moubarak en février 2011, et demander au nouveau Parlement de consolider le cap de la démocratisation du pays et de la justice sociale.

Cette session était la première réunion parlementaire depuis la chute du régime Moubarak sous la pression d'une révolte populaire, suivie par la dissolution du Parlement contrôlé à l'époque par le parti présidentiel. Les députés sont issus d'un scrutin-marathon qui s'est déroulé par phases depuis la fin novembre, dans le cadre d'un processus de marche vers la démocratie promis après la fin de 30 ans de règne de M. Moubarak.

Avec 47% des sièges, le PLJ est de loin le premier parti du pays, suivi par les fondamentalistes salafistes d'al-Nour (la Lumière), qui réalise 24% environ. Des sièges supplémentaires sont détenus par d'autres petites formations islamistes. Le camp libéral a connu une débâcle. Le Wafd ne compte que 9% des députés, suivi par le Bloc égyptien (7%).

Les pouvoirs de l'Assemblée sont encore incertains, face à un exécutif contrôlé par un conseil militaire qui dirige par décrets et nomme le gouvernement civil chargé des affaires courantes. "Comment pouvons-nous prêter serment alors que nous ne savons même pas si nous avons un système présidentiel ou parlementaire?", s'est interrogé un député. La séance s'est tenue dans une ambiance alternant solennité et confusion, la plupart des élus n'ayant aucune expérience parlementaire.

Un député islamiste a été rappelé à l'ordre pour avoir évoqué "la loi de Dieu" dans son serment. D'autres, qui ont ajouté à leur serment la promesse de "protéger les objectifs de la révolution", se sont également vus rabrouer par le président de séance.

Des députés soucieux de marquer leur distance avec le pouvoir des généraux ont siégé avec une écharpe jaune portant une inscription dénonçant le recours à la justice militaire pour juger des civils. Cette première session était organisée à deux jours du premier anniversaire, mercredi, du début de la révolte contre Hosni Moubarak.

La seconde chambre parlementaire, la Choura (Sénat consultatif), doit être élue à partir du 29 janvier. Le Parlement une fois au complet aura pour principale mission de nommer une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution. L'armée a promis de rendre le pouvoir aux civils après une présidentielle prévue avant fin juin.

Avec AFP

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