L'Irak va envoyer une délégation en Syrie voisine

Nouri Al Maliki, premier ministre irakien.
Nouri Al Maliki, premier ministre irakien.

L'Irak enverra prochainement une délégation à Damas pour tenter d'initier un dialogue entre les autorités et l'opposition syrienne afin de mettre un terme à neuf mois de violences, a affirmé jeudi dans un entretien exclusif à l'AFP le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

Il a par ailleurs affirmé que la major pétrolière américaine ExxonMobil avait promis de "reconsidérer sa décision" de mener des explorations pétrolières au Kurdistan irakien. "Quand j'arriverai à Bagdad, j'organiserai immédiatement une réunion pour préparer l'envoi d'une délégation à Damas afin de mettre en application l'initiative irakienne", a-t-il dit dans l'avion qui le ramenait de Washington à Bagdad.

Selon lui, cette initiative consiste à ouvrir un dialogue entre les autorités syriennes et l'opposition pour aboutir à des résultats satisfaisants pour les deux parties. Jusqu'à présent, l'opposition syrienne a refusé tout dialogue avec le régime de Bachar Al-Assad dont elle demande le départ. "Les Américains et l'Europe ont peur de la phase de l'après Bachar Al-Assad, c'est pourquoi ils comprennent notre initiative", a-t-il ajouté.

M. Maliki avait manifesté lundi son désaccord avec le président américain Barack Obama au sujet de la Syrie, affirmant qu'il ne se sentait pas le droit de réclamer le départ du président Assad comme le fait Washington.

"Je sais que les peuples doivent obtenir leur liberté, exercer leur libre-arbitre, (parvenir à) la démocratie et l'égalité. Nous sommes en faveur de ces droits (...) parce que nous les avons obtenus nous-mêmes", avait affirmé à la presse M. Maliki. "Mais je n'ai pas le droit de demander à un président de démissionner. Nous ne pouvons pas nous arroger ce droit", avait-il ajouté.

Sur le plan pétrolier, il a révélé avoir tenté de convaincre les dirigeants d'ExxonMobil de renoncer à leur projet d'exploration au Kurdistan. "Nous avons eu une réunion à Washington avec ExxonMobil et nous avons parlé des contrats (signés avec le gouvernement autonome du Kurdistan) et dont certains se trouvent dans des régions disputées. Et ils ont promis de reconsidérer leur décision", a-t-il confié.

Le 18 octobre, ExxonMobil avait signé avec le gouvernement du Kurdistan un contrat sur l'exploration de six champs pétroliers. Selon le ministère, deux d'entre eux, Bardarash et Alqosh, ne se trouvent pas dans la région autonome du Kurdistan mais dans la province de Ninive, sur un territoire que les Kurdes voudraient annexer à leur région. En outre, Bagdad ne reconnaît que les accords signés avec le ministère du Pétrole et a jusqu'à présent interdit à toute compagnie pétrolière ayant un contrat avec le Kurdistan de participer à des appels d'offres dans le reste du pays.

Le vice-Premier ministre irakien Hussein Chahristani a récemment sommé le N.1 mondial du pétrole de choisir entre son contrat avec le Kurdistan et celui qu'il a dans le champ pétrolier de Qurna-Ouest (sud). ExxonMobil y produit environ 370.000 barils par jour avec la compagnie anglo-néerlandaise Shell. Qurna-Ouest est le deuxième plus grand champ d'Irak avec des réserves estimées à 8,5 milliards de barils, situé dans le sud du pays.

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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mstfa yazid

L'Irak va envoyer une délégation en Syrie voisine

Pourquoi faire ?

Les années passent, les experiences s'accumulent mais les bêtises restent desesperement les mêmes! Le gouvernement d'obédience chiite de l'Irak, cet ex-fief jumeau du parti Baath, se propose de prendre son bâton de prophete ou, plus modestement, de pélerin pour aller prêcher la bonne parole auprés d'un regime exactement semblable à celui qui a disparu avec la dicateur Saddam.

Les responsables irakiens pour bien arranger le paquet de leur initiative en Syrie, se drapent dans un simulacre de panarabisme mêlé à une dose d'humanisme. Cette initiative innattendue ne semble pas avoir reçu l'accueil qui se doit auprès des autres membres de la Ligue arabe et, probablement dans l'avenir, ne suscitera aucun encouragement de la part de la communauté internationale.

Pourquoi une initiative aussi humanitaire et qui se veut desinteressée, est farouchement mal accueillie par l'opposition syrienne et même pas commentée par la Ligue arabe ?

Le régime irakien qui est presque affranchi de la presence américaine semble avoir trouvé en la crise syrienne une occasion pour faire une "sortie" test pour evaluer sa position dans le monde arabe et pour estimer sa marge de manoeuvre dans la region par rapport à l'ex "envahisseur-preotecteur américain et par rapport aux autres membres de l'Otan. Ce début de la quête de l'"affirmation de soi" entrepris pas le régime irakien semble rencontrer des difficultés aussi nombreuses que variées dont les principales ont trait :

-au regime irakien lui même qui est plus que dominé par une majorité chiite qui n'arrive pas à dompter son envie de vengeance sur l'histoire, proche, du temps de Saddam et qui n'arrive pas à se demarquer de l'influence, trés enveloppante du grand "frere" iranien.

Cette situation (de minorisation ("injurieuse") des sunnistes irakiens) explique la violence sporadique qui cadence encore la vie en Irak et rendra pour plus longtemps encore, les portes de la normalisation avec le monde arabe sunnite.... A commencer par les voisins immediats dont..... la Syrie !

-à la politique iranienne vis à vis de l'Irak : Teheran ne cache pas son interventionnisme dans ce pays par le truchement d'un regime que "les mauvaises langues" qualifient de "coopté" par la haute hierarchie chiite "persane" en vue, d'une "fusion" prochaine des deux pays..... même par la force si l'Iran arrive à fabriquer sa premiere bombe atomique.

-à la politique regionale de l'Iran, qui par ses alliances du moment (Syrie, Liban et Irak) et par d'autres en cours de constitutions (prise du pouvoir par les chiites au Bahrein, aux Emirats, à Oman et pourquoi pas au Qatar), semble, sur le plan géographique, encercler le noyau dur qui risque de s'opposer à ses plans : l'Arabie Saoudite et ses alliés du monde arabe et du monde islamique essentiellement sunnites.

Cet enchevêtrement d'intérêts, de stratégies et de pensées les unes plus malveillantes que les autres ôte toute bonne foi à l'initiative irakienne dans la mesure où elle est vue comme une tentative desesperée de l'Iran pour sauver la mise au régime syrien qui demeure le pignon de sa politique presente et à venir : déjà les informations circulent que le président du gouvernement irakien, M. Maliki, en bon serviteur de Téheran, aurait demandé, lors de sa dernière visite à Washington, au président americain d'"épargner" le régime de Bachar Al Assad.

Je crois que si le regime irakien n'etait pas "mu" par l'Iran, son initiative n'aurait jamais eu lieu : Baghdad devait savoir qu'elle avait tout à perdre en s’immisçant dans une bataille dont la partition a ete dejé faite et dont l'issue est déjà tracée.