Aït Ahmed désigne Ali Laskri nouveau premier secrétaire du FFS

Hocine Aït Ahmed, 85 ans, président du Front des forces socialistes.
Hocine Aït Ahmed, 85 ans, président du Front des forces socialistes.

Karim Tabou a été limogé vendredi par le président du Front des forces socialistes. C’est Ali Laskri qui est désigné par Hocine Aït Ahmed comme nouveau premier secrétaire.

Au FFS, tout change sauf la tête. Décidément, de son lointain exil lausannois, Hocine Aït Ahmed, à 85 ans, garde toujours bien en main les rouages du FFS. Ainsi, il vient de faire deux annonces en une seule. D’abord le changement à la tête du premier secrétariat. Premier secrétaire depuis avril 2007, Karim Tabou qui a porté la parole du plus vieux parti d’opposition vient d’être remercié à travers un message par le président du parti. A sa place c’est Ali Laskri qui est nommé pour "rassembler les énergies du parti". "J’ai pleinement confiance dans son aptitude à mener à bien cette mission", souligne Hocine Aït Ahmed. Rappelons ici qu'Ali Laskri a été premier secrétaire du parti à partir de 2004 avant d'être remplacé par Karim Tabou par le président. Laskri n'est pas une nouvelle tête, il ne fait que revenir à la direction.

Le président du parti précise que "des mesures immédiates doivent être prises pour permettre de développer l’action" du parti et "aborder les échéances à venir dans de bonnes conditions".

Deuxième annonce de Hocine Aït Ahmed, absent du pays depuis les élections présidentielles de 1999 : le report du 5e congrès. "(...) en vertu des pouvoirs que me confèrent les statuts du parti, je décide le report du 5ème congrès et la tenue d’une convention nationale. Celle-ci permettra le débat le plus large et le plus libre autour des échéances électorales à venir. Et le consensus le plus fort pour la prise de décision", indique le président du parti dans un message adressé au conseil national du FFS réuni vendredi. Qualifié de moment "décisif " pour le parti et un "évènement national" dans le pays, Aït Ahmed ajoute : "Nous nous donnerons le temps et les moyens de le réussir et le plaçant sous le signe du changement patriotique, démocratique, pacifique et respectueux de la souveraineté populaire et nationale", écrit dans son message M. Ait Ahmed, qui se dit convaincu que "ce changement et inéluctable pour notre pays".

En lieu et place d'un congrès, le FFS organisera une convention sans doute pour mettre en ordre de bataille les structures du parti en vue des élections législatives prévues pour le printemps.

Enfin, Hocine Aït Ahmed réitère aussi l’"ambition" du FFS de porter sa part de "la lutte démocratique et pacifique des Algériens pour un Etat de droit, pour le respect des libertés publiques, pour la solidarité, pour la justice sociale".

Yacine K.

Message de Hocine Aït-Ahmed au conseil national du FFS, réuni le 18 novembre 2011

"Ikhwani, akhawati salami alaykoum"

Cher(e)s camarades, cher(e)s ami(e)s, cher(e)s compatriotes,

Il y a un temps pour toute chose en politique. La crise nationale arrive à un point de non retour. A la veille du 50ème anniversaire de l’Indépendance nationale, les potentialités et les rêves qui ont porté la révolution algérienne ont été détruits par les dérives accumulées par le pouvoir. Aujourd’hui, nous arrivons avec plus de blessures que de promesses réalisées. C’est le résultat d’une politique de mépris. De tous les mépris: mépris de la liberté, mépris de la concertation, mépris du travail en commun, mépris des règles et des lois qui ordonnent et organisent l’action collective.

Chacun de nous sent intimement, instinctivement que nous sommes, en tant que société, largement atteints par l’action et les dérives du pouvoir. Nous avons le devoir de dénoncer chacune d’entre elles.

Une violence extrême a été infligée au peuple algérien pour imposer des choix et des options politiques et économiques désastreux. Des choix qui hypothèquent et compromettent notre avenir mais aussi celui des générations futures. Les actes d’aujourd’hui ont leur prolongement dans la société de demain. C’est pour cela que nous devons appréhender l’étape actuelle pour ce qu’elle représente. Un défi majeur, un enjeu vital.

Nous avons l’obligation de nous organiser en conséquence pour faire face, en conscience de l’extrême modestie de nos moyens mais avec l’ambition de porter notre part de la lutte démocratique et pacifique des Algériens pour un Etat de droit, pour le respect des libertés publiques, pour la solidarité, pour la justice sociale.

Cher (e)s amis, cher (e)s camarades,

Les forces compradores qui ont confisqué l’indépendance algérienne veulent réaménager la façade d’un pouvoir de violence et de prédation et ainsi lui donner un vernis démocratique. Nous avons le devoir de nous y opposer démocratiquement et pacifiquement en mobilisant les énergies capables de nouer entre les militants du parti un contrat éthique et politique, qui les mette en mesure de le proposer aux Algériens et aux Algériennes demain. Cette lutte marathonienne nécessite courage et constance dans l’action. C’est pourquoi je rends hommage à l’ensemble des militants, aux responsables et aux élus qui continuent de s’investir au quotidien.

C’est pourquoi j’exprime également mon estime et ma considération à Karim Tabbou. Sa "grinta spanioulia" bien de chez nous mais aussi la force de conviction et le sens politique qu’il a démontré dans l’exercice de ses fonctions de Premier secrétaire le promettent à un bel avenir dans le parti.

Chers camarades,

Aujourd’hui, vous et moi mesurons pleinement les exigences du temps politique. Les chantiers sont nombreux, parfois immenses; les obstacles considérables, les échéances sont là. Voici venue l’heure des plus durs efforts. Nous devons rester fidèles à nos engagements primordiaux et assumer nos principes. Renouveler nos méthodes avec intelligence et imagination politique. Nous devons, plus que jamais, faire preuve de lucidité, de maîtrise individuelle et collective. Agir dans la liberté mais aussi dans la discipline et la responsabilité.

Pour ma part, la feuille de route du parti m’apparait clairement: des mesures immédiates doivent être prises pour permettre de développer notre action politique et aborder les échéances à venir dans de bonnes conditions. C’est pour quoi, en vertu des pouvoirs que me confèrent les statuts du parti, je décide le report du 5ème congrès et la tenue d’une Convention nationale. Celle-ci permettra le débat le plus large et le plus libre autour des échéances électorales à venir. Et le consensus le plus fort pour la prise de décision.

Je nomme également le camarade Ali Laskri comme Premier secrétaire avec pour mission de rassembler les énergies du parti. J’ai pleinement confiance dans son aptitude à mener à bien cette mission. Le prochain congrès du FFS sera un moment décisif pour le parti et un événement national dans le pays. Nous nous donnerons le temps et les moyens de le réussir en le plaçant sous le signe du "Changement patriotique, démocratique, pacifique et respectueux de la souveraineté populaire et nationale". J’ai la certitude morale et la conviction que ce changement est inéluctable pour notre pays.

Cher(e)s ami(e)s,

Notre peuple ne doit pas oublier qu’il a déjà su être un exemple de libération et d’indépendance. Merci"

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Commentaires (5) | Réagir ?

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akli ath laarat

La position de M. Ait Ahmed est, pour une fois, des plus incohérentes. Ou bien on est dans un pays "vivable", on participe aux éléctions et M. Ait Ahmed rentre d'exil (au moins de temps à autre) ; ou bien il ne l'est pas, et alors, pourquoi ce cautionnement du régime ?

Je vois le FFS depuis quelques années comme un parti normalisé; à l'image du RCD qui, lui, l'est depuis sa création.

Ces deux partis, en se préparant au prochain mechoui électoral algérien, vont, soit au suicide politique, soit à la compromission totale. Partis exclusivement kabyles mais ne parlant pas au nom des kabyles, soit il négocient des sièges et un taux de pârticipation "acceptable" en Kabylie; soit, à la perspective inévitable des 3 % habituels de participation depuis 20 ans en Kabylie, ils se dissolvent.

Je ne crois pas que l'expérience de 1991 se reproduira. Même en ayant voté exclusivelment laic, il dans le cadre de l'état centralisateur, cela nous n pas prémuni de la dérive algérienne.

Alors, des élections en Kabylie, quoi de plus naturel; mais des élections avant un statut de large autonomie montrent que celles-ci ne protègent nullement nos choix politiques, identitaires et sociétaux. Des élections dans le cadre centralisateur, l'expérience aidant, relèvent pour la Kabylie, du suicide.

Ma ulac timanit, ulac lvote.

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amazigh zouvaligh

Quelle malédiction a frappé ce pays pour ne pas avoir monsieur Ait Ahmed comme président depuis des lustres! Pourquoi sommes-nous gouvernés par des moins que rien depuis 1962? Est-ce que c'est toujours la France qui tient les règnes de ce pays?

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