Comment condamner sans « déplaire à Bouteflika » ?

Comment condamner sans « déplaire à Bouteflika » ?

Les nombreuses réactions internationales aux deux attentats à la voiture piégée dans Alger semblent fortement influencées par le jeu politique interne algérien et le contexte des Présidentielles de 2009. Elles paraissent globalement marquées par un souci d’ordre politicien : comment fermement condamner ces actes et prôner l’éradication du terrorisme sans paraître dupes des manipulations claniques et, surtout, sans donner l’impression de désapprouver la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika et donc de « prendre parti pour ses adversaires » ?
Dans le chapitre « pas dupes », deux curieuses déclarations. Celle du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali qui rejette le terrorisme « sous toutes ses formes et ses manifestations", et celle, frappante, l'Afrique du Sud qui « condamne sans équivoque toute forme de violence contre des civils destinée à promouvoir des objectifs politiques" ! A méditer…
Reste le reste : comment condamner sans désapprouver la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika ? Cette question semble avoir profondément divisé la communauté international qui réagit selon deux catégories différentes : celle qui ne veut pas déplaire à Bouteflika et qui se complaît dans une « condamnation de principe » ; celle qui n’a cure de l’humeur de Bouteflika et appelle à éradiquer sans délai le terrorisme.
Selon les cas, cette dispersion donne naissance à une remarquable cacophonie. La plus troublante est celle de l’Europe. Alors que la présidence portugaise de l'Union européenne a indiqué vouloir "aider l'Algérie à arriver à une complète réconciliation" le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, après avoir « fermement condamné », a exprimé son même "soutien" mais dans "la lutte contre le terrorisme".
Parmi les chefs d’Etat qui appuient la position ferme de Zapatéro : Moscou, Rabat et Tunis. Le président russe Vladimir Poutine assure que la Russie était « prête à coopérer avec l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. » Le roi du Maroc Mohammed VI réaffirme, lui, «l’engagement inébranlable de [son] royaume, au niveau régional et international, à combattre le terrorisme et à intensifier et coordonner les efforts en vue d’éradiquer ce fléau». Enfin le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali réitère "la solidarité entière de la Tunisie avec l'Algérie soeur dans sa lutte contre ce phénomène dangereux pour nos sociétés".
Pour le reste, les réactions se rangent au chapitre de la prudence diplomatique. Ainsi la France et les Etats-Unis déploient-ils des trésors de rhétorique pour ne pas « déplaire à Bouteflika ». Le président français Nicolas Sarkozy s’est limité à faire part de " la détermination de la France à être solidaire avec tous les autres pays dans le monde qui luttent contre ces lâches terroristes qui ne sont rien d'autre qu'une nouvelle forme de la barbarie humaine". Suggérant ainsi que l’Algérie pourrait, si elle le veut, faire partie de ces « autres pays dans le monde qui luttent contre ces lâches terroristes » Même tonalité chez Washington qui condamne "l'attaque perpétrée par les ennemis du genre humain" et se borne a rappeler que « les Etats-Unis sont au côté des Algériens et des Nations unies confrontés à cette violence insensée ».
Aucun autre pays arabe n’a appelé à « combattre le terrorisme », tous se contentant de condamner des"actes barbares et odieux"

Le Matin

Plus d'articles de : Éditorial

Commentaires (20) | Réagir ?

avatar
boss kaby

Ce président a l'habitude de se cacher à chaque fois qu?il y ait une catastrophe que ce soit naturelle (bab el oued, séisme boumerdes 2003) ou bien bien planifiée par son entourage (Zerhouni le grand mal de ce pays, belkhadem les plus islamiste terroriste de la planète?.).

Qu?est ce que Boutef a à se soucier de ce peuple innocent si ce n?est leur vote à chaque fois qu?il a besoin de consolider sa place à El-Mouradia. Ce despote sert exclusivement ses intérêts et se foute complètement de ce ElGhachi (comme zerhouni l'a qualifie ce 11/12). Sincèrement ce qui me frappe le plus, c?est à chaque fois qu?il y ait une sortie présidentielle de ce despote et co. le peuple aveugle l'applaudit et crie « tahya boutef : vive boutef » mais bon sang, qu?est ce que ce terroriste a apporté à ce pays si ce n?est des bains de sang à chaque événement important bien sûr important pour eux.

Depuis 1999 l'Algérie perd sa dignité et va vers une catastrophe inédite dans l'histoire de tous les pays.

Attendons ce que ce peuple fera dans la prochaine élection.

Que le Bon Dieu accueille dans son vaste paradis ces âmes innocentes.

avatar
belsage amravadh

La terre entière s'est exprimée sur ces horribles attentats. Qu'en est-il de Bouteflika? Silence radio, comme à son habitude! Boutef n'a que mépris pour son peuple et il nous l'a assez prouvé depuis qu'il est aux commandes. Bien entendu, ses calculs politiciens y sont pour beaucoup dans son silence:comment va-t-il se désavouer et faire avaler la couleuvre aux Algériens pour un énième mandat?Heureusement que les chancelleries étrangères compatissent à notre douleur!Partez, Monsieur le Président, vous avez fait votre temps, vous êtes usé par la charge qui est la votre et qui consiste à faire des Algériens un peuple heureux!Nous ne pouvons plus vous demander de faire plus, ça serait inhumain d'exiger encore de vous d'autres sacrifices pour notre bien-être. Alors, de grace, partez et laissez-nous vivre une vie médiocre sans vous, laissez nous donc à notre châtiment, nous Algériens qui n'avons pas su vous apprécier à votre juste valeur, nous ne vous méritons décidemment pas. Notre ingratitude est incommensurable, certainement à la mesure du nombre de terroristes élargis par la grace de cette réconciliation nationale et qui, bien évidemment, se sont empressés de reprendre du service pour vous remercier de votre mansuétude à leur égard. Merci, Monsieur le Président de tout ce que vous avez fait pour nous, mais c'est de trop, il faut que vous arrêtiez....

visualisation: 2 / 20