Sarkozy et Cherif Abbas, cherchez la différence !

Les relations entre Paris et Alger ont évolué souvent au gré de la météo; celle-là même qui "régule" les élections qu'organise Nourredine Yazid Zerhouni, le ministre de l'intérieur algérien. Voilà qu'on calme le jeu, le temps d'une visite d'Etat, pour mieux rebondir lorsque les intérêts politiciens, des uns et des autres, recommanderont l'ouverture d'un nouvel épisode d'hostilités. Et toujours en instrumentalisant la charge émotionnelle du contentieux historique qu'on évite, d'un côté comme de l'autre, de régler afin de s'en servir et de l'exhiber à chaque fois comme épouvantail. Il y a comme une volonté, des deux régimes, de saborder toute tentative de rapprochement entre les deux peuples, algériens et français. Pourtant, ce désir de rapprochement et de fonder des relations durables entre les deux peuples, sans transgressions de la mémoire, est exprimé chaque jour à travers moult appels lancés par des intellectuels, des historiens et des organisations non-gouvernementales. Des deux rives de la méditerranée, il y a une conscience qui commence à se forger autour de l'incontournable entente entre les deux peuples afin de faire face aux nouveaux défis du monde. Mais ce souhait fait face, depuis au moins le début du siècle, à une offensive d'américanisation du Maghreb, particulièrement de l'Algérie qui a été épargnée jusqu'au milieu des années 90. Cette partie de la Méditerranée, comme d'ailleurs le Sahel, est au centre d'un enjeu géostratégique autour du contrôle des gisements énergétiques. A Alger, c'est une oligarchie pétrolière qui s'est constituée à l'ombre de la Sonatrach. Échappant à tout contrôle institutionnel, certains revenus des hydrocarbures sont redistribués sous forme de rentes à la clientèle politique, dont les organisations dites de « la famille révolutionnaire », et à ses sponsors dans l'armée et dans les services de renseignements qui bénéficient eux, en prime, de certaines ristournes sur des marchés contractés par la Sonatrach (l'affaire BRC n'a pas livrée tous ses secrets). Pensant contenter ses sponsors, Mohamed Chérif Abbas n'a fait qu’exprimer en réalité que ce qu'il a entendu autour de lui. Dépourvu de principes, il n'est que la voix de ceux qui cherchent à empêcher un rapprochement algéro-français afin de renforcer la domination américaine (et tant pis si la politique arabe étasunienne est depuis longtemps alignée sur la position israélienne). Une domination qui garantira à terme les intérêts de l'oligarchie pétrolière et confortera le régime algérien, qui n'avait pas hésité à désigner, avec l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, un homme des texans au poste de ministre de l'énergie. Ceux qui veulent nous faire croire avoir réagit pour défendre notre mémoire souillée par les revanchards et les nostalgiques de la colonisation ont trouvé convergence avec le courant ultralibéral en France, incarné par un Nicolas Sarkozy qui n'a jamais caché sa volonté de rompre avec la politique atlantique et arabe du gaullisme et de son continuateur Jacques Chirac.

Y.R

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