Vous admirez Kamel Daoud ? Invitez-le à l’Élysée, Monsieur le Président !

Kamel Daoud.
Kamel Daoud.

Drôles de temps ! Drôles d’époques ! Drôles de dirigeants ! Drôles de dirigés ! …C’est à donner raison à Charles Pasqua qui concluait son dernier entretien accordé à Laurent Delahousse, juste avant le grand voyage : - Je suis né dans une époque qui n’est pas la mienne ! asséna-t-il au journaliste, pour résumer les multiples embrouilles auxquelles il a eu à faire face, au cours de sa longue carrière politique. Comment ne pas souscrire à tel postulat quand tout semble se dérouler dans des référentiels de "logiques" qui échappent à vos propres socles de raison et vous renvoient constamment à moult questionnements et doutes sur vos propres visions ?

Ça me rappelle cette anecdote (vécue) d’un étudiant qui sort subitement d’un cours de physique en lançant à l’enseignant : -Désolé Monsieur, je ne comprends plus rien ! je préfère retourner à Drid-Hocine ! Le pauvre étudiant avait forcé ses capacités intellectuelles jusqu’à saturation, au point de sombrer dans une dépression chronique qui l’avait conduit à l’hôpital psychiatrique d’Alger ! Le bougre devait s’être trompé d’époque aussi !

Dans sa dernière livraison, l’hebdomadaire Le Point nous gratifie d’une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle le président Français ne se montre guère prolixe sur le "problème Algérie". Certainement par crainte d’offusquer les brigands d’Alger par quelques écarts et autres déplaisirs syntaxiques qui les auraient forcés à sortir de leurs cages comme des animaux féroces, s’apprêtant à tout griffer, pour laver tout affront que quiconque oserait porter à l’honneur d’une révolution confisquée, l’unique support sur lequel repose l’ensemble de la famille des frontières ! Ils l’ont fait avec Mitterrand ! Ils l’ont fait avec Chirac ! Souvenez-vous de l’humiliation qu’à fait subir Liamine Zeroual à Jacques Chirac, juste pour montrer au p’tit peuple la "redjla" dont il est si friand et voir en "son Général" l’Homme qu’il fallait pour prendre en charge sa destinée ! Si des Mitterrand et des Chirac ont pu être humiliés par la pègre d’Alger, ce n’est pas Macron, le jouvenceau de la politique et de ses ruses qui oserait les critiquer ou faire part du moindre reproche à des multi-putschistes invétérés !

Par contre, faire part de son admiration pour Kamel Daoud, c’est bien, Monsieur le président ! Mais l’inviter à l’Élysée serait, pour nous, tellement mieux ! Ça ne serait d’ailleurs pas une première, qu’un intellectuel algérien foule les couloirs du Palais supérieur français ! Nous y reviendrons un peu plus bas ! Restons sur Kamel Daoud, pour l’instant :

En parcourant l’étalage de la presse, la semaine passée, je suis tombé sur le dernier numéro de Marianne, lequel contient une rencontre avec l’écrivain, précédée du titre incisif : "Ecrire, ma seule foi" ! Si on ne peut que souscrire à telle formule, on ne peut aussi que se désoler du fait que ce genre de foi ne rassemble pas grand monde ! La preuve, parmi nos écrivains célèbres, qui est copain avec qui d’autre ? Je n’ose même pas m’étendre sur le sujet et courir le risque de m’égarer ou d’éveiller certaines susceptibilités ! Tous font cavaliers seuls ! Bien évidemment, le fait qu’un écrivain ne soit pas d’accord avec ses pairs représente, quelque part, un signe positif de santé intellectuelle collective ! Malheureusement, telle santé a une portée infime, pour ne pas dire nulle, sur le citoyen lambda, lequel ne sait même pas ce que lire veut dire !

Personne ne sait écrire s’il n’a pas déjà lu, beaucoup lu ! Or, chez nous, l’écrasante majorité, transformée en moutons ne sachant que glorifier Bouteflika n’a pas lu un seul livre pendant toute une vie ! y compris celui au nom duquel on les a tous précipités dans la folie !

En guise de remède radical à tel gâchis intellectuel, dans mes moments de délire quasi-démentiel, j’imagine une fetwa gigantesque imposée d’Est en Ouest, du Nord au Sud ! Une fetwa qui exigerait de chaque pratiquant la lecture d’au moins 2 pages d’un livre choisi par une haute hiérarchie d’érudits, avant d’être autorisé à faire chacune des 5 prières quotidiennes, en lui expliquant clairement que c’est l’unique clé pour accéder au paradis ! Deux pages par prière, cela représente 10 pages par jour, soit un livre de 300 pages par mois, 12 livres par an, et 60 livres en 5 ans ! 60 livres au lieu de ces "settine hizeb" et ce "Sahih el-Boukhari" qui les obsède à envoutement, n’y a-t-il pas de quoi se forger un beau regard sur la vie, et Vivre avec un grand V, au lieu de sacrifier son existence et consacrer son temps à vouloir réussir une mort supérieure et mériter un paradis de leurres ?

Revenons à notre cher président français ! Peut-être qu’Emmanuel Macron ne le sait pas ! il est si jeune ! on ne peut que lui pardonner si tel était le cas ! Mais à ce niveau d’admiration affichée pour Kamel Daoud, il est utile de lui apprendre ou lui rappeler qu’en érudit attentif et attentionné, François Mitterrand n’avait pas hésité à inviter Kateb Yacine à l’Elysée ! Avec l’auteur de Nedjma, qu’il admirait aussi, Mitterrand se délecta d’un entretien pas bref du tout, puisque "Dieu" avait été si agréablement surpris et épaté par notre Keblouti du terroir que leurs échanges se seraient comptés, non pas en minutes, ni en dizaines de minutes, mais en heures entières !

L’anecdote précédant le rendez-vous de Kateb Yacine avec "Dieu" nous est savoureusement rapportée par son compagnon de toujours, Ali Zamoum. Quelques heures avant le temps t de l’entrevue, Ali et Kateb se retrouvent dans un bar, à proximité de l’Élysée. Quand Ali arrive, Kateb était déjà accoudé au comptoir, un verre de Ricard à portée. Surpris, Zamoum lui reproche, tout de go, sans même lui dire bonjour : -attends Kateb, tu as rendez-vous avec le président, tu ne vas quand même pas t’y rendre bourré !? Et Kateb de répliquer : - Oui mais, pour m’élever à son niveau, il me faut décongestionner le cerveau ! Deux ou trois Ricard et ça ira !

Autres temps, autres mœurs, pour Mitterrand et Macron ?

Pourtant, à propos du courage de Kamel Daoud, une vaillance qui n’est, bien évidemment, plus à démontrer, et qui semble forcer l’admiration de Monsieur le président, Emmanuel Macron donnerait une preuve d’audace et de bravoure (et surtout de distance vis-à-vis de moult camps des ténèbres qui pourrissent le destin de notre pays) tout-aussi admirable s’il osait inviter Kamel Daoud à l’Élysée ! "Let’s make Algeria great again, en célébrant ses hommes de Science, ses journalistes, ses écrivains !", vous voyons-nous énoncer, en grand seigneur des temps modernes, pour marquer les esprits, comme vous l’aviez si courageusement fait, à l’endroit de l’impondérable Trumpy ! Un instant mémorable que nous avons tous applaudi !

Inviter Kamel Daoud, c’est honorer la mémoire de Kateb Yacine ! c’est encourager Boualem Sansal ! Et c’est rendre un tant soit peu de justice à Mohamed Benchicou, la première victime de l’imposture Bouteflika et de ces valets au sommet que le peuple ne supporte plus !

Quelle belle dose d’espoir telle invitation insufflerait aux damnés de la Terre que nous sommes !

Quelle belle quotité de respect et d’égards vous récolteriez, de Bab-el-oued à la place Vendôme !

Quelle preuve de bienveillance vous afficheriez envers une populace fatiguée par la charge de moult dômes !

Quelle prodigieuse aura vous survivra quand, en lettres d’or, l’Histoire inscrira que Macron fut un grand Homme !

Sans prétendre vous donner quelconque leçon, Pensez-y Monsieur le Président !

Kacem Madani

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Commentaires (8) | Réagir ?

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chawki fali

merciiiiiiiiiiiiiiiiiii

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adil ahmed

mall

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