Ahmed Ouyahia, l'homme-mystère !

Ahmed Ouyahia retombe sur ses jambes à chaque chute.
Ahmed Ouyahia retombe sur ses jambes à chaque chute.

Étiqueté d'homme des sales besognes", Ouyahia est revenu à la tête du gouvernement par la grande porte après que d'aucuns ont pourtant cru qu'il n'avait plus les faveurs de Bouteflika.

Le personnage est, à vrai dire, à l'image du système lui-même, mystérieux, fin manœuvrier et "addict" des coups de force. Impopulaire mais maniant à la perfection la langue de bois, il s'est de surcroît illustré à différentes reprises par sa touche autoritaire.

D'abord dans la gestion du dossier brûlant du terrorisme islamiste qu'il qualifiait alors de "résiduel", puis, toujours courant 1990, dans "le scandale" des dizaines de cadres jetés en prison au terme d'une campagne politique baptisée "mains propres". Sans oublier, bien sûr, la fraude massive des élections législatives de 1997 qui a vu le RND caracoler en tête, évinçant ainsi de la scène le parti FLN de feu Abdelhamid Mehri, perçu comme traître aux thèses du régime en raison de sa participation au côté des réconciliateurs à la plateforme de Sant'Egidio de janvier 1995.

Ahmed Ouyahia rappelle aussi une phase très critique de la vie de la patrie pour nombre d'Algériens, à cause de la politique d'austérité qu'il aurait engagée sous l'injonction du F.M.I pour parer à la crise de l'endettement. Son récent retour aux affaires fait remonter à la surface de l'inconscient collectif les pires souvenirs de la pénurie, le licenciement des travailleurs, la fermeture des usines, le bradage du tissu industriel, etc. Mais si cet énarque est aux commandes de l'exécutif pour la troisième fois, c'est qu'il a une solide assise au sein du sérail. Le secret ? Ouyahia sait, en effet, encaisser les coups en silence et se faire tout petit quand l'orage des décideurs éclate.

Sachant accorder son violon à leur orchestre, il change de camp au gré du vent du moment. Ainsi fut-il un éradicateur affirmé sous Zéroual, puis un réconciliateur opiniâtre sous Bouteflika à qui il aurait prêté, malgré leur divergence idéologique, un soutien sans faille depuis son investiture en avril 1999 jusqu'au jour d'aujourd'hui. Et dès que celui-ci l'avait lâché en 2012, il n'a jamais arrêté de répéter qu'il n'était là que pour servir les intérêts de l'Algérie.

Pas très net avec les statistiques, l'homme n'est pas aussi clair ni encore moins constant dans sa vision en matière économique que l'on imagine. De l'ultralibéralisme dont il s'était fait au départ le chantre, il a directement sauté vers "le patriotisme économique", puis plaidé en ce 2017 même pour la solution de "la privatisation des entreprises" ! Quelle est son orientation économique exacte ? Nul ne le sait !

La nouveauté à l'heure présente, c'est que le contexte économique par rapport à ses précédentes primatures n'est plus le même. Trop corrompue par la rente, une certaine caste financière carnassière a fait vite intrusion dans la sphère politique sous l'aile protectrice de certains anciens apparatchiks du système. Quand le peuple n'est, lui, guère porté comme avant sur le sens du sacrifice parce que trop habitué à l'opulence et au gaspillage pendant près d'une décennie. Ouyahia est-il prêt, dans ces nouvelles circonstances-là, à emprunter les sentiers battus ? A acquiescer aux desiderata des hommes d'affaires et à obliger les Algériens à plus de soumission à l'oukase de l'austérité, quitte à sacrifier ce qui lui reste de crédibilité ?

Ou, au contraire, fera-t-il des pieds et des mains pour doser sa cote de popularité et accéder au palais d'Al-Mouradia ? Wait and see !

Kamal Guerroua

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Commentaires (25) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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algerie

merci

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