Le printemps amazigh est un projet d’avenir

L'Amazighité est un perpétuel printemps
L'Amazighité est un perpétuel printemps

Sur le plan sociétal et institutionnel l’inversion du système de valeurs nous paraît saisissable et de l’ordre de l’évidence. Le médiocre est promu. Le méchant est célébré. Le parasite est respecté. L’érudit est méprisé. Le juste est raillé. Mais, nous peinons à relier ces aberrations à l’inversion première qui se trouve à la source de toutes les autres.

Cette inversion-là est dans la substitution d’une identité idéologique, construite sur un essentialisme linguistique, à celle historique qui s’est cristallisée sur un temps long, millénaire. L’arabité que l’on nous prête est mensongère. Pas plus que l’islamité, elles ne peuvent nous définir. Elles sont négatrices de la singularité et de la particularité du sous-continent nord-africain. Par leurs prétentions à pouvoir nous fondre dans des Oumma sans réalités elles sont, en dernier ressort, des agressions contre notre être collectif, notre existence de peuple. Elles nous somment de nous fondre dans des chimères. Comment dès lors pourraient-elles être, pour nous, les vecteurs de notre affirmation ?

L’arabisme a été la justification de répressions féroces. En Kabylie, à Nefoussa, dans le Rif. L’islamisme a été la matrice d’une démence génocidaire, dans le dernier épisode est toujours en cours dans le M’zab. Ces pseudo-identités sèment le trouble et la discorde entre les Etats dont elles prétendent appeller la fédération. Il n’y a qu’à regarder les tensions structurelles qui minent l’intégration d’une Afrique du Nord aliénée à l’arabo-islamisme pour constater l’étendue du désastre.

Rebelle au Califat koréischite, l’Afrique du Nord a eu ses dynasties Amazighes. Elle a même été le berceau du Califat chiite du Caire, celui des Fatimides. Les époques Almoravides et Almohades ont été des moments particuliers d’unité qui venaient en résonance avec les antiques royaumes des grands Aguelides numides.

Au moment de la décadence des Etats musulmans, à la charnière des XVe-XVIe siècle, notre région est tombée sous domination Ottomane, pas arabe pour un douro. Les impérialismes anglais et français au moment d’hériter de cette domination se sont fait les inventeurs et promoteurs de l’arabisme et de l’islamisme. Rétrovirus destinés à provoquer des dysfonctionnements auto-immuns des nations en gestation. Il y a donc quelque chose de nihiliste à vouloir régler nos questions nationales et donc identitaires par la mobilisation de ces concepts !

En dehors du siècle passé, ni l’Islam, ni l’arabe, ne nous ont extirpé à notre espace géopolitique : Le sous-continent nord-africain avec ses deux profondeurs stratégiques que sont l’Afrique sub-saharienne et le bassin occidental de la mer Méditerranée. Et, c’est ce détournement qui nous plombe depuis les indépendances. Nous nions notre Amazighité au nom d’une arabophonie qui ne fait pas arabité et nous nous cherchons dans une islamité qui ne fait pas société.

Il est temps de comprendre qu’à la différence de biens d’autres espaces géopolitiques, celui dans lequel nous existons a d'exceptionnels atouts d’intégration. De l’oasis de Siwa aux îles Canaries ; de la rive sud de la Méditerranée à la berge nord du fleuve Niger, nous sommes un continuum humain qui a tout pour faire peuple. L’Amazighité est le ciment de ce bloc qui ne demande qu’à émerger.

Mohand Bakir

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Commentaires (8) | Réagir ?

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adil ahmed

Merci pour cet article

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chawki fali

Thank you very nice article

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