RSF dénonce la dérive autoritaire du gouvernement envers la presse à l’approche des élections

Hamid Grine, le ministre qui veut diriger la presse d'une main de fer.
Hamid Grine, le ministre qui veut diriger la presse d'une main de fer.

Reporters sans frontières (RSF) dénonce vigoureusement la publication d’une charte censée régir une couverture “éthique et équitable” de la campagne des élections législatives en Algérie du 4 mai prochain. Une circulaire inique a également été diffusée à l’attention des responsables des médias audiovisuels.

Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a adressé aux médias le 28 mars 2017 deux documents pour le moins choquants. En plus d’user d’un ton paternaliste et inapproprié, la charte interdit aux médias de "donner la parole aux personnes appelant au boycott" (article 2), "de faire des télétrotoirs durant la campagne électorale" (article 7) ou encore de "diffuser des débats et déclarations politiques, susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique et à l’Etat et/ou pouvant donner lieu à des dérapages contraires à l’éthique journalistique et politique" (article 10).

La circulaire, quant à elle, prévoit dans sa disposition la plus grave que "dans la diffusion des programmes, les responsables des services de communication audiovisuelle veillent à proscrire toute offense, toute parole outrageante, injurieuse ou diffamatoire à l'encontre de la personne du président de la République et/ou de l'institution représentée par le président de la République" (article 7).

"Publier une charte restrictive pour la liberté de la presse, sans avoir consulté ni les médias ni la société civile, est aberrant et démontre clairement que le gouvernement algérien, au nom d’une soit-disante éthique, cherche en fait à bâillonner les journalistes à la veille des prochaines élections, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Nous exhortons le gouvernement algérien à ne pas entraver le travail de la presse et appelons les autorités à respecter leurs propres engagements, pris au niveau national et international.”

Pour rappel, la nouvelle Constitution algérienne adoptée par l'Assemblée populaire nationale le 7 février 2016 garantit dans son article 41 ter la liberté de la presse, ainsi que la liberté de l’information (article 41 quarter). Par ailleurs, l’Algérie a ratifié depuis 1989 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui protège dans son article 19 la liberté d’expression.

RSF invite par ailleurs les journalistes algériens à consulter son guide pratique du journaliste en période électorale, édité en 2015 avec l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et destiné aux professionnels amenés à couvrir une période sensible de la vie politique algérienne.

L’Algérie est 129ème au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2016.

RSF

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Commentaires (2) | Réagir ?

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adil ahmed

danke schoon

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gestion

MERCI