Depuis les descentes des troupes ottomanes pour lever l’impôt avec violence jusqu’aux méthodes brutales des services algériens héritées des pratiques tortionnaires de l’ordre colonial, l’Algérien ne connaît pas de répit. Rien n’est venu le délivrer de cet engrenage mortifère. Malgré l’indépendance vieille de plus d’un demi-siècle, l’Algérie de l’espoir s’est métamorphosée en pays du cauchemar.

La torture pratiquée sans retenue pendant les périodes coloniales a été érigée en méthode de gouvernance par l’Algérie du FLN, l’Algérie du système Ben Bella-Boumédiène marqué par un caporalisme arrogant et cruel et celui de Chadli-Bouteflika caractérisé par le degré vertigineux de sa corruption.

Le Mzab a eu son lot de victimes de violences meurtrières. Photo M. Mehenni/Liberté.

Traitements cruels, inhumains et dégradants sont aujourd’hui le lot quotidien des Mozabites détenus dans les geôles de Ghardaïa suite à des manœuvres odieuses des pouvoirs publics où sont mêlés des éléments de la police, de la gendarmerie et de la justice. Trois détenus (Baouchi Affari, Bencheikh Aïssa et Gueddouh Salah) sont déjà décédés des suites des sévices dont ils ont été victimes.

"Ce qui se passe à Ghardaïa se fait en dehors des lois de la République. Il y a des personnes déléguées qui agissent en dehors de toute légalité", a affirmé, sur le journal Liberté du 27 novembre, Maître Salah Dabouz à propos de ces détenus mozabites dont il est le défenseur.

Ce cri d’alarme d’un avocat lui-même sous contrôle judiciaire pour les mêmes raisons injustifiées que les détenus, doit nous interpeler collectivement et doit alerter l’opinion internationale comme celles de tous les Amazighs et des militants des droits humains.

Les forces du mal dirigées par le pouvoir de Bouteflika se déchaînent sans retenue sur cette région du Sud depuis de nombreuses années. On ne compte plus les morts, les blessés, les prisonniers et les saccages de commerces et de maisons dans cette contrée mise en quarantaine par le pouvoir algérien, décidé à éradiquer la spécificité millénaire mozabite. Les épreuves que cette région endure connaissent une épouvantable accélération avec l’annonce de l’état de santé dégradée du Docteur Fekhar désormais à l’article de la mort suite à des grèves de la faim répétées et aux conditions de soins qui lui sont vertement refusées.

Ne rien dire ou ne rien faire devant cette escalade meurtrière contre des Mozabites réputés pour leur culture de paix, c’est, pour nous toutes et tous se rendre complices des exactions d’un pouvoir corrompu et illégitime.

Par ailleurs, Paris, Londres et Washington qui se targuent d’être des capitales soucieuses des droits humains sont particulièrement interpelées dans ce cas de violation flagrante de ces droits. L’absence de leur réaction et de leur pression sur le pouvoir algérien serait comprise par celui-ci comme un signal d’encouragement pour sa politique répressive. Cette «communauté internationale» doit montrer que la défense des droits humains n’est plus à géométrie variable si elle veut exister vraiment en tant que telle et si elle veut que sa parole soit crédible.

C’est pourquoi il est impératif d’exprimer (1), vite et fort une solidarité ferme avec le peuple mozabite et, dans l’instant présent, avec le docteur Kamelddine Fekhar pour empêcher l’irréparable.

Hacène Hirèche (universitaire et consultant - Paris)

(1) Rassemblement le 10 décembre 2016 à 14h – Place du Trocadéro à Paris.