Rétrospective de février : Evo Morales, Bouteflika et le Docteur Fekhar !

Les Militants mozabites croupissent toujours en prison dans l'indifférence générale.
Les Militants mozabites croupissent toujours en prison dans l'indifférence générale.

Il court, il court le mois de février, achève son labeur et nous laisse comme sillons, des événements indélébiles. Partagé entre un hiver chancelant et un printemps tout en audace, il nous livre cette année, sa récolte en 29 jours et s’impose bissextile.

Il y eut d’abord la maigre moisson, de la modification de la constitution, son adoption honteuse et ses jeux malsains. Il eut le passage en force, le labour aux taureaux, sur une terre politique rocailleuse, aride et infertile. À bien y réfléchir, il n’y avait pas de quoi faire tout un plat. Une soupe aigre tout au plus, pour avaler la pilule et soigner notre frustration. Les ingrédients ? Un président feignant la maladie, un clan mafieux asservi, une police politique réinventée, un soupçon de mains levées et le dîner est servi! Un exemple similaire en Équateur! Ivo Morales, plus jeune que Bouteflika, a essayé de cuisiner son peuple, mais ça avait tourné au vinaigre. Il s’était soumis naturellement, à la volonté de son peuple qui désavoua sa démarche de briguer un nouveau mandat ! Pourtant aimé et adulé, la masse par voie référendaire, lui refusa la prétention de toucher à la constitution. À la citation latine "A bove majore discit arare minor" qui voudrait que le jeune bœuf apprenne le labour du vieux, moi je dis, ça dépend du jeune bœuf!

Plus nauséabond encore, l’assassinat du garçon d’Al Hamiz. Égorgé devant chez lui, il se demande encore là-haut - tout comme nous ici-bas - pourquoi ce forcené lui déroba sa vie. Un événement tragique qui a trouvé au final, sa place dans les rubriques des faits divers, lui refusant (même à titre posthume) le statut de victime d’une société violente. La mort de Mohamed, ce garçon de sept ans, n’aura servi au final qu’à émouvoir du monde, plutôt qu’à interpeller les consciences. Alors attendons un autre Mohamed, puis lavons-nous les mains avec quelques larmes versées sur nos états d’âmes chiffonnés.

Kamel Daoud qui ne commente plus l’actualité, est allé se ressourcer auprès des livres, en "écoutant des arbres et des cœurs". La bêtise est humaine, mais l’invective du collectif des 19, s’apparente au délit ! Délit lorsqu’attaqué, un intellectuel vivant auprès des siens et connaissant plus que quiconque ses semblables, doit se taire. Délit, lorsqu’encore sous le coup d’une fatwa, les universitaires du Monde, l’offrent en pâture à des bêtes obscures, avides de casser de l’intelligent. Une voix sincère qui va sans doute manquer dans un paysage médiatique déjà orphelin des Djaout, Mekbel, Sebti et les 100 autres journalistes victimes de l’obscurantisme. Jean Jacques Rousseau, répondant en mars 1763 à Christophe de Beaumont (*) (qui fait publier le mandement qui condamne ses idées déistes) écrit : "Ainsi va flottant le sot public sur mon compte, sachant aussi peu pourquoi il m’abhorre, que pourquoi il m’aimait auparavant. Pour moi, je suis toujours demeuré le même: plus ardent qu’éclairé dans mes recherches, mais sincère en tout, même contre moi; simple et bon, mais sensible et faible; faisant souvent le mal, et toujours aimant le bien;…" Troublant, tant le passage – à mon avis- sied à Kamel Daoud, les inquisiteurs ayant simplement changé de nature.

Dans un tout autre registre, le match entre olympiens d’Algérie et de la Palestine, était bien ! 80000 spectateurs, les couleurs de la Palestine ornaient le stade, le jeu fut plaisant, et la Palestine avait gagnée ! Nous étions heureux ! Pour eux de l'avoir emportée et pour nous de les avoir accueillis! N’était- ce pas le mois de l’amour après tout ? On a montré au monde entier que nous sommes les seuls "Arabes" à continuer à les soutenir et à les chérir. On a même sifflé notre hymne, leurs "Chouhada» (Martyr) sont encore récents, fallait les honorer !

Mes amis c’est confirmé; la France c’est l’Algérie ! Car les administrés de bordeaux et de Paris, ont vu leurs édiles venir prendre conseil chez Bouteflika ! Là où les patients voient un docteur, Alain Juppé et Anne Hidalgo, consultent un malade ! Gare à la contamination !

Les brèves de l’international sont contrastées, et les réfugiés syriens demeurent indésirables et à genoux au pied de l’Europe. La Syrie se meurt et le cessez-le-feu respecté suscite un peu d’espoir. Le Maroc utilise son soleil pour produire de l’énergie renouvelable, et donne une leçon (encore une) à la bonne gouvernance de vous savez qui. L’Amérique se "Trump"  de direction et semble nous refaire un scénario à la "Bush". Son élection, aura inévitablement un effet sur le monde, d’une étincelle dans une poudrière ou d’un éléphant dans un magasin de porcelaine!

Enfin le mois de février nous aide à compter. Les jours de détention des prisonniers politiques pas assez médiatisés. Une grosse pensée pour le docteur Fekhar et ses codétenues, qui purgent une peine injuste, coupables d’avoir défendus les berbères des Beni-M’zab. Une détention abusive depuis le 7 juillet 2015 et qui porte la durée de l’emprisonnement à plus deux cents longues journées ! Deux cents c’est aussi le nombre des congressistes détenues et malmenés du MAK. Des pratiques staliniennes d’un autre temps, généralisées par un pouvoir agonisant – nous-dit-on -, avec néanmoins une capacité de nuisance demeurée intacte.

Hebib Khalil

(*) Jean-Jacques Rousseau : LETTRE A CHRISTOPHE DE BEAUMONT

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (2) | Réagir ?

avatar
Aksil ilunisen

JE DECLARE MON PAYS, L'ALGERIE, UN PAYS EN CHUTE LIBRE, UN PAYS AMORPHE, SANS PROJET DE SOCIETE SANS AVENIR, SANS AMBITION NATIONALE, SANS ENERGIE MOTRICE, UN PAYS ESCLAVE, VIDE DE SUBSTANCE, VOUE A LA DISPARITION CAR IL SURVIT PAR COUP DU HASARD, ET DES PROBABILITES APPLIQUEES AUX FORAGES HYDROCARBUES.

SI CE PAYS FAUSSEMENT RICHE, PERSISTE DANS SON REFUS A L'HOMME DE JOUIR DE SA LIBERTE, JE ME DEMANDE COMMENT OSE-T-IL QUEMANDIER AUPRES DES RARISSIMES "RICHES" DU PAYS POUR LE "SAUVER" DE SA FAILLITE INEVITABLE?

A MEDITER.

avatar
Bachir Ariouat

C'est comparer l'incomparable, comparé un homme adulé par son peuple, un homme haïe par son peuple, rien n'est comparable.

Entre président élu et un président met en place par les généraux et les services de renseignements étrangers, celui a été élu par son peuple il travail pour son pays, celui qui a été élu par les généraux dictateurs et les services de renseignements étrangers, il travail pour ceux qui l'ont portés au pouvoir.

Nous connaissons le résultat, et l'histoire s'en souviendra de l'homme du bien et l'homme de la honte.