Le siège des villes syriennes est un crime de guerre, estime le SG de l'Onu

Le régime syrien encercle les villes et bombarde sans pitié.
Le régime syrien encercle les villes et bombarde sans pitié.

Le siège des villes syriennes est un crime de guerre, a estimé jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la veille d'une probable réunion du Conseil de sécurité à la demande de Paris, Londres et Washington pour améliorer l'aide humanitaire à ces villes.

Evoquant le sort de Madaya et d'autres villes assiégées par les belligérants en Syrie, M. Ban a déclaré à la presse: soyons clairs: utiliser la famine comme arme de guerre est un crime de guerre. Il a souligné qu'à la fois le régime et l'opposition armées se rendent coupables de cela et d'autres atrocités interdites par les lois humanitaires internationales.

Il a demandé que les pays de la région et au-delà qui peuvent avoir une influence fassent pression sur les parties pour obtenir un accès humanitaire libre et prolongé dans toute la Syrie. C'est la première fois que l'ONU s'exprime aussi clairement et au plus haut niveau, au moment où des convois humanitaires ont pu ravitailler Madaya et deux autres villes assiégées depuis des mois.

Le Conseil de sécurité peut en principe saisir la Cour pénale internationale de crimes de guerre en Syrie, domaine de compétence de la CPI. Mais il est vraisemblable que la Russie et la Chine, qui protègent le régime syrien des pressions occidentales, bloqueraient une telle initiative.

Selon l'ONU, 4,5 millions de Syriens vivent dans des zones difficiles d'accès pour les organisations humanitaires et près de 400.000 sont assiégés par les forces du régime ou les groupes armés d'opposition.

Pour M. Ban, lever ces sièges, et plus généralement améliorer le sort des civils dans un pays ravagé par quatre ans et demi de guerre, serait une manière importante d'instaurer la confiance entre les parties syriennes -- gouvernement et opposition -- qui doivent se retrouver le 25 janvier à Genève pour des pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU.

C'est fondamental, a-t-il estimé, pour la crédibilité du processus politique renouvelé que les grandes puissances ont relancé en octobre et novembre à Vienne en établissant une feuille de route pour une transition démocratique en Syrie.

Selon un diplomate du Conseil, il s'agit surtout de convaincre l'opposition, dont la participation aux pourparlers de Genève reste en suspens.

Plus la situation humanitaire est fluide, plus ils seront incités à participer aux pourparlers, a-t-il expliqué. Il est difficile de négocier quand vos enfants ou vos proches sont menacés de famine ou de mort par manque de médicaments. Pour accroître la pression en faveur de la levée de sièges, le Conseil de sécurité devrait se réunir vendredi après-midi en urgence.

Cette réunion publique, à la demande de cinq pays dont Paris, Londres et Washington, vise à alerter le monde sur le drame humanitaire qui se joue à Madaya et dans d'autres villes de Syrie assiégées, a déclaré à l'AFP l'ambassadeur français François Delattre. Il s'agit aussi de contribuer à créer des conditions plus favorables pour une reprise du dialogue intersyrien à dix jours de l'ouverture prévue des négociations de Genève.

Cette réunion ne devrait cependant pas déboucher sur une décision, ou même sur une déclaration commune formelle, étant donné les divisions persistantes sur le dossier syrien entre les 15 pays membres du Conseil, ont indiqué des diplomates. Un haut responsable du Comité international de la Croix-Rouge a estimé jeudi que l'aide apportée à Madaya pourrait permettre de lever les sièges d'autres villes syriennes.

Pour le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart, il y a sans doute une ouverture. Il a évoqué lors d'une conférence de presse des négociations pour maintenir ouvertes les voies d'approvisionnement.

Un nouveau convoi de camions remplis de nourriture et de médicaments est entré jeudi dans Madaya, la ville assiégée par l'armée syrienne devenue le symbole des souffrances de la population civile.

AFP

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