Le président Bouteflika, homme d’exception ou l'ivresse du pouvoir

Conseil restreint autour du chef de l'Etat.
Conseil restreint autour du chef de l'Etat.

Le président de la république algérienne vient de mettre à la disposition de l’opinion publique un avant-projet de constitution qu’il a prévu d’entériner sans débats par l’entremise du parlement.

"L’homme d’exception", comme le décrit son chef de cabinet M. Ouyahia veut visiblement peser de tout son poids sur l’avenir du semblant de pays qu’il compte léguer aux Algériens. L’absence de légitimité du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, demeure entière et ce pseudo coup d’éclat n’est pas de nature à occulter son bilan désastreux. Vos compatriotes vous attendent sur le terrain économique et du développement, ici et maintenant.

Cette constitution-testament ressemble plutôt à une remise en question trop tardive et surtout signe d’un narcissisme inégalé, qui vous fait croire, faute d’autocritique, que vous êtes la nation incarnée. Après tout, on vous doit bien cet ultime examen de conscience, et "la vie sans examen ne mérite pas d’être vécue", disait Socrate. On est bien loin "du jamais-jamais", proféré à Tizi-Ouzou concernant tamazight.

L’Algérie revient à deux mandats, sous prétexte que la mandature à vie ne serait permise qu’à des exceptions comme M. Bouteflika. Cet argument est servi à la nation algérienne par l’indépassable M. Ouyahia, grand défenseur de la mafia, comme l’a décrit l’ancien candidat aux présidentielles de 2014, Ali Bounouari et son serviteur le plus fidèle.

M. le Président, l’hubrisation (accaparement personnel) du pouvoir algérien aura été le plus grand mal que vous auriez fait à votre pays et à son peuple. Il se trouve, en grand nombre, dans votre entourage, des adeptes atteints d’un curieux syndrome, qu’on appelle le syndrome du Berger. L’ignorance, l’incompétence et la corruption sont à peu près les seules choses que vous avez démocratisées.

De nombreux observateurs ont noté le ratage et l’incapacité de M Ouyahia à convaincre qui que ce soit de sensé de cette affaire dont il ne semble pas lui-même convaincu. Cet exercice de pure manipulation de l’opinion était difficile à pratiquer malgré l’expérience du concerné. Mais ce qui semble être plus intéressant encore ce sont toutes les maladresses périphériques qui ont orné cet exercice de communication.

Le monologue devait cesser, dès lors que la messe est dite et qu’il ne s’agit pas d’un changement de régime et que désormais l’exercice des hautes fonctions de l’Etat nécessiterait comme compétence première, le séjour en Algérie durant les dix années précédant la -cooptation- à ses supposées fonctions. Encore une fois, les 16 années passées par M. Bouteflika dans les pays du Golfe, ne peuvent faire office de contre-exemple.

On peut citer à volonté des exemples aussi farfelus les uns que les autres entourant ce testament-constitution. Dans ces conditions, le pays ne peut pas avoir l’envergure qu’il mérite, pourtant ses ressources internes et externes le permettent. Le premier facteur limitant c’est le régime obsolète de M. Bouteflika. Et le pays est réellement en danger.

Un régime qui n’a pas pu gérer l’abondance, saura-t-il gérer la crise en cours ? Forcément que non. L’urgence n’est pas tant dans le rafistolage du texte fondamental du pays, mais le départ du système lui-même. La cécité idéologique de l’après l’indépendance vaut encore aujourd’hui.

Ces constitutions que vous avez foulées aux pieds vous-mêmes ne rendent pas compte de l’âme du grand peuple que nous sommes. Aujourd’hui plus qu’hier, des millions de compatriotes ne savent qui ils sont, d’où ils viennent et où ils s’en vont. Vous qui êtes la nation incarnée, vous qui êtes sensé nous éclairer, malheureusement, votre lanterne- M Bouteflika- ne à peine éclairer le chemin parcouru.

Pour revenir aux syndromes d’Hubris et du berger, il est important de rappeler que le premier, nommé également syndrome de la démesure fait référence à la pathologie du pouvoir. Dans son livre In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) paru en 2008, David Owen examine le rôle de la maladie dans les prises de décision des chefs d’État durant les 100 dernières années. L’auteur est anglais et a été député et ministre des affaires étrangères britannique. Son expérience de l’exercice du pouvoir et sa formation médicale lui ont permis de délimiter les contours de cette maladie du pouvoir. Il en décrit 14 critères dont un narcissisme prononcé et une perte du sens des réalités, une très grande obsession de sa propre image et il est aussi marqué par des décisions irrationnelles et une intolérance quasi-totale à la critique et à la contradiction. Ces personnalités se croient spéciales et douées de qualités hors du commun qui pourraient leur donner le droit de régner sans partage sur les autres.

Le syndrome du berger, quant à lui est peu connu. Il a été développé par le Docteur Jean-Yves Roy, psychiatre québécois. Dans un essai sur les dogmatismes contemporains tente de comprendre la notion du rapport du gourou à ses adeptes, et comment même des gens sensés et hautement éduquées peuvent succomber devant les charmes d’un charlatan et lui confier leur destin et parfois même celui de toute une communauté voire d’un peuple.

Je suis à peu près certain que vous avez déjà entendu les arguments suivants : «Il dirige avec son cerveau et non pas avec ses pieds, que son cerveau est plus performant que tous les cerveaux» des incrédules que sommes supposés être.

N’est-ce pas que c’est révoltant au plus haut point ? Cette culture politique si s’en est une, donne la nausée et limite surtout les chances du pays de se hisser vers un avenir meilleur.

À la lumière de ce qui vient d’être rapporté tout le long de ce propos, j’aurais souhaité, M le Président, partager avec vous ce commentaire d’Al Capone, à propos de Napoléon : "Je reconnais que Napoléon était le plus grand racketteur au monde. Mais j’aurais pu lui montrer à propos d’une chose ou deux... il allait souvent trop loin... comme la plupart d’entre nous. Il ne savait pas s’arrêter".

Et vous M. le Président, saurez-vous arrêter ? "La décision d’aujourd’hui est l’habitude de demain", disait si bien, Victor Frankl, neuropsychiatre, ayant connu les camps de concentrations nazis.

Aujourd’hui est certainement le résultat des décisions d’hier.

Dr. Madjid Yesli

Médecin. Québec. Canada

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (4) | Réagir ?

avatar
moh arwal

N'OUBLIONS PAS QUE MADANI MARZAG A MENACE BOUTEF DE DIRE DES CHOSES TRES GRAVES. C' EST LUI QUI A DICTE LE PREAMBULE DE CETTE REVISION DE CONSTITUTION OU ON ELEVE PLUS HAUT QUE DIEU LA CULTURE ET CIVILISATION ARABE QUI NORMALEMENT A CAUSE D E DAESH DEVRAIENT ETRE RELEGUEES AU RANG D'ORDURES MENAGERES A JETER DANS LA POUBELLE DE L'HISTOIRE.

UNE CIVILISATION ASSASSINE ET OPPRIMANTE ENVERS IMAZIGHENE ET TOUTE L' HUMANITE

avatar
moh arwal

ELEVE LE DRAPEAU AMAZIGH A LA PLACE QU IL MERITE AU SOMMET DE TES

IDEES ET POSITIONS POLITIQUES. NESOIS PAS 'ALGERIANISTE C' EST DEMODE AVEC CE QUI VIENT D'ARRIVER SUITE A CETTE REVISION DE CONSTITUTION DE LA DISCORDE DICTEEAU NAIN PAR LE DHIHADISTE MADANI MARZAK REDIGEE PAR LE KDS OUYAHIA APPROUVEe PAR LES AMIS DU NAIN ET 3AMI SALAH.

visualisation: 2 / 3