Burundi : un journaliste tué avec sa famille à Bujumbura, un autre détenu en RDC

Cristophe Nkezabahizi était journaliste à la RTNB,
Cristophe Nkezabahizi était journaliste à la RTNB,

Cristophe Nkezabahizi journaliste à lla Radio-télévision nationale burundaise (RTNB), sa femme et deux de leurs enfants ont été tués lors d'une opération des forces de l'ordre dans un quartier contestataire de Bujumbura, a-t-on appris mercredi auprès d'habitants de la capitale.

Par ailleurs, un journaliste burundais d'une radio interdite dans son pays était détenu en République démocratique du Congo après avoir participé à une émission sur le Burundi diffusée depuis la RDC.

A Bujumbura, au moins six personnes, dont un policier, ont été tuées mardi dans des violences dans le quartier de Ngagara majoritairement opposé au pouvoir du président Pierre Nkurunziza, selon le porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye.

Ce bilan est contesté par de nombreux habitants, qui accusent les forces de l'ordre d'avoir massacré au moins sept civils. Selon le message publié sur le compte twitter du porte-parole de la police, deux policiers auraient été enlevés par des insurgés à Ngagara.

Un policier a été tué et l'autre gravement blessé par balle. La police est intervenue et a tué cinq personnes au cours d'affrontements qui ont suivi, toujours selon M. Nkurikiye. Un troisième policier, enlevé, a été retrouvé sain et sauf, a-t-il poursuivi.

Mais d'après plusieurs habitants, les hommes de l'API, sorte de garde présidentielle, se sont livrés à un véritable massacre dans le quartier 3 de Ngagara, où ils ont exécuté de balles dans la tête et dans la poitrine au moins sept civils.

Parmi eux, le caméraman de la RTNB Christophe Nkezabahizi, tué en compagnie de sa femme et de deux de ses enfants, une fille de 16 ans et un garçon de 14 ans.

Ce journaliste et les siens ont été tués à bout portant à leur domicile, ont assuré à l'AFP des voisins.

Le Burundi a plongé dans une grave crise politique depuis l'annonce fin avril de la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat.

Depuis sa réélection en juillet, les violences se sont intensifiées, avec des assassinats de personnalités des deux camps, des attaques contre la police et des exécutions sommaires.

'Raisons sécuritaires'

En RDC voisine, les autorités détenaient mercredi un journaliste burundais ayant collaboré à une émission de radio sur son pays diffusée à partir de l'est de la République démocratique du Congo.

Égide Mwemero, de la Radio publique africaine (RPA), la plus écoutée du Burundi avant d'être interdite, a été arrêté mardi avec deux journalistes congolais de la radio Le Messager du Peuple, a déclaré à l'AFP Mutere Kifara, directeur de cette radio communautaire émettant du Sud-Kivu, à la frontière burundaise. Le journaliste et le technicien du Messager du Peuple ont été libérés mercredi mais pas M. Mwemero, selon M. Kifara. Selon ce dernier, les trois journalistes réalisaient un magazine d'information sur le Burundi diffusé par le Messager du Peuple.

Bernadette Masoka, ministre provinciale de l'Information pour le Sud-Kivu, a confirmé leur arrestation pour des raisons sécuritaires. C'est le journaliste burundais qui est le plus concerné car depuis un temps il se tient des propos qui menacent sérieusement la paix au Burundi, a-t-elle dit à l'AFP. Accusée par le pouvoir d'être d'opposition, la RPA avait été fermée fin avril et avait réémis brièvement en mai avant que ses installations ne soient détruites par l'armée.

Dans un communiqué, l'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières a demandé aux autorités congolaises de relâcher immédiatement le journaliste de la RPA et de permettre à la radio de reprendre ses émissions.

Dénonçant un acte de censure violent et intolérable RSF estime que l'arrestation des journalistes répond au souhait des autorités burundaises, contrecarrées dans leur désir d'étouffer toute information dissidente et qu'elle témoigne de la volonté de Bujumbura et de Kinshasa de garder une mainmise absolue sur l'information et d'empêcher le débat démocratique.

AFP

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