Jeunesse algérienne indignée

La colère gronde. La jeunesse est révolté par ces octogénaires qui tiennent le pouvoir.
La colère gronde. La jeunesse est révolté par ces octogénaires qui tiennent le pouvoir.

"L'Algérie est généreuse, mais ses enfants sont ingrats". Anonyme

Contrairement à bien d'autres que j'avais auparavant écrites dans diverses circonstances, où je me suis étalé sur plein de détails qui m'encombrent la conscience dans notre société, je ferai très court dans cette plainte, je voudrais dire cette chronique.

Je me permets en revanche de préciser que cette rencontre entre plainte et chronique n'est pas un jeu de style mais bel et bien une réalité. Aucun jour ne passe dans mon pays sans que l'on soit bombardé d'une actualité pire que la précédente, que l'on se plaigne de ce flou permanent : ce quelque chose qui manque à l'explication de nos impasses, dérange ou simplement fait polémique. C'est devenu une routine... un mode de vie, une mode même. De toute façon, je ne veux plus embrumer désormais les cervelles des lecteurs de mes pensées tristes, un tantinet pessimistes. Je vais me concentrer sur un fait, seulement un fait : le mal-être de notre jeunesse. Loin d'être râleur, j'ai toutefois toutes les raisons d'en être offusqué puisque je fais partie de cette génération perdue. De cette Algérie qui régresse et ne rêve plus!

Je parlerai de cet inévitable sentiment de frustration de millions de nos jeunes qui souffrent de la maladie chronique de leur société. Des jeunes qui cherchent partout de l'amour et de la compréhension mais ne les retrouvent nulle part. Des jeunes livrés à eux-mêmes, écrasés sous la pesanteur des tabous de toutes sortes (social, moral, religieux, sexuel... etc,). Je ne cache pas que chaque fois que j'y pense, de montagnes d'angoisses m’écrasent le cœur avant que je commence à m'interroger seul dans ma solitude : comment ces jeunes-là peuvent-ils accepter de se voir ainsi rejeter avec mépris alors qu'ils sont cette majorité écrasante qui devrait porter l'étendard de la nation et la pousser de l'avant? Et qui plus est n'ont, malheureusement, pas droit au chapitre? Aucun chapitre dirais-je même : ni paix, ni moral, ni moyens, ni considération, ni perspectives ! Comment peuvent-ils digérer le fait que des meurtriers d'hier soient fiers de leurs forfaits et le déclarent même dans des meetings en public et qu'eux, soient forcés de faire l'amour en cachette, dans les buissons, les forêts, les parkings publics et les lieux de débauche malfamés de peur d'être débusqués par ces gardiens du temple autoproclamés de la tradition et de la morale ? Et que ceux parmi eux qui cherchent à se marier n'ont ni logement, ni travail ni sous, rien ? Les poches vides, la raison aride, et l'avenir acide! Je ne peux réprimer un bâillement dès que l'on prononce ces mots-bidon de valeurs, de traditions et de religion. Un sursaut d'indignation qui exprime que l'on en a assez et pour toujours! Fatigués d'entendre les discours hypocrites de ceux qui font l'éloge des frontières, des freins à notre liberté, des bonnes mœurs, de la morale et de la bienséance mais dilapident en contrepartie et sans vergogne notre argent, l'argent de la collectivité, etc. Outrés par ces gros bonnets qui nous construisent à chaque fois de sordides scénarios dans la haute pyramide afin de nous baratiner, ne daignant ni passer la main un jour ni prendre leur retraite, chez eux, parmi les leurs, tranquilles, loin de nous! Dégoûtés de cet abus indécent de notre confiance par ces salauds qui mettent leur bonne conscience au service de leur mauvaise foi.

On en a fait trop là! On nous a cassé, on nous casse encore comme si de rien n'était. Pauvre jeunesse! Je te pleurs, je te plains. Car tes griefs continuent matin et soir sur leur lancée. Qu'est-ce qui fait que les plus blasés soient aujourd'hui à ce point bouleversés ? La vérité est qu'on nous a pollué le cerveau par leur nationalisme rouillé, véreux, maffieux. Qu'on nous a volé notre lucidité, notre générosité, notre volonté, notre sérieux, notre amour du pays, notre dignité d'être algériens à part entière, sans exclusive.

Que veulent-ils de plus ces gens-là ? Et que penser de ces émissions débiles, de ces débats stériles et de ces lèche-culs qui peuplent nos chaînes-télé et notre quotidien? Toute chose sauf du bien sans doute!

Un conseil à mes aînés bien que je sache que les conseilleurs ne sont pas les payeurs : si vous voudrez vraiment messieurs les vieux qui nous dirigent connaître l'étendue de la colère d'un jeune Algérien, prenez vite vos caméras, vos journalistes, vos amis, votre clientèle, vos larbins et allez visiter un village n'importe où en cette Algérie profonde, vous découvrirez cet ennui qui pèse des tonnes, cette sensation du vide qui étire et les ressentiments et les tourments de ces jeunes désœuvrés qui ne savent plus quoi faire de leurs journées longues. Fastidieuses. Mourantes.

Des jeunes désarmés face à l'inconnu, las, enragés. Imaginez au moins une minute l'embarras d'un jeune qui flâne matin et soir entre la maison et le café, son lieu de loisirs par défaut, et vous verrez bien qu'il ne peut que vous haïr. Il ne vous aimera jamais et il fera tout ce qu'il pouvait afin de vous quitter, quitter son pays aussi. Il sera forcément votre ennemi. Votre ennemi vous entendez ! Car, vous lui rappelez sa triste condition, son chômage, sa souffrance, sa misère, sa solitude, ses désillusions etc. Aujourd'hui, vous lui rendrez un grand service si vous partez, il en sera fort soulagé et reprendra espoir en lui-même, en son pays, ses forces, ses capacités. Partez! Partez s'il vous plaît, partez ! On vous pardonnera tout, partez seulement, prenez ce que vous voulez avec vous, remplissez-en des charters et des avions. Choisissez la destination que vous désirez, aux îles Hawaï, Bahamas, Paris, Washington ou je ne sais où, je vous assure que personne ne cherchera de vos nouvelles ni courra derrière vous! Partez loin d'ici, de nos rêves, de nos ambitions, de nos petites illusions candides afin qu'on respire l'odeur du printemps et de l'espoir.... Donnez une dernière chance au pays, partez, s'il vous plaît! S'il vous plaît....

Kamal Guerroua

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Commentaires (4) | Réagir ?

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kamar kamroony

lorsque j'observe nos jeunes aujourd'hui je ne pense pas qu'ils aient réellement conscience du mal qui ronge leur vie, leur quotidien. Vous dites "Des jeunes livrés à eux-mêmes, écrasés sous la pesanteur des tabous de toutes sortes (social, moral, religieux, sexuel... etc,). ", quand je vois tout les vendredis des millions de jeunes, tapis sous le bras se dirigeant d'eux même vers la mosquée, croyant être libres et croyant avoir choisi, je ne peux les qualifier que de jeunes soumis. Soumis par leur propre volonté au mal qui justement leur enlève leur liberté de penser - la religion et les tabous sociaux - Et demandez à ces mêmes jeunes de se promener avec leurs sœurs, leurs mères ou encore de permettre à leurs sœurs de sortir justement avec un autre jeune comme eux et vous comprendrez que le fardeau qui plombe notre société c'est nous même qui le maintenant par notre façon de penser.... Les seules références que possèdent nos jeunes aujourd'hui sont des références religieuses. Pour eux tout doit être codé selon lles préceptes religieux. Ils ne se rendent pas compte que c'est justement dans ces préceptes que leur liberté est confisqué. Liberté de penser, liberté de croire ou pas, liberté d'aimer et de sortir avec une fille... liberté de choisir son destin tout simplement. C'est ce qui fait la différence entre nos société obscurantistes et les autres. Pourquoi tous nos jeunes veulent traverser la mer? ils répondront tous des choses différentes, mais a mon avis, il y a une seule raison à cela, ils vont là où ils se sentent libres. Alors pourquoi ne pas se battre dans nos société pour "être libre", libre des jougs et tabous sociaux, libres du joug de la religion. Notre société ne sera que meilleure. et ce n'est qu'à ce moment que le mal être dont vous parlez disparaitra. Opposer ancienne et nouvelle génération n'est pas la solution et d'ailleurs beaucoup de "vieux" comme on pourrait les qualifier sont plus libres dans leur tête que les jeunes d'aujourd'hui.

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khelaf hellal

Jeunesse algérienne indignée mais pas innocente, rappelez-vous, les jeunes du mouvement Barakat! pour le quatrième mandat se sont retrouvés tout seuls dans la rue face aux forces de sécurité. La majorité des jeunes était mobilisée volontairement pour un soutien massif au quatrième mandat. Il faut se détromper, la majorité des jeunes ne se reconnait que dans l'esprit de foule et le sentiment religieux. Elle est comme dans un état second, hypnotisée et envoutée par ce que la foule lui a désignè comme son Roi. Il faut d'abord la décoloniser et la désaliéner pour qu'elle puisse se réapproprier et marquer son destin. Le leadership, la responsabilité ne se donnent pas, ils s'arrachent contrairement à ce que vous affirmer. J'aurais aimé voir toute la grande majorité des jeunes derrière leurs camarades du mouvement Barakat ! au quatrième mandat. Leur misère morale et matérielle , ils ne la doivent qu'à leurs mauvais choix et leur instinct inférieur qui les a mené cette auto-destruction.

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