Les six impacts de la baisse du cours du pétrole sur l’Algérie

La crise pétrolière qui se profile va avoir un impact sur l'économie algérienne
La crise pétrolière qui se profile va avoir un impact sur l'économie algérienne

On doit raisonner à prix constants et jamais à prix courants ; un cours de 20 dollars en 1985 étant l’équivalant de 90 dollars et plus en termes de pouvoir d’achat de 2015. La LFC2015 prévoit une recette de 34 milliards de dollars pour Sonatrach au cours moyen de 60 dollars, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole, devant déduire 25% de charges pour le profit net.

A 40 dollars (une baisse d’un dollar en moyenne annuelle occasionnant un manque à gagner de 600 millions de dollars) donnerait une recette de 22 milliards de dollars à Sonatrach et un profit net de moins de 17 milliards de dollars. En cette année 2015, l’Algérie étant Sonatrach et Sonatrach l’Algérie, je recense six impacts sur la société algérienne de la baisse des recettes des hydrocarbures en cette année 2015, sont à relever.

Premièrement : sur le niveau des réserves de change qui étaient de 194 milliards de dollars fin 2013 et qui risquent d’être inférieures à 140 milliards de dollars fin 2015.

Deuxièmement : sur le niveau du fonds de régulation des recettes (différence entre le cours moyen et 37 dollars) qui est passé pour la même période de 60 milliards de dollars et qui clôturera à un niveau inférieur à 30 milliards de dollars fin 2015.

Troisièmement : sur la valeur du dinar corrélé à 70% aux réserves de change via les hydrocarbures, qui est passée de 76 dinars début 2014 pour un dollar à 105 dinars un dollar et près de 117 dinars un euro le 18 août 2015, voilant l'importance réelle du déficit budgétaire et gonflant artificiellement le fonds de régulation des recettes. Avec des réserves de change de 10/20 milliards de dollars le cours officiel du dinar algérien dépasserait 200 dinars un euro, en cas d’une non dynamisation des sections hors rente, la valeur d ‘une monnaie reposant avant tout sur la production et la productivité.

Quatrièmement : nous aurons un impact sur le rythme de la dépense publique qui détermine fondamentalement le taux de croissance avec les effets indirects à 80%, 97% des exportations provenant des hydrocarbures et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Environ 83% de la superficie économique est constituée de petits services/commerce, et secteur industriel pesant moins de 5% du PIB).

Cinquièmement : sur le niveau d’inflation qui est actuellement compressé par les subventions et les transferts sociaux pour 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB, Le dérapage du dinar gonflera forcément le coût de l’ensemble des entreprises, donc sur le prix final si l’on veut éviter la faillite de ces entreprises et se pose le problème des prix subventionnés. Cela a un impact sue le pouvoir d‘achat des Algériens qui est corrélé à 70% sur les recettes de Sonatrach qui a engrangé 760 milliards de dollars en devises entre 2000/2014 et a permis une importation en devises de 585 milliards de dollars, la différence les réserves de change au 31/12/2014. Méditons notre expérience de l'ajustement structurel imposé par le FMI entre 1994/1996 qui a laminé les couches moyennes, imposé une dévaluation du dinar passant de 20/25 dinars un dollar à 45 dinars un dollar, et récemment l'expérience d'austérité de la Grèce où le pouvoir d’achat a été diminué de près de 40%, pays qui avec 11 millions d’habitants a un PIB supérieur à celui de l'Algérie.

Sixièmement : l’impact sur le niveau de création d’emplois pouvant conduire à d’importantes tensions sociales, voire politiques ayant privilégié jusqu’à présent non les emplois productifs et mais les emplois rente, gonflant d’ailleurs artificiellement le taux de chômage officiel : pléthore dans les administrations, sureffectifs dans les entreprises publiques, emplois temporaires très peu pour ne pas dire improductifs comme faire et refaire des trottoirs, etc.

Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (2) | Réagir ?

avatar
Dahmane Laroum

La véritable catastrophe pour l'Algérie est plutot du coté des ressources humaines et non pas minieres ou petrolieres. Quand je lis les analyses socio-économiques de ces pseudo-experts, je me dis que plus de 90% des algériens ont perdu tout gout pour l'investissement dans le travail besogneux qu'il soit intellectuel ou autre pour s'accomplir dans la vie. Tout le monde a été corrompu, et les deux seules voies qui restent credible sont l'asservissement au pouvoir pour recolter qques miettes du gateau petrolier ou bien l'immigration. Bouteflika a reussi sur toute la ligne dans son projet de destruction des ressources humaines.

avatar

Tout à fait d'accord. L'immigration est la même pour ceux qui profite du gâteau pétrolier ils veulent s'installer en France malgré tout ; scolariser leurs enfants entre autre. Une forme de désespoir s'installe pour un pays jeune. Le déshonneur pour ceux qui sont mort pour l'Algérie libre indépendante.