Droits de l'homme en Arabie saoudite: une monarchie à l'abri des critiques

John Kerry et le défunt roi d'Arabie saoudite.
John Kerry et le défunt roi d'Arabie saoudite.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite, 90 ans, mort vendredi a été enterré juste après la grande prière. Son demi-frère Salman, 79 ans, lui succède sur le trône. Les principaux dirigeants de la planète, parmi lesquels François Hollande ou Barack Obama, ont rendu un hommage appuyé au roi Abdallah, saluant un défenseur de la paix au Moyen-Orient. Une valeur qui n’a pourtant toujours pas sa place au sein du royaume saoudien, où les droits de l’homme sont souvent bafoués.

Riche de ses pétrodollars, l'Arabie saoudite bénéficie d'une certaine complicité occidentale en matière de violation des droits de l'homme. Absence de liberté, de démocratie, le modèle saoudien est l’un des plus rétrogrades au monde : décapitations, lapidations et flagellations. Le royaume n’a pourtant jamais été inquiété et n’a jamais rendu de comptes à ses alliés occidentaux. Contrairement à ses voisins syriens ou iraniens violemment critiqués pour leur gestion des droits de l’homme.

Une complaisance à l’égard de cette monarchie qui s’explique par une alliance stratégique, mais aussi économique et commerciale. Tout commence en février 1945 lorsqu’Américains et Saoudiens signent ce fameux accord : pétrole contre protection.

Soixante-dix ans plus tard, cet accord est toujours en vigueur et Riyad reste l’un des deux principaux alliés de Washington dans cette région. Ce laxisme des Etats-Unis vis-à-vis de son partenaire moyen-oriental résonne comme une fausse note face à la lutte contre le terrorisme et la défense des droits de l’homme qui sont pourtant le cheval de bataille de la politique étrangère américaine. Idem pour la plupart des pays occidentaux qui mettent un point d’honneur à entretenir des relations privilégiées avec l’Arabie saoudite au détriment des principes qu’ils défendent. D'ailleurs, le monde occidental (Obama, Merkel, Hollande, etc) a salué unanimement "l'engagement" d'Abdellah pour la paix, faisant table rase complètement de l'absence totale de démocratie et de libertés individuelles dans cette monarchie.

Le bloggeur Badawi condamné à 1000 coups de fouet

Raif Badawi a reçu 50 coups de fouet le 9 janvier, en présence d’une foule devant une mosquée à Jeddah. Il s’agissait des premiers coups sur les 1000 coups de fouet auxquels il a été condamné, au-delà d’’une peine de dix ans de prison pour la mise en place d'un site web réformateur et pour avoir prétendument insulté les autorités religieuses.

Les accusations portées contre Badawi sont basées uniquement sur l'exercice pacifique de son droit à la libre expression, a précisé Human Rights Watch. Badawi a créé en 2008 un forum de discussion en ligne visant à encourager un débat sur les questions religieuses et politiques en Arabie saoudite. le bloggueur Badawi est détenu dans la prison Buraiman de Jeddah depuis son arrestation le 17 juin 2012.

"Les châtiments corporels ne sont pas nouveaux en Arabie saoudite, mais fouetter en public un militant pacifique qui n’a fait qu’exprimer ses idées envoie un message hideux d'intolérance", a déclaré Sarah Leah Whitson, Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

En juillet 2013, la Cour pénale de Jeddah a condamné Badawi en première instance à sept ans de prison et à 600 coups de fouet, mais en mai 2014, une cour d'appel a augmenté cette peine, la portant à dix ans de prison et 1 000 coups de fouet. Le jugement prévoit que les 1 000 coups de fouet doivent être distribués lors de 20 séances de 50 coups devant la Mosquée al-Jafali, avec au moins une semaine entre chaque séance.

Le droit international relatif aux droits humains interdit les verdicts judiciaires qui imposent les châtiments corporels, y compris la flagelleation, en tant que torture, a rappelé Human Rights Watch. Pourtant, l’Arabie saoudite a ratifié en 1997 la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Avec RFI/HRW

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Commentaires (3) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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mohand tawdect

Pour montrer que le fouet est l'instrument de la rédemption et de la récupération des santés morale et physique, il est prévu moult délicatesses entre les séances de flagellations. Autrement dit le fouet arabo-islamique est un outil de restaurations physique et mentale ; c'est du moins ce que pensent ces chefs d'Etats qui viennent présenter leurs larmes de crocodile !

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