L’Algérie expulse des centaines de familles nigériennes. Par un savant jargon dont elles excellent, les autorités présentent cette mise à la porte de l’Algérie comme un voyage. Voire de caravane !!! Comble du cynisme !!! N’était la gravité d’une telle mesure, on l’aurait prise pour de l’humour. Une mesure d’expulsion pure et simple de 700 Nigériens, dont 50 enfants est présentée par les autorités comme une opération presque de tourisme. Rien que ça donc !!!

L’agence officielle, comme pour nous rassurer, précise que ces "déplacés" (elle ne parle pas d'expulsés) ont été reçus dans un centre d’accueil où ils avaient été temporairement hébergés à El Khroub (Constantine), avant de prendre par bus la destination de Tamanrasset. Elle poursuit, pour argumenter cette chasse de femmes, d'enfants et d'hommes qui ne recherchaient qu’une vie meilleure - comme au demeurant des milliers d’Algériens qui prennent la route de l’Europe, dont des dizaines sont régulièrement expulsés vers l’Algérie – que quatre bus sont mobilisés pour ces Nigériens. Eh oui, les autorités mettent les moyens pour mettre dehors ces familles. Le convoi est même escorté par les services de sécurité pour sans doute faire passer à nos chers voisins la moindre envie de s’échapper.

La solidarité entre pays voisins a des limites que les autorités algériennes ont pris l’habitude de fouler au pied. En novembre dernier, six Nigériens sont morts au cours de leur expulsion dans un accident de la route. Ces expulsés vivaient de la mendicité, argumentent les autorités. Sans doute mais le Niger où ils sont expulsés est l'un des pays les plus pauvres au monde. En 2013, 92 migrants sont morts de soif en plein Sahara. Le supplice de ces damnés de la terre a dû être insoutenable.

Qui s’en est soucié ? Personne. Sûrement pas les autorités rompues à l’indifférence. Comme le seraient-elles d'ailleurs puisqu'elles ignorent superbement la protestation des habitants du sud qui rejettent l'exploration du gaz du schiste. Ou bien les nouvelles victimes de la répression à Ghardaïa.

Cette expulsion exsude un certain racisme dissimulé. Aucune organisation algérienne des droits de l'homme, aucune personnalité ni parti n'a élevé la moindre protestation pour dénoncer ces expulsions. Ce silence ne nous honore pas. Demain, quand des Algériens sans papiers seront expulsés manu militari de l’Europe que personne ne dise mot.

Hamid Arab