A quelques heures d’une finale d’une coupe du monde, - dimanche 21h en France – et alors que les jeunesses israélienne et palestinienne, du moins leur frange éprise de paix, se passionnent des images qui leur parviennent du Brésil, l’Etat juif fait pleuvoir le feu de Dieu sur Gaza. Des dizaines d’enfants ont déjà succombé sous les bombes de Tsahal. A l’heure où nous écrivons ces lignes, on décompte plus d’une centaine de victimes.

Ces bombardements absolument injustifiables sont une réponse totalement disproportionnée aux tirs de roquettes du Hamas. Pas un mort n’est tombé à Zderot, Jérusalem ou Tel-Aviv !

Voilà qui est venu nous gâcher le plaisir que nous avions à suivre les exploits de la planète foot, d’autant que ce mondial brésilien nous a réservés de sidérantes surprises dans la plus banale n’est pas l’humiliation subie par la nation organisatrice. Les Brésiliens sont groggys. Dilma Roussef, la présidente du pays, en est à se demander s’il lui reste encore une infime chance d’être réélue. Son exercice à la tête de l’Etat brésilien a été littéralement torpillé par les errements de Luis Filipe Scolari et ses joueurs. Avec quel mental la Céleste va-t-elle affronter les Pays-Bas ce samedi ? Où les camarades de Diago Silva, qui sera revenu de l’expulsion à l’occasion de ce match comptant pour la médaille en chocolat, trouveront-ils les ressources qui leur permettront de sauver l’honneur, si tant est qu’il en reste des bribes à sauvegarder ?

Le Brésil a dépensé sans compter pour organiser ce mondial 2014, entre 8 et 13 milliards d’euros. Si, sur le plan économique, on lui prédit à terme un amortissement raisonnable de cette saignée, il est beaucoup moins évident que ce grand pays arrive à endiguer le retour annoncé de la colère populaire.

La rue gronde à Rio sur laquelle a failli fondre le Christ rédempteur du Mont Corcovado …

Le Brésil à qui a échu les jeux olympiques de l’été de 2016 n’aura finalement pas tout perdu malgré les sept claques que lui a administrées l’Allemagne.

Le pays du roi Pelé a réussi, malgré des périls qui menaçaient la compétition, il y a encore quelques semaines, le pari d’une organisation presque sans failles en plus d’un succès populaire certain. Taux de remplissage des stades : 95 %. Restera de cette mauvaise aventure, l’amertume de la déroute historique des coéquipiers de David Luis, cette tache qui restera indélébile sur le corps qui a tant donné au football mondial.

Dimanche, les derniers chanceux qui auront festoyé, durant un mois du côté de Copa Cabana, lèveront le camp. Le monde alors, s’il lui reste un peu de cœur et de bon sens tournera son regard vers des contrées où se déroulent des drames humaines les plus inattendus, les plus révoltants. A l’heure où l’Argentine ou l’Allemagne triomphera sur le gazon du Maracana, Israël sera sur le point ou en train de calciner les jardins de Palestine.

Le football est un jeu passionnant mais il a cela de dommageable : il nous élève au-dessus de la réalité. Il nous empêche de la voir avec des yeux justes. La FIFA, malgré l’élimination prématurée du Brésil, doit jubiler. Zurich est bien loin de Gaza. La France satisfaite de la performance des Bleus a déjà dévié son regard, il est tout entier posé sur le Tour de France.

Les Algériens d’ici et de là-bas sont, pour leur part, rentrés, ramadan oblige, dans le coma. Ils se lèvent tard, travaillent peu et mangent beaucoup. Ils regarderont la finale de ce mondial entre deux repas. Ils se nourriront aussi de l’espoir que le futur entraîneur de l’EN, probablement Christian Gourcuf, consolidera la fierté retrouvée à la faveur des résultats des Verts.

La fête brésilienne est presque finie, nous nous apprêtons à quitter la table avec la conscience que cette coupe du monde n’aura rien changé à nos destinées. L’arbitre du match Argentine-Allemagne va bientôt siffler la fin de l’entracte. Il sera, sans doute, temps alors de nous inquiéter de ce que nous réserve Abdelmalek Sellal.

Meziane Ourad