Municipales : la France se droitise à outrance, la gauche perd pied

Marine Le Pen jubile devant une France qui se droitise.
Marine Le Pen jubile devant une France qui se droitise.

Portée par des résultats prometteurs aux élections municipales, l'UMP a fait bloc lundi contre le "front républicain" défendu par la gauche pour barrer la route au Front national au second tour en sanctuarisant la doctrine contestée du "ni ni".

Les résultats des municipales sont un cauchemar pour la gauche, une bouée de sauvetage pour une UMP déchirée par les égos et les affaires. L'Union pour la majorité tente de retrouver un seul discours. Péniblement en attendant les prochaines affaires.

Signe d'un unanimisme nouveau face à la forte poussée du FN, François Fillon, jadis rival de Jean-François Copé à la présidence de l'UMP, s'est aligné sur la consigne officielle du dirigeant du parti d'opposition, qui consiste à ne prendre parti ni pour le FN ni pour le front républicain le 30 mars.

"La règle, elle est constante partout : aucune alliance d'aucune sorte avec le FN, mais pas d'appel non plus à voter pour le Parti socialiste, qui est allié avec le Front de gauche", a réaffirmé lundi Jean-François Copé sur BFM TV. Elle a été entérinée lundi après-midi en bureau politique, les candidats UMP tentés par une alliance ou un désistement en faveur du FN s'exposant à une mesure d'exclusion.

"Nous sommes tous d'accord", a déclaré à Reuters Christian Jacob, président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, à l'issue de cette réunion à huis clos. "Partout où on est en situation d'être au deuxième tour on se maintient parce qu'on s'est battu au premier tour sous nos couleurs et on sera au deuxième tour sous nos couleurs." Cette stratégie, arrêtée par Nicolas Sarkozy lors des cantonales de 2011, lorsque le FN s'était maintenu dans près de 400 cantons, a fait l'objet de vifs débats au sein du parti.

François Fillon, après s'être dissocié en 2011 de Nicolas Sarkozy en appelant à voter contre le FN, avait amorcé une bombe en septembre dernier en recommandant de voter pour le "moins sectaire" des candidats en cas de duels entre un socialiste et un Front national, une position légitimant de fait le vote FN.

Le député de Paris s'est finalement rallié à la ligne Copé en soulignant dans un communiqué que "vis-à-vis du Front national, aucun désistement et aucune alliance ne peuvent être, pour l’UMP, envisagés". Alain Juppé, qui fut l'un des Premiers ministres de Jacques Chirac, défenseur alors du "front républicain", a lui-même mis en garde les électeurs contre "le piège" de cette stratégie.

Les sympathisants UMP/FN pour des alliances

Des cadres de l'UMP notent qu'au sein du PS même, en dépit des consignes des instances nationales, le "front républicain" est en passe d'être enterré. Le député PS Yann Galut, par exemple, estime que "la mort du front républicain est désormais manifeste" car "il ne fonctionne que dans un seul sens".

Jean-François Copé et les autres responsables de l'UMP appellent les électeurs qui ont voté FN au premier tour à reporter leur voix sur le candidat UMP au motif que "si on revote FN au second tour, c'est un coup de main à la gauche".

En maintenant partout ses listes au second tour dans les triangulaires et quadrangulaires, l'UMP prend le risque de faire élire un candidat FN, un paradoxe que des élus de gauche dénoncent comme des appels du pied déguisés à l'extrême droite. Selon un sondage Ifop publié lundi, 55% des sympathisants UMP et 62% des sympathisants FN sont favorables à des alliances locales entre les deux partis. "On n'a pas de points communs avec le Front national, on ne va pas aller grappiller des voix à n'importe quel prix", a déclaré sur RTL Jean-François Copé, qui récuse toute "alliance contre nature".

A Forbach (Moselle), le vice-président du FN, Florian Philippot peut l'emporter : il est arrivé en tête avec 35,75% devant le socialiste Laurent Kalinowski (33%), le divers droite Eric Diligent (18,99%) et l'UMP Alexandre Cassaro (12,26%). L'UMP se trouve ainsi en contradiction avec ses alliés centristes de l'Union des démocrates et indépendants.

L'UDI a demandé lundi au PS et à l'UMP de se retirer dans neuf villes pour faire échec au FN (Fréjus, Brignoles, Cavaillon, Saint-Gilles, Carpentras, Tarascon, Beaucaire, Cogolin, Forbach). Le parti a retiré à Forbach sa candidate qui était placée en deuxième position de la liste UMP. "Dans toutes les villes où l'extrême droite pourrait s'emparer du pouvoir, l'UDI prend une décision sans ambiguïté", déclare-t-elle dans un communiqué.

Pour le politologue Thomas Guénolé, la ligne du "ni ni" "est contre-productive "parce qu'elle ne fait pas gagner une seule voix à l'UMP sur sa droite, et éloigne davantage d'elle l'électorat de centre-droit".

Avec Reuters

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