Algérie : donner du sens à l’incontournable transition

La seconde sortie de Mouloud Hamrouche, l’enfant du système, nous interpelle sur ce qui pourrait se passer d’ici le jour du scrutin
La seconde sortie de Mouloud Hamrouche, l’enfant du système, nous interpelle sur ce qui pourrait se passer d’ici le jour du scrutin

Un peu plus d’un mois nous sépare de ce fatidique rendez-vous électoral du 17 avril 2014. Parmi les 135 candidats à la candidature, le tamis du Conseil constitutionnel, dont le président Mourad Medelci est un proche du chef de l’Etat, distinguera entre les acteurs principaux et les figurants de cette comédie tragi-comique où un peuple anesthésié est convié à donner ses voix à un homme sans voix, une population sommée de sanctifier le règne d’un autocrate cloué sur son fauteuil roulant.

Nous serons édifiés à la mi-mars sur le tableau final et le placement des chevaux et des lièvres, se dessinera alors la configuration du compris entre les clans politiques et le poids de leurs armes.

Sommairement la scène politique présente un tableau peu reluisant du pays objet de moqueries et de dérision sur la scène internationale et d’un verrouillage systématique sur le plan intérieur malgré l’inflation de candidatures plus ou moins insignifiantes convoquées pour enjoliver et décorer le scrutin fermé et joué d’avance.

L’adage populaire qui sied à cette circonstance est «Racham Hmida, Laab Hmida» ! Le houleux simulacre de bataille entre le clan présidentiel et le département des renseignements et de la sécurité (DRS ) offert via les medias avait mis en appétit la population qui espérait au mieux une providentielle sortie vers un Etat civil et la fin des faiseurs de rois ou au pire un arbitrage bien neutre de l’Armée entre deux à trois candidats enfants du système notamment après la sortie en éclaireur de Mouloud Hamrouche, l’ancien chef du gouvernement sous la présidence de Chadli Bendjedid ! Mais le combat douteux a tourné court et un fragile consensus s’est dessiné entre les clans et les multiples officines du pouvoir autour d’un 4e mandat pour Abdelaziz Bouteflika, un président physiquement diminué que la population n’a pas entendu depuis plus d’un an. L’annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika faite par le premier ministre, malgré son statut de chef de la commission de supervision électorale, n’a laissé aucun doute sur la volonté de verrouiller l’élection, s’il y avait encore des velléités naïves de croire à une quelconque ouverture, même la plus ténue, après l’interdiction faite aux adeptes du boycott de faire campagne et toutes les précautions prises en amont et en aval pour faire de ce scrutin un passage en force, un referendum à «L’algérienne».

Peut-on assister à deuxième janvier 1992 ?

Que se passera-t-il d’ici le 17 avril ? La seconde sortie de Mouloud Hamrouche, l’enfant du système, nous interpelle sur ce qui pourrait se passer d’ici le jour du scrutin. Le scrutin aura-t-il lieu comme prévu ? L’appel de l’ancien chef du gouvernement qualifié de « Père des reformes » pour un sursaut salvateur de l’intérieur de l’ANP avant que « l’arbre tari et desséché du système ne nous tombe sur la tête » sera-t-il entendu ? Ne sommes nous pas dans la configuration de janvier 1992 ? L’armée comme en 1992 rompra-t-elle le consensus précaire pour siffler la fin de la partie avant qu’elle soit jouée ? L’armée forcera-t-elle le conseil constitutionnel à prononcer l’état d’empêchement suivant la nouvelle loi électorale (art 141) qui ouvre la possibilité de substituer au candidat empêché un autre candidat héritant du dossier de candidature de son prédécesseur avec un report des élections de 15 jours maximum ?

Contrairement à 1992 où la menace sur le caractère républicain de l’Etat était identifiée et incarnée par un adversaire externe au système, le courant islamiste regroupé autour du Front islamique du Salut (FIS), le scrutin du 17 avril prochain exprimera l’ascendant d’un clan du pouvoir sur un autre ! Ce n’est plus la nature de l’Etat qui en jeu mais la maitrise des ressources du pays (187 milliard de $ US en 15 ans). C’est de la souveraineté sur le processus de décision politique qu’il s’agit, Bouteflika qui ne peut s’accommoder d’un pouvoir bicéphale, peut-il encore accepter, malgré son état de santé, d’être un trois quart de président ? Toufiq, le faiseur de présidents s’accommodera-t-il d’une mise en retraite et d’une fin de mission annoncée ? Le fragile contrat entre les deux clans résistera-t-il à un sursaut populaire et à l’ébullition du front social ?

Le front du boycott constitué des formations politiques (RCD, HMS, Ennahda, et Jil Jadid) trouvera-t-il une expression sur le terrain des luttes populaires ? Ce n’est plus le caractère républicain de l’Etat qui est en jeu mais la nation et la patrie ! Le pays évolue dans un contexte régional instable et une situation internationale hostile, l’armée algérienne étant considérée comme le dernier verrou contre le néocolonialisme mercantile des anciennes métropoles.

Entre la vision des adeptes du boycott et l’analyse de Mouloud Hamrouche ponctuée par le souhait de voir l’armée s’impliquer et rectifier la trajectoire du régime avant qu’une implosion du système bloqué ne dévaste le pays, il ya comme une complémentarité dans la pensée et dans les contours de la transition politique envisagée. Le "front du boycott" propose de déconstruire pacifiquement le système mortifère et liberticide, dans une première étape par le discrédit actif de l’élection et dans un deuxième temps par la construction d’un rapport de force favorable à la réunion des présupposés de base d’un Etat civil, d’une république démocratique avec toutes les forces vives du pays autour de principes partagés par tous. Si les adeptes du boycott s’appuient sur des appareils de partis idéologiquement éloignés les uns des autres représentant des forces populaires non identifiées, La proposition de Mouloud Hamrouche de mettre fin au blocage du système construit une transition adossée à l’implication de l’armée et identifie précisément les parties concernées par le dialogue futur, par "les minorités, les régions, les groupes…)"

Dans le cas d’une insurrection populaire à l’égyptienne quel serait le comportement de l’armée ? Dans le cas d’un arrêt du processus électoral par l’armée quel serait le comportement des Baltaguias et des forces de nuisance de la bourgeoisie compradore et du Capital informel qui poussent à la roue du carrosse du 4e mandat qui, étaient derrière les émeutes de janvier 2011 ? L’élection ne changera rien à la nature du système ayant atteint son seuil de contre-productivité. Le 18 avril ouvrira sur des perspectives où personne ne pourra se dérober à sa responsabilité, c’est du sort de l’Algérie qu’il sera question !

"L’arbre tari et desséché du système risque de nous tomber sur la tête si on ne prend pas les précautions idoines ici et maintenant", comme dirait Mouloud Hamrouche.

Rachid Oulebsir

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Commentaires (6) | Réagir ?

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sarah sadim

JE CROIS QU'IL NE RESTE PLUS QUE LE LANGAGE DES ARMES? Non SiGhoul l'escrot, non Benyounes Amara la honte de la Kabylie, Non si Sellal, non amar Ghoul, non si Belaiz le Maroain, ca vous fait peur, he bien vous serez servis tous comment vous ne pourriez jamais l'imaginer, bande de vas nus pieds, quand à votre Fakhamatouhou une fin pire que celle de Gueddafi se présage à bientot.

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Massinissa Umerri

Jusque-la, les Lyceens de Vgayet, tous des adolecents, sont les seuls qui se tiennent en Homes, Grands devant ce regime. Et une ou deux femmes a Alger - au moins une d'entre elles est veuve, pour vous dire que l'hommelette est algerienne est la seule barriere devant ces braves. Eventuellement, les zomelettes pousseront, dupoil la ou il en faut, sur et dans la tete, pas au visage ou sur les levres pour mieux se la fermer.

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chilmoune

1954-1962 c'est le peuple qui a souffert.

1990 - a ce jour c'est le peuple qui a souffert.

Aprés le 17 avril c'est le peuple qui va souffrir encore......... .

On a une armée d'affairistes et non une armée républicaine............... c'est malheureux.... pourquoi l'armée n'a rien fait contre la destruction de l'école par les arabo-islamistes ? Et pourtant ils ont tous étudié dans les grandes universités occidentales. C'est de l'école laique que sort les futurs génération battisseurs et non des écoles démagogique de BABA AHMED et consort qui forment des terroristes et des drogués..

Seul l'instruction libére !

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