Les trois messages de Hamrouche (3)

Mouloud Hamrouche lors de sa conférence de presse.
Mouloud Hamrouche lors de sa conférence de presse.

Bouteflika est malade, mais c'est Hamrouche qui vient de mourir.

Par Mohamed Benchicou

En renonçant, avec si peu de panache, à postuler pour les présidentielles, l'ancien chef du gouvernement sous Chadli, dit tristement adieu à la politique et sans doute même à ses anciennes réputations. Trop vieux pour 2019. Trop vieux, trop tard. Trop tendre, aussi. Il sera parti rejoindre son silence, sa solitude, ses amertumes, ses secrets aussi, tout ce qui fait ce système ténébreux et grabataire. Il sera parti sans le dernier combat. Sans même une dernière illusion. L'avenir de ce pays ne vaut donc même plus un semblant de riposte. C'est pourtant lui qui avait crié pour qu'on l'entende : "Notre pays vit des moments sensibles qui vont conditionner son avenir immédiat et profiler irrémédiablement son devenir".

Que s'est-il passé entre-temps ? Tractations ? Désespoir ? Personne ne veut plus le savoir. Tout le monde se doute, à Alger, que le pays a cessé d'être souverain, que nous sommes gouvernés depuis une villa de Sidi Yahia et un building du Manhattan, que l'on décapite nos officiers sous la dictée des puissants de ce monde, ceux-là même qui délivrent  le deuxième, puis le troisième puis le quatrième mandat...Alger sait tout cela. Elle n'avait pas besoin d'un constat mais d'une audace. 

Hamrouche aurait dû se taire ou se battre. Il n'a fait ni l'un ni l'autre. Il a brisé un long silence éloquent pour un bref moment de rodomontade. Pourquoi avoir déclaré que le système était "réformable" de l'intérieur pour ensuite nous annoncer le contraire, c'est-à-dire ce que l'on savait déjà ? "Faut-il convoquer aujourd’hui, la promesse d’édifier un État moderne qui survit aux hommes, aux gouvernements et aux crises ?", disait-il.  "Faut-il rappeler encore l’engagement pris de poursuivre le processus démocratique ?", écrivait-il. Tout cela pour, au final, baisser genoux, comme si l'État moderne, le processus démocratique, ne méritaient pas un ultime instant de bravade. 

Tant pis, nous nous battrons sans eux tous, qui avaient mis le costume de l'ange. J'avoue avoir renoncé à la dernière minute, à assister aux dérisoires explications d'un homme qu'on n'entendait déjà plus. Ce jeudi après-midi, Alger était sous un beau soleil. J'ai préféré ces rayons de vie à la moite pénombre d'une salle d'hôtel où un personnage averti capitulait devant le système dont il se revendiquait. Il faisait beau, quelques bambins rejoignaient l'école, j'ai fait quelques pas avec eux. Il m'a semblé alors avoir marché longtemps, moi qui suis plutôt paresseux, très longtemps, au point de réaliser, une fois de plus, sous le soleil d'Alger, que les belles foulées vers nos chimères, sont toujours celles que l'on fait soi-même.

M. B.

Lire aussi:

- Les trois messages de Hamrouche (1)

- Les trois messages de Hamrouche (2)

- Les trois messages de Hamrouche (4e et fin)

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Commentaires (13) | Réagir ?

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oziris dzeus

C'est en 1998 qu'il fallait soutenir Zeroual qui aurait quitté le pouvoir en 2000 aprés la fin de son premier mandat et aurait permis un changement avec l'arrivée de jaunes au pouvoir. C'est en 1998 qu'il fallait dire des choses biens pour sauvegarder l’Algérie. En 1999 vous n'auriez jamais abandonné les algériens pour créer une opposition a boutef avec les voix que vous auriez récoltés (vous ou un autre des six can), souvenez-vous de l'engouement des algériens pour les élections de 1999 qui devaient ressemblées a celles de 1995 et donner ainsi un nouveau souffle à l’Algérie.

C’est en 2008 qu'il fallait parler. Toujours en retard? Non vous arrivez au bon moment pour faire peur aux algériens et sauver votre ami boutef et votre système. Chacun de vous joue son rôle à la perfection. Benha fait partie des bourourous (comme vous) qui font peur au algériens au profit de boutef. Parmi les jeunes candidats y a deux algériens (venus d’ailleurs) qui vont vous faire de l'ombre et risque d'arriver à elmouradia si ce n'est en 2014 ça sera plus tard. C’est deux-là ils ne se débineront pas, ils vous feront face en douce. Et ce sont ces deux-là qui vous gênent et vous font sortir de vos mutismes.

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Khalida targui

on lui a dit de revenir et on lui a dit de repartir fissa c'est tout c'est pas compliqué, il tient le parapluie; les vrais hommes sont des hommes morts fi el djazair

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