Procès de Mohamed Morsi (Egypte) : les avocats se retirent

Mohamed Morsi dans les griffes de la justice militaire.
Mohamed Morsi dans les griffes de la justice militaire.

Mohamed Morsi que les militaires ont débarqué l'été dernier, a comparu dimanche pour être jugé de complot avec des organisations étrangères en vue de commettre des actes terroristes.

Délogé par l'armée à la faveur d'un coup d'Etat en juillet un an après son élection, l'ancien président égyptien est actuellement jugé dans trois affaires distinctes et poursuivi dans deux autres dans le cadre de la répression engagée contre les Frères musulmans, dont il est issu. L'affaire jugée dimanche est "le plus grand complot de l'histoire de l'Égypte", affirme l'accusation, qui évoque un "projet terroriste" datant de 2005 et impliquant le mouvement palestinien Hamas et le régime chiite en Iran avec son allié libanais du Hezbollah.

Les avocats de Mohamed Morsi, qui comparaît dans un box en verre insonorisé, se sont retirés du procès, car ils ne parvenaient pas à entendre leur client. Le juge contrôle les microphones permettant aux prévenus de se faire entendre. "Ma conscience professionnelle ne me permet pas de continuer", a déclaré l'avocat Mohamed Salim al Aoua. Le tribunal a ordonné à un syndicat d'avocats de désigner dix avocats pour défendre Mohamed Morsi à la reprise du procès le 23 février. "De quoi avez-vous si peur ? Avez-vous peur parce que vous n'avez aucun soutien de la population ?" a demandé l'ancien président aux juges.

Au total, 36 personnes sont jugées dans ce procès pour divers crimes, dont exécution d'actes terroristes en Égypte et divulgation de secrets militaires à un pays étranger. Outre Mohamed Morsi sont aussi jugés plusieurs autres responsables des Frères musulmans, déclarés organisation terroriste en décembre par le gouvernement mis en place par l'armée. Parmi eux figurent Mohamed Badie, Khairat al Chater et Mahmoud Ezzat. 

D'après le parquet, le projet des Frères musulmans consistait à envoyer des "éléments" dans la bande de Gaza pour y recevoir une formation militaire de la part du Hezbollah et des Gardiens de la révolution iraniens. À leur retour en Égypte, ces "éléments" ont joint leurs forces à celles des groupes radicaux présents dans la péninsule du Sinaï, selon cette version du parquet. Après le soulèvement populaire de 2011 ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak, ils ont profité du chaos en Égypte pour commettre des attaques contre les forces de sécurité dans le nord du Sinaï et ailleurs. Si Mohamed Morsi n'avait pas été élu président en 2012, leur objectif était de proclamer un "émirat islamique" dans le nord du Sinaï, affirme le parquet.

Des collaborateurs de Mohamed Morsi, dont son conseiller à la sécurité nationale Essam el Haddad, ont transmis des informations secrètes aux Gardiens de la révolution iraniens et au Hezbollah pour les remercier de leur coopération, a poursuivi le procureur. Le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a qualifié ces accusations de "constructions et mensonges". Après la sévère répression engagée contre les Frères musulmans sur le plan intérieur, l'armée égyptienne entend désormais s'en prendre au Hamas, qu'il soupçonne de soutenir les activistes islamistes du Sinaï, ont déclaré des responsables des services de sécurité égyptiens à Reuters.

Le mouvement palestinien dément soutenir les rebelles du Sinaï.

Avec Reuters

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