Les discours chimériques des candidats à l’élection présidentielle

Les candidats à la présidence font montre d'une grande indigence en matière économique.
Les candidats à la présidence font montre d'une grande indigence en matière économique.

Jamais depuis l’indépendance politique de l’Algérie nous n’avons jamais assisté à une situation si rocambolesque qui peut conduire à la déliquescence de l’Etat.

1.- Certains responsables sont-ils conscients qu’en ce mois de février 2014, nous sommes la risée du monde, assistant à un spectacle désolant qui risque de déstabiliser tout le pays ? Par ailleurs, nous allons vers plus de 100 candidats à la candidature, chacun rêvant aux 60.000 signatures grâce au coup de pouce de l’administration, pratique courante par le passé, où le taux réel de participation a été exagérément gonflé. Pourquoi pas 10 millions de candidatures à la candidature sur un total de 11,5 millions de population active ? C’est le discrédit de la politique après 50 années d’indépendance politique où l’Algérie en 1962 avait de grands hommes politiques. Sans exagérer, plus de 95% n’ont ni programme réaliste, ni la stature pour incarner la plus haute fonction d’un Etat. Cela rejoint les dernières élections législatives où le parti FLN, par enchantement, mais n’ayant représenté que 6,6% par rapport aux inscrits, a remporté la majorité des sièges. Des coiffeuses et épiciers n’ayant même pas le CEP en fin de listes, n’ayant aucun parcours politique, avec tout le respect que je dois à ces métiers nobles, mais comme dit l’adage chacun son métier et les vaches seront bien gardés, ont été propulsés députés et devant étudier et voter des lois qui engagent l’avenir de toute une Nation. Rappelons, en contrepartie de lever la main, le chantage, au moment où la révision constitutionnelle était à l’ordre du jour devant passer par les deux chambres, la majorité des députés ont fait une pétition réclamant une augmentation de leurs salaires dé »jà trop élevé 20 fois le SMIG, et un passeport diplomatique alors que la majorité des employés de l’APN perçoivent moins de 20.000/30.000 dinars net par mois.

A la veille d’une échéance si cruciale pour le devenir du pays, le véritable débat est absent : comment réaliser l’alternance, comment améliorer la gouvernance, l’Etat de Droit, l’indépendance de la justice, une lutte efficace contre la corruption et son soubassement le terrorisme bureaucratique (la sphère informelle connait une extension après des discours euphoriques de son éradication), des propositions concrètes pour la relance économique dans le cadre de la mondialisation, où un des piliers du développement du XXIème siècle est la maitrise de la connaissance renvoyant à la réforme urgente de l’école (voir le mémoire de Magister soutenu à l’Université d’Oran par Mme Adnane le 11 février 2014 sous la direction du professeur Abderahmane Mebtoul-«problématique du divorce Universités, environnement économique»), la construction du grand Maghreb pont entre l’Europe et l’Afrique qui fait l’objet au niveau international de toutes les grandes rencontres, sans oublier les enjeux géostratégiques où l’Algérie avec plus de 5500 km de frontières est menacé dans son intégrité. Or les ajustements économiques et sociaux indispensables pour une croissance durable, en ce monde incertain et turbulent, où toute Nation qui n’avance pas recule forcément, (la maitrise du temps et de l’information en temps réel étant stratégique entre 2014/2020 seront douloureux. Et contrairement à certains discours qui se veulent rassurant, l’on va vers l’épuisement des ressources traditionnelles d’hydrocarbures, devant assister à une transition énergétique mondiale, au moment où la population atteindra 50 millions d’habitants horizon 2030. Les versements de traitements sans contreparties productives, les subventions généralisées sans ciblage, ne profitant pas toujours aux plus défavorisés, qui avec les transferts sociaux ont atteint 30% du PIB selon la déclaration du premier ministre algérien (70 milliards de dollars) ne peuvent que conduire au suicide collectif d’où l’importance de rétablir la morale (liens dialectiques éthique/développement) pour affronter les défis futurs.

2.- En ce mois de février 2013, l’Algérie a une économie productive très marginale : 97/98% d’exportation relève des hydrocarbures brut et semi brut et ayant importé 70/75% des besoins des entreprises publiques, privées (taux d’intégration inférieur à 15%) : ainsi en 2013, 55 milliards d’importation de biens auquel il faut ajouter 12 milliards de dollars de services. L’importance de la dépense publique et les 192 milliards de dollars de réserve de change sont le fruit des recettes des hydrocarbures, évaluées à 660/670 milliards de dollars entre 2000/2013 selon les bilans de Sonatrach. Or, l’Algérie est appelée à s’insérer au sein d’une économie ouverte, étant liée à un accord de libre échange avec l’Europe ayant eu un report de dégrèvement tarifaire de trois années, à l’horizon 2020, et espérant adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La préservation de l’emploi et l’avenir de l’économie algérienne sont liés à sa compétitivité. La production devra faire face à une concurrence étrangère redoutable, d’autant plus qu’il n’est pas interdit d’importer les mêmes types de produits. Il s’agit pour les entreprises seules créatrices de richesses et la fuite en avant est de créer des emplois en surnombre dans les administrations, qu’elles soient publiques ou privées, d’avoir une production qui réponde aux normes internationales (cout/qualité), l’Etat algérien ne pouvant continuer éternellement à subventionner. Ainsi se pose le problème de la généralisation de la règle des 49/51% sans distinction, applicable seulement aux secteurs stratégiques qui sont historiquement datés. Ce qui est stratégique aujourd’hui peut ne pas l’être demain. Les firmes font des calculs précis et ne viendront en Algérie que si le taux de profit directeur est supérieur à la moyenne mondiale tenant compte des importants coûts de transaction en Algérie : bureaucratie, système financier inadapté, idem pour le système socio-éducatif sans compter l’épineux problème du foncier. Car avec cette règle, les surcoûts et problèmes de trésorerie seront supportés par l’Algérie via la rente des hydrocarbures.

Les critères de balances devises, technologiques et managériales (transfert du savoir-faire) au profit de l’Algérie me semblent être des critères plus objectifs. Par ailleurs, n’oublions pas que les entreprises publiques ont été assainies pour plus de 60 milliards de dollars entre 1971 et 2013 dont 70% sont revenus à la case de départ montrant que le blocage n’est pas d’ordre seulement financier mais systémique. Pour preuve le secteur industriel en 2013 représente moins de 5% du produit intérieur brut (PIB). -On ne relance pas l’activité industrielle par décrets ou par le volontarisme étatique, comme on ne crée pas des emplois par décrets, des emplois rentes improductifs pour donner un taux fictif à la baisse, vision de la mentalité bureaucratique rentière. C’est l’entreprise et son fondement, le savoir, au sein d’une économie de plus en plus mondialisée à travers des stratégies de segments de filières internationalisées que l’Algérie peut créer une économie productive à forte valeur ajoutée, ne devant pas, en ce XXIe siècle du fait des nouvelles technologies, avoir une vison matérielle, l’industrie se combinant avec les services. La recherche tant théorique qu’appliquée avec un équilibre entre les sciences exactes et les sciences humaines, est fondamentale pour impulser de nouvelles filières industrielles. Pour paraphraser le langage militaire qui différencie tactiques et stratégie, l’objectif est d’insérer les tactiques au sein d’objectifs stratégiques précis. Or à écouter les discours de certains prétendants à la présidence de la république, on a l’impression que leurs objectifs est uniquement la gestion, de la rente alors qu’il s’agit d’autonomiser cette sphère en axant les efforts sur la création de valeur ajoutée interne grâce au travail des Algériens se fondant sur la moralité et la maîtrise de la connaissance. Or pour arriver à cet objectif, une réorientation de l’actuelle politique socio-économique (devant éviter la sinistrose tout ce qui a été réalisé n’est pas totalement négatif) et une autre gouvernance s’imposent.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international en management stratégique

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Commentaires (3) | Réagir ?

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R A M E S S E S II

"La Théorie, c'est quand on sait tout et rein ne fonctionne, La pratique, c'est quand tout fonctionne mais personne ne sait pourquoi" Albert Einstein,

L'homme qu'il faut à la place qu'il faut, un président qu'il faut pour l'Algérie, un Algérien de souche

L'année du Lièvre en Algérie, même le poisson lapin rode sur nos cotes, ce n'est pas un hasard, tout le monde veut sa part des hydrocarbures, c'est la faute au peuple Algérien!

Vous savez pourquoi ça ne marche pas Monsieur Mebtoul non! sinon vous faites semblant de mettre la responsabilité sur les candidats auto déclarés, c'est la loi, tout Algérien a le droit à la candidature suprême, lorsque le DRS sabote les partis politique comme le RCD,, le FFS, les vrais partis d'opposition même partis eux des partis islamistes nationalistes, comme les Djioub Allah,

Vous êtes conscient et vous êtes proches des gens du pouvoir pour le savoir, ce n'est pas dans le FLN qu'on risque de croiser des politiciens intègres, des gens comme Saadi, Ait Ahmed, Ferhat Mhenni, qui peuvent apporter des changements pour le pays, le DRS passe plus de temps à surveiller Ali yahia abdenour et Said Sadi que nos frontières, des semi remorques de drogues arrivent de l'ouest personne n'a rien vu, et le DRS. 0 est à son tour de se faire doubler par le DRS. 1, le nouveau DRS Maroquin est pire que le DRS du Qbayli,

Ce carnaval durera le temps qu'il faut et retour aux affaires, drogue, prostitution, devise, foncier, import import, il faut une dizaine de lois pour me changer tout ça, changement de gouvernance, un Etat fédéral qui mettra fin au régionalisme destructeur!

Vous trouvez normal que des Maroquins (comme Bensalah, bouteflika, Zerhouni) ainsi que des Tunisiens comme le Drabki tiennet le pouvoir en Algérie, au détriment des fils de bonnes familles, il n y a d'aveugle que celui qui ne veut pas voir!

L'Algérie aux Algériens de Nord au Sud de l'est à l'Ouest.

RMII

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Atala Atlale

Je note enfin que M. Mebtoul Abderahmane relève la composante pitoyable de nos représentants, et qu'en tant qu'économiste il constate une véritable inflation du chiffre des prétendants à la magistrature suprême, L'Algérie est devenue une marchandise au plus offrant, la chkara, ce cancer de nos institutions est comparable au fléau de la drogue dure, il détruit tout le corps social, l'état et la nation, il est temps que les hommes capables d'apporter et/ou de contribuer au redressement, somme toute salutaire, s'élèvent pour mettre un terme à cette gabegie soutenue par une véritable médiocratie, aveugle et sourde qui est en train de saper les fondements de l'état et de préparer l'appauvrissement d'un pays pour plusieurs générations et pays qui avait tous les moyens de devenir une réelle puissance économique.

Basta, que tous les hommes conscients des dangers qui se profilent agissent !

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