Tunisie: un groupe terroriste tue huit militaires dans une embuscade

Cérémonie à la mémoire des soldats tués.
Cérémonie à la mémoire des soldats tués.

Le Premier ministre tunisien a une nouvelle fois exclu mardi la démission de son gouvernement malgré la multiplication des appels en ce sens après une sanglante attaque contre l'armée qui a aggravé la crise provoquée par l'assassinat d'un opposant. Premier ministre tunisien Ali Larayedh, le 29 juillet 2013 à Tunis.

L'islamiste Ali Larayedh a souligné, comme il l'avait fait lundi avant l'annonce de la mort de huit militaires imputée à des "terroristes", qu'il était opposé "à ce que le gouvernement cesse de travailler", dans un entretien accordé à la chaîne d’État Wattaniya-1. Cette déclaration répond au puissant syndicat UGTT, à l'organisation patronale Utica, au parti laïque de centre-gauche Ettakatol allié aux islamistes au pouvoir, au ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou et à la Ligue tunisienne des droits de l'Homme qui ont tous appelé mardi à un nouveau gouvernement sans pour autant fixer d'ultimatum.

M. Larayedh, tout comme son parti Ennahda et 17 autres petites formations politiques, s'est cependant dit favorable à l'élargissement de la coalition actuelle formée par les islamistes, deux formations laïques et des indépendants. "Un dialogue peut concerner la forme du gouvernement et aller vers son élargissement. Quand j'ai formé le gouvernement (en mars dernier, ndlr) j'avais proposé un gouvernement d'(union) nationale", a-t-il dit en référence à des négociations en ce sens qui avaient échoué, l'opposition jugeant qu'Ennahda voulait accaparer trop de prérogatives.

Tout comme Ennahda, l'UGTT, l'Utica et Ettakatol, M. Larayedh a exclu une dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) réclamée par une soixantaine de députés et plusieurs partis d'opposition. Mais les différents partis et organisations ne semblent par ailleurs pas en accord sur la nature du prochain cabinet : gouvernement de "compétences" ou d'union nationale regroupant les formations politiques. Le ministre de l'Intérieur a lui dit avoir "envisagé de démissionner", a appelé tous les partis à "dépasser leurs égoïsmes pour relever les défis et combattre le terrorisme" et à former rapidement un nouveau cabinet.

Le Premier ministre a de nouveau promis l'adoption de la Constitution courant août et des élections le 17 décembre pour sortir de la crise provoquée par l'assassinat jeudi du député d'opposition Mohamed Brahmi et exacerbée par la mort lundi soir de huit militaires sauvagement tués au mont Chaambi (ouest), à la frontière algérienne, où un groupe armé lié à Al-Qaïda est pourchassé sans succès depuis décembre.

Cette attaque est la plus grave depuis la révolte de janvier 2011 qui a été suivie par un essor de la nébuleuse islamiste armée. Selon les témoignages de militaires recueillis par l'AFP et des médias tunisiens, le groupe de soldats est tombé dans une embuscade. Certains ont été égorgés et mutilés et les armes de l'unité volées. Un deuil national de trois jours a été décrété à partir de mardi. Le président Moncef Marzouki a rendu hommage en matinée aux militaires tués lors d'une cérémonie à Kasserine, ville voisine du mont Chaambi.

Par ailleurs, les députés d'opposition ont appelé à une manifestation contre le terrorisme et le pouvoir devant l'ANC mardi soir et l'UGTT a demandé à ses bureaux régionaux d'organiser des rassemblements similaires à travers le pays. L'embuscade de lundi avait déclenché en soirée des manifestations de colère à Kasserine où un local d'Ennahda a été saccagé. L’annonce de ces morts choque profondément une Tunisie toujours marquée par l’assassinat jeudi du député Mohamed Brahmi. Des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Kasserine, scandant des slogans hostiles à la majorité islamiste, accusée de passivité face à la dégradation sécuritaire en Tunisie. A Tunis, quelques milliers de manifestants avaient de nouveau manifesté une grande partie de la nuit devant l'ANC mais aucun heurt n'a été signalé contrairement aux nuits précédentes.

Ces manifestations nocturnes quotidiennes ont lieu à l'appel des partisans de la dissolution de l'ANC depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi, le deuxième du genre attribué à la mouvance jihadiste après la mort par balle de Chokri Belaïd le 6 février. Ce meurtre avait entraîné la chute du précédent gouvernement dirigé par Ennahda.

La date des prochaines élections fixée au 17 décembre par M. Larayedh est hautement symbolique car il s'agit du jour en 2010 où le vendeur ambulant Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu, donnant le coup d'envoi à la révolution tunisienne.

Depuis l'élection de l'ANC, les autorités ont annoncé de multiples calendriers électoraux qui n'ont pas été respectés la Constitution n'ayant pas été adoptée faute de consensus. Les journaux tunisiens se montraient mardi très inquiets et plusieurs titres appelaient à l'union nationale, comme l'a fait la veille le président Marzouki dans une adresse à la Nation.

Avec AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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uchan lakhla

Le terrorisme islamiste est partout pareil, il s'attaque aux forces vive de la nation, les intellectuels, les forces de sécurités, les philosophes, les journalistes, ...., la liberté des uns et des autres, les islamoracailles s'attaquent à tout ce qui peut leur faire de l'ombre, parce que leur cervelle de moineau ne peut rien contre le savoir et le débat, quand on vit dans les ténèbres parait il la lumière fait toujours peur, courage les Tunisiens ne vous laissez pas faire comme nos autres, on s'est fait avoir par un régime crapulax, 20 ans plus tard nous sommes revenu à la case de départ, à savoir les islamistes qui partagent le pouvoir avec ceux qui ont mené le pays à la dérive.