Londres compte expulser Abou Qotada dimanche vers la Jordanie

Abou Qotada.
Abou Qotada.

Londres s'apprêtait à extrader ce week-end en Jordanie le prédicateur radical Abou Qotada, jadis considéré comme "l'ambassadeur de Ben Laden en Europe", qui a mené une longue bataille judiciaire contre son expulsion finalement confirmée par Amman.

L'islamiste quinquagénaire doit, selon un responsable gouvernemental jordanien, arriver "dans la matinée" de dimanche dans le royaume hachémite, "à bord d'un appareil militaire, escorté par des gardes jordaniens et britanniques". Le ministère britannique de l'Intérieur, qui tente depuis des années de lui faire quitter le pays, n'a pas confirmé l'information mais redit sa volonté de voir le prédicateur jordanien dans un avion "le plus tôt possible".

Le dénouement semblait donc acquis, quelques semaines après la ratification par Amman et Londres d'un traité visant à garantir que des preuves obtenues par la torture ne pourraient pas être utilisées contre lui lors d'un procès en Jordanie. Des médias britanniques ont rapporté que l'islamiste à l'épaisse barbe poivre et sel serait emmené dans la nuit de samedi à dimanche de la prison de haute sécurité de Belmarsh (sud de Londres) où il est actuellement incarcéré, jusqu'à la base militaire de Northolt (ouest de la capitale), d'où un avion décollerait à 02h00 (01h00 GMT) à destination d'Amman.

Le Premier ministre David Cameron avait dit en mai qu'il serait "l'une des personnes les plus heureuses de Grande-Bretagne" une fois parti le prédicateur, qui a été arrêté pour la première fois dans ce pays en 2002 en vertu de la législation antiterroriste, et qui a passé la décennie écoulée à faire des allers et retours en prison. En octobre dernier, Londres avait également exprimé son soulagement en extradant un autre prêcheur islamiste célèbre, Abou Hamza, vers les Etats-Unis, au terme d'une bataille judiciaire de huit ans.

De virulents prêches anti-Occidentaux

La femme et les cinq enfants d'Abou Qotada devraient quant à eux rester au Royaume-Uni, où il était arrivé en 1993 puis obtenu l'asile. De son vrai nom Omar Mahmoud Mohammed Othman, cet homme qui serait né en 1960 à Bethléem possède la nationalité jordanienne, la Cisjordanie étant sous contrôle jordanien au moment de sa naissance.

En 1998, il a été condamné par contumace en Jordanie pour "préparation d'attentats" visant notamment l'école américaine à Amman. La peine a ensuite été commuée en prison à vie assortie de travaux forcés. En 2000 il a de nouveau été condamné à 15 ans de prison, dans une autre affaire de préparation d'attentat. La Jordanie entend aujourd'hui le rejuger.

En Grande-Bretagne, où la justice le qualifie de "menace pour la sécurité nationale", Abou Qatada s'est illustré par de virulents prêches anti-occidentaux, anti-américains et antijuifs. Le juge espagnol Baltasar Garzon l'a décrit comme l'"ambassadeur européen de ben Laden" ou encore le "chef spirituel d'Al-Qaïda" en Europe. Des vidéos de ses prêches avaient été retrouvées dans un appartement d'Hambourg (Allemagne) occupé par Mohamed Atta, l'un des auteurs des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

L'islamiste, qui a passé ces dernières années à combattre son extradition vers la Jordanie, à la fois devant la justice britannique et européenne, avait en mai, de façon inattendue, fait savoir par la voix de ses avocats qu'il était d'accord pour retourner dans son pays une fois le traité lui garantissant un procès équitable ratifié. La possibilité de voir des preuves obtenues sous la torture utilisées contre lui lors d'une procédure judiciaire en Jordanie avait été l'argument avancé par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour bloquer son extradition.

L'accord bilatéral signé en avril entre Amman et Londres ne se réfère pas spécifiquement au cas d'Abou Qatada mais selon la ministre de l'Intérieur Theresa May il contient les garanties nécessaires pour bannir l'utilisation de telles preuves.

Mohammad Shalabi, alias Abou Sayyaf, un responsable salafiste jordanien, a déclaré à l'AFP cette semaine qu'il espérait voir Abou Qotada rapidement libéré. "Nous sommes convaincus qu'il n'a rien à voir avec ce pour quoi il a été condamné. Nous souhaitons qu'il arrive chez lui sain et sauf. Si Dieu le veut, il sera déclaré innocent après un procès rapide et équitable", a-t-il dit.

Avec AFP

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