Cinq milliards de dollars : le chiffre qui a apaisé Sarkozy Par Ghania Hammadou

Cinq milliards de dollars : le chiffre qui a apaisé Sarkozy   Par Ghania Hammadou

Quelle que soit la polémique soulevée par les déclarations du ministre des anciens Moudjahidines de Bouteflika, les enjeux économiques liés à la visite du président Sarkozy en Algérie sont trop importants pour les milieux des affaires français pour que celle-ci soit suspendue. Plutôt que la surenchère nationaliste dont il n’hésite pas à user à l’occasion, Nicolas Sarkozy, qui continue à chasser sur les terre d’une extrême droite xénophobe à laquelle il a raflé une bonne partie de son électorat, a choisi les intérêts de la délégation des chefs d'entreprises qui l'accompagneront lundi lors de son déplacement à Alger et opter pour « l'apaisement » recommandé du reste par sa majorité parlementaire.
Coutumier de dérives verbales nationalistes et néocolonialistes dont on a eu l’illustration dans nombre de ses interventions, le président Sarkozy, grand ami du Medef qui lui aussi sera du voyage, a gardé la tête froide dans la tempête et refoulé ses griefs à l’encontre de ses partenaires algériens, tout comme il avait su taire ses critiques face aux dirigeants chinois lors de sa visite à Pékin d’où il est revenu avec un fabuleux carnet de commande pour les entreprises françaises. Les arguments qui ont eu raison d’une réaction excessive de sa part pourraient bien être les cinq milliards de dollars de contrats que les entrepreneurs français doivent signer lors de cette visite.
Selon des sources françaises citées par l’AFP « alors que le stock d'investissements français en Algérie est de 2,1 milliards de dollars, 5 milliards supplémentaires à court et moyen terme sont en projet, dont la moitié dans le secteur énergétique. » Le montant de ces projets n’est sans doute pas étranger à cette retenue qu’on ne connaissait pas au nouveau locataire de l’Elysée.
Le gros des marchés concerne le secteur sensible de l’énergie. Après plusieurs années de vaches maigres, Total va enfin conforter sa place dans l'exploration et la production. Le groupe pétrolier en association avec la Sonatrach, doit investir 1,5 milliard de dollars pour la construction d'un vapocraqueur, dont le coût global est estimé à 3 milliards. Gaz de France, qui doit à cette occasion reconduire ses contrats d'approvisionnement en gaz algérien, a lui un projet à hauteur d'un milliard de dollars.

Une vingtaine de sociétés françaises sont candidates au rachat d'entreprises publiques algériennes. Le Crédit populaire d'Algérie, 5e banque nationale, est convoité par quatre banques françaises concurrentes (BNP, Société générale, Crédit Agricole, Banques Populaires). La vente a été suspendue en raison de la crise des "subprimes" aux Etats-Unis.
Bien que en hausse, les investissements directs français, hors hydrocarbures, sont encore très faibles : ils atteignaient 294 millions de dollars en 2006. Les 250 filiales d'entreprises françaises implantées en Algérie représentent 22.0O0 emplois directs et 100.000 emplois indirects.
L'Algérie est le 3e fournisseur de gaz de la France derrière la Norvège et les Pays-Bas, mais devant la Russie. Les hydrocarbures représentent 95% des importations françaises, soit plus de 4 milliards d'euros en 2006. La flambée des prix a alourdi cette facture d'1 milliard d'euros en deux ans (2005 et 2006).
La France est le premier fournisseur de l'Algérie, qui est son premier débouché en Afrique devant le Maroc, la Tunisie et l'Afrique du Sud. Mais le marché algérien devient de plus en plus concurrentiel avec l'entrée de nouveaux concurrents, notamment la Chine et les Etats-Unis.
Les échanges franco-algériens ont représenté 8,1 milliards euros en 2006. Ils sont à l'équilibre. Durant les 9 premiers mois de 2007, la France est devenue excédentaire de 698 millions d'euros grâce à une forte contraction de ses importations et malgré l'appréciation de l'euro.
La part française du marché algérien s'est cependant effritée, passant pour la première fois, sous la barre des 20%, à 18,7% en juin 2007.

G.H

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Commentaires (9) | Réagir ?

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Khelaf hellal

Je soutiens toujours la lumineuse idée d'Ahmed Benbitour qui relève que notre pays exporte des richesses et importe de la pauvreté. La véritable richesse d'un pays à mon sens, celle qui fait sa force et sa grandeur, une richesse inépuisable, disponible et renouvelable à souhait est bien dans ses ressources humaines et sa volonté de se développer et de réussir. L'acquisition des nouvelles technologies et le transfert du savoir-faire ne sont possibles que s'il y a une réelle stratégie de développement soutenue par l'Etat et qui s'appuie principalement sur sa composante humaine, qui lui insufle le patriotisme économique et le principe du compter sur ses propres capacités. Malheureusement les choses ne se passent pas comme ça dans notre pays, en plagiant Benchicou je dirais:" Nos chimères sont décidément ce qui nous ressemble le mieux " (dans Les Geôles d'Alger p. 140). Pour donner l'illusion d'une relance économique ou pour rajouter à la béatitude et à l'immobilisme, nos responsables politiques préfèrent faire miroiter des produits finis et des services d'importation, faire construire de grands ouvrages, des installations et des logements en quantité par des Sociétés étrangères et, ce qui peut paraitre aberrant, sauver par là meme certaines entreprises etrangéres en difficultés ou qui courrent la faillite certaine et qui n'attendaient que cette aubaine.

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Mohand Mokher

Rym bonjour.

Vous vous êtes, avec beaucoup de talent, opposée, à juste titre (selon moi) à la privatisation CPA.

Les subprimes (crédits hypothécaires accordés avec complaisance) sont venus à votre rescousse en mettant à genoux toutes les banques de la planéte.

Il faut maintenant essayer de nettoyer les écuries d'Augias. En lançant un grand débat sur la montagne des créances en détresse qui dorment dans les placards des banques. Le capital des banques est un bien public.

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