Exécution de Tahar Touati : les turpitudes des autorités algériennes

Le département de Mourad Medelci se contredit
Le département de Mourad Medelci se contredit

Dans son communiqué rendu public hier dimanche, le département de Mourad Medelci exprimait son étonnement face à l'information faisant état, la veille, de l'exécution du vice-consul algérien, Tahar Touati, par le Mujao. Dans le même communiqué, il affirme pourtant être en "contact permanent" avec les ravisseurs...

Hier, dimanche, dans un communiqué commenté par l'APS, le département de Mourad Medelci a indiqué que l’information relayée par un certain nombre de sites web au sujet du communiqué annonçant l’exécution du fonctionnaire consulaire algérien Tahat Touati "fait actuellement l’objet de vérifications nécessaires pour s’assurer de son authenticité". Cette déclaration, quel que soit le sens dans laquelle on la retourne, se veut un aveu d'échec dans la gestion de cette affaire.

L'information de l'exécution de l'otage Tahar Touati a été donnée dans la nuit de samedi à dimanche, certains sites l'ayant fournie à partir de 22h, sur la base d'un communiqué du Mujao publié précédemment sur les sites mauritanien et malien en langue arabe et commenté par diverses sources d'informations de ces journaux électroniques. Certaines sources d'information ont voulu s'en tenir à la prudence tout de même en publiant l'information au conditionnel avant qu'elle ne devienne un fait établi quelques minutes plus tard. Pendant tout ce temps, de samedi 22h à dimanche en fin de matin (l'APS n'a rendu public le communiqué du ministère que le dimanche à 11h21) et, face à une si importante information mettant en jeu la vie humaine des otages algériens, que faisait le ministère algérien des Affaires étrangères pour qu'il ne réagisse, 24h plus tard, que pour annoncer qu'il allait vérifier l'information comme s'il n'avait pas les moyens humains, techniques et logistiques pour vérifier en temps réel l'information qui a circulé sur la toile comme une trainée de poudre.

D'autant que, dans le même communiqué, le département de Mourad Medelci avoue clairement que "les contacts n'étaient pas rompus avec les ravisseurs" et qu'il s'étonne de ce fait de la véracité de l'information faisant état de l'exécution du vice-consul, Tahar Touati. C'est vraisemblablement dans la panique que ce communiqué a été rédigé vu les nombreuses contradictions qu'il recèle. Comment en effet le ministère qui était soit disant en contact permanent avec les ravisseurs n'ait pas été destinaire du communiqué du Mujao  annonçant la décision ferme de l'ultimatum du Mujao d'exécuter un otage si les trois terroristes arrêtés à Ghardaïa n'étaient pas libérés vendredi dernier à minuit, date à laquelle en a été prolongé le délai? 

Le Mujao, qui est un groupe terroriste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamiste n'en est pas à sa première menace contre l'Algérie. Pour cela, son communiqué ne pourrait être de l'intox visant à semer la panique et à augmenter les enchères de cette prise d'otages, surtout qu'il avait libéré auparavant trois otages dans des conditions de négociations qui restent secrètes et sur lesquelles les deux parties ne se sont pas prononcées: le département de Mourad Medelci et les ravisseurs du Mujao.

Dans cette affaire, ce n'est pas la première fois que Mourad Medelci jette le trouble sur l'opinion publique nationale et internationale par des informations dites et contredites par lui-même. Le mois de juillet dernier, alors qu'il avait laissé entendre que tous les 7 otages allaient être libérés et rentrer à la maison, au moment où les mêmes sites d'information ayant relayé la nouvelle de l'exécution de Tahar Touati depuis avant-hier samedi, n'avaient aucune preuve tangible de cette déclaration. Quelques jours plus tard de ce juillet, après que plusieurs agences, dont Reuters ont annoncé dans la foulée la libération des sept otages, Mourad Medelci ne confirme que la libération de trois d'entre eux à l'occasion de sa rencontre à Alger avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Depuis le 5 avril dernier, date à laquelle ont été enlevés les 7 fonctionnaires consulaires algériens à Gao, ville du nord Mali, les autorités algériennes, engagées dans les négociations politiques avec l'un des groupes d'Al Qaïda, Ansar Eddine invité, à Alger ont minimisé le sort des otages, à leur tête, Abdelaziz Bouteflika, qui n'a fait aucune déclaration sur cette affaire. Faut-il préciser que dans les menaces du Mujao adressées à Alger depuis mai dernier, ce groupe Ansar Eddine a été cité comme possible médiateur dans la libération des détenus algériens. Depuis, cette information a disparu des déclarations du Mujao.

De plus, à la gravité de la situation politique du Nord du Mali où Ansar Eddine et le Mujao sèment le chaos, mettent les villes à l'heure de la chari'a, la terreur des flagellations, les mutilations et les exécutions sommaires, comment le gouvernement algérien n'a-t-il pas mesuré l'ampleur de la situation tragique dans laquelle se trouvaient les otages algériens ? L'attentat de Ouargla, fin juin dernier, revendiqué par le Mujao n'a pas alerté outre mesure le pouvoir de Bouteflika sur l'urgence de l'affaire des otages qui, en cette période, semblait abandonnée par les autorités algériennes qui se complaisaient dans leur attitude de fermeté quant à la non recevabilité des conditions exigées par les ravisseurs du Mujao, notamment la rançon des 15 millions d'euros.

L'exécution de l'otage Tahar Touati va-t-elle être "vérifiée" par le département de Mourad Medelci ? Question sans doute naïve quand on sait que les plus de 200.000 morts, otages massacrés durant la décennie noire, sont niés, insultés par le pouvoir de Bouteflika.

R.N

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Raveh Aksel

Puisque tout le monde (Mali, Niger, Algérie, France et évidement les pays du golf) ne veut pas entendre parler de l'autonomie de l'Azawad, l'option islamiste est apparemment choisie comme stratégie, par le pouvoir malien, ses voisins et les sponsors de l'islamisme, pour ne plus entendre parler de ce droit international des peuples !! Mais heureusement que ces islamistes, instrumentalisés par tous les pouvoirs explosent souvent à la figure de ceux qui n'ont jamais su défendre les intérêts de leurs peuples !!