Qui arrêtera la mafia du sable qui sévit à Oran ?

Rivières et plages sont pillées par une mafia organisée.
Rivières et plages sont pillées par une mafia organisée.

Le pillage du sable n’épargne pas les ouvrages d’AEP et d’électricité qu’il fragilise. Sans oublier les conséquences écologiques.

Le pillage de sable continue au niveau de la corniche oranaise et à Aïin Franine dans la commune de Gdyel. Les pillards agissent au vu et au su de tout le monde. Même si l’activité est interdite à toute exploitation depuis bien des années par arrêté du wali, la sablière d’Ain El Turck n’a pourtant jamais connu de répit. Durant la journée, ce sont de simples manœuvres qui essayent de gagner leur vie avec des pelles. Mais le grand massacre, c’est au tombé de la nuit qu'il a lieu. "Toute une armada de jeunes mineurs avec les nombreuses pelles mécaniques et autres engins éventrent la nappe dans le noir", raconte un habitant de la localité de Ain Franine. On peut parler, sans exagération aucune, de "mafia du sable" dans cette zone littorale. Comme ailleurs, le dispositif répressif reste timide comparativement à la force de frappe et aux moyens utilisés par les pilleurs nocturnes. Chiffre révélateur : 37 affaires de pillage de sable ont été traitées par les services de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Oran depuis le début de l’année en cours. Et ce n’est là que la partie visible de l’iceberg ; la majorité écrasante des opérations de pillage sont en fait passées sous silence.

Le phénomène prend de l’ampleur, notamment au niveau des communes d’Ain El Turck, El Ançor et, à un degré moindre, dans la côte est d’Oran (Kristel et Ain Franine principalement), continuant ainsi de provoquer des pertes énormes aux communes côtières. Durant la même période, 49 personnes impliquées dans des affaires de pillage de sable ont été arrêtées et traduites en justice. Il s’agit d’un marché juteux géré par de puissantes personnes locales très organisées. Un marché qui génère des profits immenses. Mais, ce pillage en règle du patrimoine environnemental ne semble pas inquiéter les responsables du secteur et les pouvoirs publics d’une manière générale.

Entrepreneurs impliqués

En quête de sable, cédé à des prix exorbitants avoisinant, les pilleurs creusent, anarchiquement et sans état d’âme, même au dessous des tuyaux du réseau d’eau potable et aux alentours des pylônes électriques. Ainsi des tuyaux de conduites AEP, qui se retrouvent suspendus en l’air sur plusieurs mètres, le constat est le même partout le long de cette rivière. Idem pour les poteaux électriques qui donnent l’air de n’avoir pas de consolidations. Ces ouvrages risquent de s’écrouler et de céder au moindre incident. Ils sont, en effet, exposés aux risques d’effondrement. Ce phénomène a pris de l’ampleur ces derniers temps, suite à la prolifération des chantiers de construction. Certaines sources affirment que plusieurs entrepreneurs sont impliqués dans le pillage de sable pour approvisionner leurs chantiers à des prix réduits.

Exploitation de mineurs

Pour accomplir son forfait, cette mafia exploite une main-d’œuvre composée également de mineurs. Il existe aussi des entrepôts illégaux dans lesquels sont stockées des tonnes de sable. En 2011, plus de 54 affaires de pillage de sable qui ont été traitées par la cellule de la protection de l’environnement du Groupement de la gendarmerie de la wilaya d’Oran, et une soixantaine de personnes étaient impliquées dans ces affaires, parmi lesquelles une majorité de chauffeurs de camions chargés de transporter le sable pillé. Autrement dit des seconds couteaux, les responsables étant épargnés. Ces prévenus ont été présentés devant le parquet pour extraction du sable sans autorisation. A l’issue de ces affaires, quelque 187 mètres cubes de sable a été récupérée.

Par ailleurs, pour faire face à ce phénomène, deux nouvelles autorisations d’exploitation de sable de mer ont été attribuées par la Direction des mines et de l’industrie (DMI) de la wilaya d’Oran. Cette mesure, qui entre dans le cadre de l’application du décret exécutif du mois d’octobre 2009 relatif à l’exploitation des carrières et des mines, a pour but d’approvisionner le marché en matériaux de construction et faire face à la mafia qui exploite illégalement le sable de mer. Cette autorisation répond aussi aux prévisions des spécialistes qui font état d’une augmentation de la demande prochainement. Cette augmentation a pour origine, entre autres, les nouveaux projets dont a bénéficié la wilaya d’Oran dans le cadre du programme quinquennale 2010/2014.

H. Medjadji

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Commentaires (6) | Réagir ?

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ali Foughali

Ah s'ils pouvaient comprendre le massacre qu'ils sont en train de causer à la nature mais hélas ils n'ont pas la capacité intelectuelle. Si l'état existait réellement et que les structures qui gravitent autour faisaient correctement leur travail des ingénieurs compétents pourraient convaincre de la construction avec du sable de riviere est une mauvaise chose pour la simple raison c'est que le grain de sable de riviere n'est qu'un micro galet que l'érosion a réduit à sa taille fine. L'accroche du ciment n'est pas aussi parfaite que le sable issu des stations de concassage. Le problème c'est qu'en Algérie on veut faire tout vite et gratuitement.

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sam abed

Les Oranais n'ont qu'a se plaindre a leur bien-aimé président. Il va arreter le pillage de sable comme il a arreté l'extermination de l'outarde par ses amis du golf.

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