Syrie : nouveau "massacre" à Homs

Qui arrêtera la folie meurtrière du régime syrien ? Pendant que le peuple syrien continue de résister, la communauté internationale s'enlise avec ses observateurs qui constatent sans agir.

Alors que la révolte est entrée dans son 15e mois, la répression ne montre aucun signe de répit et les combats entre soldats et rebelles se multiplient, malgré la présence de plus de 200 observateurs de l'ONU chargés de surveiller un cessez-le-feu proclamé il y a plus d'un mois mais systématiquement violé tous les jours.

Dans ce contexte, les Etats-Unis aident à coordonner l'arrivée d'armes enSyrie à destination des rebelles, sans toutefois leur fournir ce matériel, rapportait mercredi le quotidien Washington Post, citant des responsables américains et étrangers. Au moins 26 personnes ont été tuées mercredi dans le pays, dont 15 civils "sommairement exécutés" dans la nuit de mardi à mercredi par les forces du régime syrien lors de l'assaut du quartier Chammas à Homs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Parmi ces victimes, l'imam sunnite de la mosquée Abou Horeira, cheikh Merai Zakrit qui, selon l'ONG, "était aimé de tous, des sunnites et des alaouites et même des chrétiens, il appelait à l'unité nationale". "Il s'agit d'un nouveau massacre qui s'ajoute à ceux perpétrés par le régime", d'après l'OSDH. En outre, au moins 11 personnes ont été tuées dans d'autrers violences en Syrie: cinq dans la province de Deraa (sud), un civil tué dans le pilonnage de la ville rebelle de Rastane et cinq civils tués par les tirs de l'armée à Khan Cheikhoune, dans la région d'Idleb, selon l'OSDH.

"Nous n'avons pas fermé l'oeil de la nuit", affirme à l'AFP Abou Hammam, un militant anti-régime à Khan Cheikhoune. "Les gens dans les zones bombardées ont si peur qu'ils ont tenté de s'enfuir vers des endroits plus sûrs de la ville".

C'est à Khan Cheikhoune qu'un convoi d'observateurs de l'ONU a été visé mardi par une attaque alors qu'ils étaient à proximité de funérailles, elles-mêmes cible d'un raid des forces gouvernementales qui a fait 20 morts, selon l'OSDH qui a parlé d'un "massacre". Mercredi, six observateurs, du Yémen, du Brésil, du Bangladesh, du Danemark, du Maroc et des Pays-Bas, ont été évacués de la ville après y avoir passé la nuit, leur véhicule ayant été "endommagé par l'explosion", selon Abou Hammam. "Ils ont vu la mort de leurs propres yeux", commente le militant.

L'opposition syrienne avait accusé le régime de l'attaque.

"Ils sont restés avec nous. Ils nous ont demandé si nous pouvions les emmener dans un endroit sûr hors de Khan Cheikhoune, mais ce n'était pas possible car la ville est encerclée par les troupes du régime", a indiqué Abou Hammam. Il s'agit du deuxième incident grave impliquant des observateurs de l'ONU chargés notamment de surveiller l'application d'un cessez-le-feu. Une mission à laquelle l'armée allemande est prête à envoyer jusqu'à 10 soldats, a annoncé Berlin.

La France a condamné de son côté "avec la plus grande vigueur les nouveaux assassinats perpétrés par les forces du régime syrien contre leur propre peuple". "Face (...) au mépris patent dans lequel Damas tient le cessez-le-feu, la communauté internationale doit se remobiliser pour permettre une mise en oeuvre effective du plan Annan", a estimé Paris, en référence au plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe qui préconise notamment l'arrêt des violences.

La veille, le chef sortant de la diplomatie française, Alain Juppé, a évoqué "l'échec probable" de la mission de Kofi Annan, alors que les monarchies du Golfe ont souligné leurs doutes quant aux chances de succès du plan de l'émissaire.

Téhéran, principal allié de Damas, a en revanche estimé mercredi qu'il fallait "donner du temps" au régime pour appliquer le plan de l'émissaire international. Ce dernier avait sommé le gouvernement syrien d'autoriser sans plus tarder l'ONU à porter secours à plus d'un million de Syriens qui en ont besoin.

Selon le Washington Post, Washington a accru leurs liens avec la rébellion et notamment joué un rôle dans la coordination de l'aide étrangère à destination des opposants. "Nous augmentons notre assistance non létale à l'opposition syrienne et continuons à coordonner les efforts avec nos amis et alliés de la région et au-delà pour que ce que nous entreprenons de façon collective ait le plus d'impact possible", selon un haut responsable du département d'Etat.

Par ailleurs, quatre personnes dont un soldat, ont été blessées mercredi à Tripoli, la principale ville du nord du Liban, dans de nouveaux affrontements entre partisans et opposants au président syrien, selon un responsable au sein des services de sécurité. Ces affrontements ont fait neuf morts et des dizaines de blessés entre samedi et lundi.

En 14 mois, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils abattus par les troupes gouvernementales, et quelque 25.000 sont toujours détenues, selon l'OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont en outre réfugiés dans les pays voisins.

AFP

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