Tripoli a lancé un bras de fer avec les milices des ex-rebelles

Certaines milices ne veulent pas désarmer.
Certaines milices ne veulent pas désarmer.

Le gouvernement a annoncé qu'il allait faire usage de la force contre des milices d'ex-rebelles "hors-la-loi" et lourdement armées, mettant à dure épreuve ses toutes jeunes institutions de sécurité et de défense.

Le CNT a décidé de remettre de l'ordre dans le pays. Les autorités libyennes ont dû utiliser la force pour la première fois mardi pour déloger des dizaines d'hommes armés qui avaient pris d'assaut le siège du gouvernement pour réclamer des primes, dont la distribution a été suspendue par le cabinet du Premier ministre Abdel Rahim al-Kib. L'opération s'est soldée par un mort et trois blessés parmi les forces de sécurité.

Depuis la "libération" du pays du régime de Mouammar Kadhafi en octobre, le gouvernement fait face quasi-quotidiennement à des revendications sociales et financières des Thowars, ces hommes qui avaient pris les armes pour combattre les forces Kadhafistes. Jusqu'ici, le gouvernement a tenté d'user de la diplomatie et du dialogue avec les protestataires, tout en finissant souvent par signer des chèques après chaque dé-monstration de force de ces ex-rebelles lourdement armés.

La scène s'est répétée à plusieurs reprises notamment à Tripoli ou Benghazi (est): des ex-rebelles armés bloquent des routes, assiègent des compagnies ou institutions de l'Etat et défilent avec leurs pick-up équipés de canons anti-aériens et de lance-roquettes pour faire plier le gouvernement.

"Le gouvernement ne cèdera pas au chantage et aux hors-la-loi et ne négociera pas sous la menace des armes", a averti mardi soir le chef du gouvernement, quelques heures après la mort d'un membre de la Haute commission de sécurité, qui dépend du ministère de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur, Fawzi Abdelal, a promis de la "fermeté dans l'application de la loi". "Le ministère protègera les bâtiments et institutions de l'Etat par tous les moyens, y compris l'usage de la force si nécessité il y avait", a-t-il dit. Cette mise en garde s'est traduite immédiatement dans les faits.

Des forces du ministère de l'Intérieur ont lancé mercredi à l'aube une opération pour lever un sit-in d'ex-rebelles armés devant Arabian Gulf Oil Company (AGOCO), la plus importante compagnie pétrolière publique à Benghazi, qui entrave depuis plusieurs jours le travail de la compagnie, selon le porte-parole de la Haute commission de sécurité à Benghazi, Mohamed Gaziri.

Selon l'analyste politique, Mohamed al-Asfar, dans un éventuel bras de fer avec les milices d'ex-rebelles, les autorités auront gain de cause. "Les institutions de l'Etat sont fortes de leur légitimité, de la loi, et du soutien de la communauté internationale. La police et l'armée sont en train d'être formées et bénéficient du soutien du peuple", a-t-il expliqué. La présence de ces milices est nécessaire actuellement pour repousser toute tentative d'atteinte à la révolution et au processus démocratique, mais ses dirigeants doivent se placer sous l'autorité de l'Etat.

Les autorités libyennes avaient intégré plusieurs milliers d'ex-rebelles dans les ministères de l'Intérieur et de la Défense mais plusieurs brigades lourdement armées demandent à être intégrées, sans être dissoutes. Certaines d'entre elles continuent à surveiller les frontières ou assurer la sécurité dans plusieurs régions, mais n'hésitent pas à recourir aux armes pour faire plier les autorités, voire se livrer au racket.

"Elles (les autorités) veulent nous intégrer comme des individus et dissoudre nos brigades organisées et équipées", a déploré Mohamed Faraj al-Fitouri, un ancien commandant rebelle de Benghazi (est). Beaucoup de milices ont pris goût au pouvoir des armes et refusent de s'en séparer, ce qui a provoqué l'indignation de la population civile qui s'est mobilisée à plusieurs reprises pour dénoncer ces "faux-révolutionnaires".

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