Elle est actuellement au centre de conciliabules et marchandages entre le groupe salafiste d’Ansar Eddine, Aqmi et des intermédiaires. Dans l’affaire, une partie a belle et bien perdu la partie : le Mouvement de la libération de l’Azawad (MNLA).

Enlevée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) le 15 avril à Tombouctou, dans le nord du Mali, l’otage suisse Béatrice Stockly a été reprise à ses ravisseurs par le groupe islamiste Ansar Eddine. Selon des sources sécuritaires et locales, les islamistes seraient prêt à la libérer. Le transfert de l'otage n'a pas dû être difficile vu la longue amitié qu'il y a entre Abou Ziyad et Iyad Ag Ghaly. Ce dernier, ancien consul malien en Arabie Saoudite, a d'ailleurs joué un rôle dans les négociations pour la libération d'otages par le passé. Ce groupe est né la fin de l'année dernière.

Selon un responsable de la sécurité sur place, la victime été kidnappée par "une milice privée qui avait l'intention de la revendre à Aqmi", Al-Qaïda au Maghreb islamique. Selon ce responsable, l’otage, qui vivait depuis longtemps dans la région, était "une commande" du groupe terroriste à des "sous-traitants". "Dans un premier temps, les sous-traitants ont amené Béatrice à une dizaine de kilomètres de Tombouctou. Le lendemain, quand ils ont voulu l'amener plus loin, des éléments armés du groupe Ansar Eddine, maître de Tombouctou, les ont poursuivis. Il y a eu des coups de feu échangés et les sous-traitants ont été obligés d'abandonner l'otage", a raconté cette même source.

Ansar Eddine veut discuter avec la Suisse

Selon une seconde source basée à Tombouctou, "l'otage suisse est entre les mains d'Ansar Eddine à Tombouctou. Ils disent qu'ils sont d'accord pour la libérer", précise-t-elle, avant d’ajouter qu’"Ansar Dine a rejeté une offre de médiation humanitaire, disant préférer discuter directement avec la Suisse". Le porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères a pour sa part déclaré ne «pas avoir de nouvelle information sur ce cas».

Le Sahel est devenu en quelques années le terrain de chasse des preneurs d’otages. Aujourd’hui vingt personnes, dont Béatrice Stockly, sont entre les mains d’Aqmi ou du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Treize d’entre eux sont des Européens enlevés dans des pays de la région. Certains seraient entre les mains d'Aqmi au Sahel d'autres détenus par le Mujao comme les sept diplomates algériens kidnappés. A ce propos, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a rassuré les familles des otages en déclarant que ces derniers se portaient bien et qu'ils sont susceptibles de retrouver leur liberté incessament.

Enfin le 17 avril, une Italienne de 53 ans, enlevée par Aqmi le 2 février 2011, a été libérée et récupérée par l'armée burkinabè dans la région de Tessalit (Nord-Mali), contrôlée par Ansar Eddine.

Le MNLA disqualifié

Dans cette histoire d'enlèvement et de coups médiatiques, on a bien vu que le MNLA a très vite été dépassé. Son silence et son incapacité à peser sur la situation tranche radicalement avec les déclarations tonitruantes sur la libération de l'Azawad. Même d'ailleurs dans la question des négociations pour la libération des otages, on observe que ce mouvement indépendantiste touareg n'a plus aucune prise, ni influence contrairement à ce que disaient ses nombreux porte-parole en Europe.

Sofiane Ayache/AFP