Et vint Avril 1980...

Et vint Avril 1980...

En ce printemps-là de l'an 1980, on avait vingt ans...

Vingt temps pour entendre, pour lire, pour apprendre, pour comprendre, pour disserter, pour rire, pour aimer, pour espérer, pour rêver un pays de rêve, de science et de savoir, de progrès, de célébrité, de liberté. En 1962, toutes les filles s'appelaient Houria dans leur pays enfin en liberté, pays d'Hommes Libres, d'Imazighen, pour tous les Algériens... Elles avaient vingt ans, vingt ans !

En 1980, fleur de l'âge pour les fleurs de la vie. Vingt ans après avril 1980 de nos vingt ans, on ne sait plus dire vingt ans. On dit vingt tonnes ! Tellement les jeunes années pèsent déjà, et la langue pâteuse lourde à s'exprimer. Et les Houria de nos vingt ans sont en passe de devenir des houriates pour les vains temps des hommes à venir... Vingt ans après avril 1980 de nos vingt ans, sont toujours là les empêcheurs de vingt temps, les faiseurs de vains temps...

Pourquoi ? Parce que, de Boabdil à Bouguenour on a le syndrome de Cordou et de Grenade... Boabdil, le dernier roi musulman de Grenade (Espagne maure) fut envoyé en exil par les catholiques en 1492 (Reconquista). Il se mit à pleurer... Ne pleure pas comme une femme un royaume que tu n'as pas pu défendre comme un homme, lui avait dit sa mère... Auparavant déjà, en 1236 Cordoue, la capitale andalouse, avait été reprise par Ferdinand III de Castille. Soit, pour les Héritiers de ces déboires historiques, une blessure quasi narcissique pour avoir perdu un Empire occupé pendant sept siècles.

Aussi l'Etat algérien, à l'image de ses chefs putschistes, dépositaires autoproclamés des regrets et de toutes les velléités de renaissance arabomusulmane, il a développé en Algérie un stéréotype de conduite atavique comme un bouclier (et même une épée) pour se prémunir de cette fatale "reconquista" dont lui semble porteuse la revendication de l'identité de thamazight en Algérie. Tout ce qui se décide en politique, y compris la politique étrangère et diplomatique procède de cette préoccupation à la limite de la paranoïa, avec les dégâts multiples qui s'en suivent, comme de cette maladie.

Bonne fête aux hommes et femmes libres

Y. Hebib

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Daamghar .

L’histoire des hommes est impénitente dans ses oublis par ses capacités à se régénérer. Les vingt ans reviendront dans chaque génération. Des générations plus intelligentes, plus intransigeantes.

Les empires disparus renaîtront et les puissances d’aujourd’hui disparaitront. C’est dans l’ordre immuable de l’histoire de l’humanité.

Il faut juste que tous ceux qui ont eu vingt ans dans chaque vingt avril transmettent le flambeau.

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idir umalu

Y a-t-il vraiment un peuple quelque part qui se prénomme Imazighen, j'en doute. Au quotidien et à mon malheur je me vois agressé. Les médias ne se donnent pas la peine d'insulter des millions de Berbères avec cette abominable insulte Maghreb arabe. Comment un peuple qui est berbère depuis des millénaires s'est vu subitement appeler arabe. Avec l'acharnement à se cramponner à l'islam par les Berbères il ne faut jamais espérer qu'un jour ce peuple dont la culture est en voie de disparition va s'éveiller à nouveau pour dire qu'il n'est pas arabe. ¨Se revendiquer de l'islam ne va que tendre vers la sacralisation de la langue avec laquelle ils prétendent sa révélation. Je ne pense pas qu'un berbère qui est saturé des préceptes d'islam puisse avoir l'intelligence de d'être conscient du drame dans lequel il patauge. Je suis sûr qu'il est prêt à sacrifier son identité pour accéder à se paradis tant chanté par cette religion. Le berbère est subjugué par tant de délices promis de trouver au paradis s'il se voue avec aveuglement aux préceptes de cette religion. Elle est conçue d'une manière à tuer l'intelligence de l'être humain, elle inocule en son cerveau les germes qui inhibent tout effort pour penser soi et la vie. l'ivresse d'un autre monde plein de délices n'a fait que plonger des nations en entière dans l'abrutissement. La négation de soi pour accéder à l'autre monde n'est possible qu'on acceptant de s'anéantir, d'être autre, mais pas l'importe, il faut être arabe, autrement la clé qui puisse te servir pour franchir la porte du paradis ne s'ouvrira pas. Les musulmans ont plus au moins détecter un handicap dont souffre le Dieu qui n'est autre qu'il est monolingue. Ceux qui prêchent l'islam couvent en leur fond une haine des plus véhémentes pour tout ceux qui revendiquent leur identité. De la haine sans égale, ils prétendent qu'il sème la fratrie, alors qu’en leur fond ils ne souhaitent que l’anéantissement de tous ceux qui revendiquent leur originalité. Ils veulent la soumission totale à cette religion, autrement dit, être arabe, revendiquer autre chose que cela ce n’est que blasphème. Alors ce que je vais vous dire messieurs les berbères bonne chance aux paradis factice que l’islam vous a tant louer dans ses versets. Son concepteur a su vous subjuguer, alors contenter du mensonge pour alimenter vos rêves de l’au-de-là. Bonne fête.

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Arthur François

Belle contribution a yidir, d'adhère complètement au fond de ton récit, sans pour autant abolir tout espoir de voir des hommes et des (femmes) berbères changer le cours actuel des choses.

Le 20 avril 1980, a Yidir j'avais dans ma main droite la main d'un copain (de classe) et de la gauche celle d'une copine de classe (qui elle, elle ne sait pourtant pas parler kabyle, ce fût à Alger au départ de la fac centrale avant que les hommes bleus ne chargent pour nous disperser, c'est vrai c'était une Algéroise de la Casbah. Je garde espoir malgré la régression manifeste et programmée.

Thanemirt.

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