Tunisie : le parti Ennahda lâche du lest sur la Constitution

Le parlement tunisien connaît des tiraillements pour rédiger la nouvelle Loi fondamentale.
Le parlement tunisien connaît des tiraillements pour rédiger la nouvelle Loi fondamentale.

Le mouvement islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, a décidé d'opter pour le maintien de l'article premier de la Constitution de 1959 au centre de profondes divergences entre islamistes et modernistes, a-t-on appris lundi auprès de la direction du mouvement.

Selon un éminent dirigeant d'Ennahda Ziad Doulatli, cette décision perçue comme une concession, témoigne de "l'esprit consensuel" qui caractérise la démarche du mouvement et de "sa modération".

Elle vise à "renforcer le consensus national et à favoriser la réussite de la transition démocratique à l'effet de rassembler la grande majorité des forces politiques autour des défis auxquels est confronté le pays" et à faire en sorte que "l'expérience tunisienne puisse servir de modèle à d'autres pays qui ont connu des changements similaires", a-t-il expliqué à l'Associated Press.

La décision qualifiée d'"historique", a été adoptée aux deux tiers des plus de 120 membres du comité constitutif d'Ennahda après un long débat au sein de cette instance dirigeante qui s'est poursuivi samedi et dimanche. Selon l'universitaire Fadhel Moussa, qui représente le pôle démocratique moderniste (PDM) à l'assemblée nationale constituante (ANC), le problème posé par l'article premier constitue "le noeud" de la nouvelle loi fondamentale. Sa résolution ouvrira la voie à l'élaboration de la future Constitution, principale tâche de l'ANC, a-t-il estimé.

La scène politique tunisienne est divisée depuis des semaines par un débat houleux sur la place publique et à travers les médias, sur la formulation de l'article en question, entre islamistes radicaux dont des figures de l'aile dure d'Ennahda et des courants salafistes, d'un côté, et les partis progressistes modernistes et la société civile et laïque, de l'autre.

Les premiers réclamaient que la charia, la loi islamique, soit "l'unique source d'inspiration" de la nouvelle Constitution et l'instauration d'un Etat islamique, alors que le camp opposé appelait au maintien du texte tel quel en revendiquant "un Etat civil". L'article initial stipule que "la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, l'islam est sa religion, sa langue l'arabe et la République son régime".

Des islamistes appellent à tuer Béji Caid Essebsi

Les enfants de Béji Caïd Essebsi ont porté plainte contre un prédicateur, fonctionnaire au ministère des Affaires religieuses , qui a appelé à la mort de leur père, dimanche 25 mars, lors du rassemblement qui a réuni quelques milliers de salafistes et islamistes venus manifester sur l’avenue Habib Bourguiba devant l’horloge de la Place du 14 janvier, près du ministère de l’Intérieur, appelant à l’application de la Chariâa islamique.

Un espace avec du matériel audio a été aménagé pour les orateurs qui s’y sont succédés. L’un d’eux, a fustigé "la dictature du régime de Bourguiba" et tout ce qui avait été perpétré contre ses opposants. Il a ensuite lancé des appels de mort à l’encontre de l’ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, à son clan et à tous les "bourguibistes", repris en cœur par les participants à cette manifestation, avec des slogans tels que "Dieu est unique et Essebsi est l’ennemi de Dieu".

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