Dhayen, Hocine Aït Ahmed va rentrer !

Hocine Aït Ahmed, 86 ans, président du Front des forces socialistes. Photo Siwel.
Hocine Aït Ahmed, 86 ans, président du Front des forces socialistes. Photo Siwel.

"Il s’agit de ne pas méconnaître le chemin Qu’il fasse beau ou qu’il neige Les enfants si l’on se presse Il faut y aller maintenant" Lounis Aït Menguellet

Qu’y a-t-il vraiment de changer, palpablement, dans la structure du pouvoir, Bouteflika à la présidence, dans une situation de consultation, sur le sujet, pour que les champions d’Algérie du boycott, cette fois-ci, acceptent-ils de participer ? Le bureau du Front des forces socialistes se réunit dans une session extraordinaire et adopte à l’unanimité la décision de prendre part au vote du 10 mai prochain sans exiger des conditions particulières susceptibles de convaincre au moins les observateurs qui croient encore que la formation de Hocine Aït Ahmed est un parti d’opposition aux mains propres. Aux intentions patriotiques et révolutionnaires qui ne donnent aucune chance au régime de phagocyter ses "forces" acquises démocratiquement, dans les schémas de la gouvernance.

Le coup de bâton et l’esquive, mais dans le vide

Seulement les militants du FFS, ses cadres en premier lieu, savent que pour échapper à la récupération par le monstre assis au travers des rouages dans le détail et le général, d’ailleurs extraordinairement décrit par le grand leader dans le message à ses protégés, la veille de la réunion, il faut s’accaparer de la majorité au Parlement pour pouvoir agir dans le concret politique. Ce qui est de l’ordre de l’utopique actuellement surtout que justement dans la lettre que l’historique adresse aux membres de son parti, il insiste sur la situation en Kabylie qui ne manquera pas encore une fois de forcer l’opinion nationale à suspecter des desiderata régionalistes lorsque le pays dans son ensemble est dans la déliquescence.

A lire la lettre le discours de Hocine Aït Ahmed, sans la mention de l’intention affirmative pour la participation, l’on crierait sur tous les toits de l’Algérie au boycott inéluctable et à la dénonciation de cette nouvelle tentative de mascarade électorale. Toute la philosophie de l’ancien chef de l’Organisation spéciale y est étalée avec le sens de la rationalité politique le plus intelligent, le plus ciblé dans les catastrophes commises ou en cours, qui appellerait sinon à la révolte, tout au moins au repli dans les tranchées.

Il explique l’échec de la violence pour le renouveau, dans la partie populaire comme dans sa riposte par le régime qu’il compte "réparer" par l’action politique. Mais participative – qui s’apparente au paradoxalement sensationnel lorsque l’on n’oublie pas qu’il était le premier candidat, parmi les cinq autres, à se présenter devant Abdelaziz Bouteflika en 1999, qui s’est retiré pour grande manipulation favorisant la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères, désigné et protégé par l’Armée. Laissé unique sur le modèle référendaire dont Abdelkader El Mali en fera tout de suite après une science exacte dans sa stratégie de rassemblement, osant même et réussissant des manœuvres ciblées sur la Constitution.

Le flou dans l’action et le doute de la base

Mais qu’à cela ne tienne, le leader charismatique du FFS n’explique pas comment il compte faire avec sa formation pour agir "politiquement" dans la bataille. Il dit que son parti ne va pas à la consultation pour les sièges, pour les clientèles, pour les postes, autrement dit pour que l’on comprenne l’allusion à la rente, mais pour une "nécessité tactique pour le FFS qui s’inscrit en droite ligne de notre stratégie de construction pacifique de l’alternative démocratique à ce régime… "

Oui, mais la "nécessité tactique" et la "stratégie de construction pacifique", étaient déjà les maîtres mots dans la rhétorique de Karim Tabbou, l’ancien et très jeune Secrétaire général de ce parti ; "prodiguer un discours sur les réformes, faire quelques concessions sur le front social, resté inflexible et refuser toute ouverture politique, voilà la stratégie du régime. Le statu quo, encore le statu quo, toujours le statu quo, voilà le crédo de Bouteflika, voilà le crédo des décideurs, voilà le crédo du pouvoir", ce sont les dernières paroles importantes qu’il prononce à la suite d’une intervention narcotique du chef de l’Etat annonçant des réformes politiques dont Aït Ahmed suspectait dans la forme et dans le fond, avant son éviction de la direction du parti expliquée à la base, fort juvénile, par le souci de l’alternance.

Ce qui amène donc à tout mélanger dans la saisie quand on entend Aït Ahmed dire à ses élites dans son dernier message - qui se sont, au demeurant, fait muets au limogeage du jeune dirigeant parce qu’ils ne le portaient pas beaucoup dans l’affect car il leur a trop rappelé la fougue de leur leader dans sa jeunesse - de fendre sur les urnes pour combattre précisément le statu quo. Mais au moyen de quelle armada qui siégerait l’Assemblée puis au Sénat ?

Le sacrifice de l’histoire et l’abandon de la force ?

Par ailleurs, d’aucuns s’interrogent sur le report du 5ème congrès et de la Convention nationale qu’il promet pour prochainement dans une lettre adressée à la direction la veille du limogeage de Karim Tabbou pour décider des échéances électorales. Or, la décision concernant la participation du FFS à la consultation du printemps pointant a été expédiée au travers d’une anodine session, que les responsables de ce parti ont bien voulu appeler "extraordinaire". En même temps que beaucoup de militants se demandent si précisément ce n’est pas d’un statu quo qu’il s’agisse au sein du parti de Hocine Ait Ahmed, qui fera 86 ans dans quelques mois.

Mais la mode au tout islamiste gagnant dans les consultations arabes, ne donne-t-elle pas des idées d’alliances projetées avec les bandes de Soltani, Menasria, Djaballah et les anciens camarades du FIS – n’a-t-on pas prestement après le vote du Bureau du FFS pour le "oui" entendu Soltani s’en réjouir au nom de l’alliance avec Ennahada et El Islah ? N’aurait-il une idée de chamboulement après le 10 mai pour faire revenir au printemps 91 avec une majorité islamo "aïtahmediste" qui faisait peur à l’Armée en réduisant le FLN à sa vraie valeur partisane, la portion réelle dans l’opinion nationale, le juste nombre de ses adhérents, c’est-à-dire une inconsistance.

En fin de compte, si ce n’est pas le cas ou uniquement pour le compte des besoins du parti dans les intéressantes rémunérations par siège chopé, ou sur la base d’une raison gravissime qui mettrait le pays en grand danger par la faute d’une faillite participative, ce serait alors que peut-être, au final, de guerre lasse, le grand révolutionnaire se résolve-t-il à la vieille l’image qui lui colle à la peau du cacique militant marabout kabyle on ne peut pas dire socialiste tant qu’il ne l’a pas prouvé les rênes en mais – toutefois très compatible avec le minbar et les alliances civiques mondiales, et avec lui les militants assidus qui lui sont dévoués corps et âme, il lui restera la Kabylie à disputer face à Saïd Sadi, le berbériste et Ferhat Mehenni, l’indépendantiste.

Nadir Bacha

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Commentaires (24) | Réagir ?

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said bekal

C'est vraiment malheureux pour vous

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bih ouali

C'est matoub qui a chante avrith labouda athnaakal thitij nagh nadhfel.

Ce n'est pas ait menguellet, matoub a aussi chante ahya si el-houcine khech thaghrith nak thabhi.

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