Croisade contre les sites pornographiques en Tunisie et Egypte

Croisade contre les sites pornographiques en Tunisie et Egypte

L’Egypte et la Tunisie, où les partis islamistes sont arrivés largement en tête lors des dernières élections législatives, font la chasse aux sites pornographiques.

On mène les combats qu'on peut ! A défaut de relancer l'économie, les islamistes au pouvoir dans ces deux pays s'attaquent aux moeurs. Le chômage, la relance de l'économie attendront, l'ordre islamique passe avant tout. Alors que mercredi la justice tunisienne a cassé le jugement ordonnant la censure des sites pour adultes, en Egypte le parti salafiste Al-Nour cherche à les interdire. Les sites pornographiques : ennemis numéro un des conservateurs tunisiens et égyptiens. Les partis islamistes, vainqueurs des dernières élections législatives dans les deux pays, demandent à ce que les accès aux sites X soient censurés. Mais coup de tonnerre au pays du Jasmin. La Cour de cassation a cassé, mercredi 22 février, le jugement ordonnant la censure des sites pornographiques et a renvoyé le dossier en appel. Cette décision pourrait bien conduire à une libéralisation du web tunisien. Le dossier traîne depuis bientôt un an et sera de nouveau traité d’ici deux à trois mois. Une décision qui devrait aussi lourdement peser sur la liberté quasi-totale dont jouissent les internautes tunisiens depuis la chute de Ben Ali.

En mai et août 2011, la justice ordonne à l’Agence tunisienne de l’Internet (ATI), principal fournisseur d’accès à Internet, d’interdire tout accès aux sites pornographiques suite à la plainte d’un collectif d’avocats conservateurs qui assure que le contenu de ces sites est dangereux pour les jeunes et qu’il est « contraire aux valeurs musulmanes ». Mais l’ATI qui sous l’ère Ben Ali était l’instrument de contrôle de l’Internet a refusé de se plier à la décision rendue par la justice expliquant qu’elle ne souhaitait pas de nouveau filtrer un quelconque site Internet et plaide pour sa "neutralité". Au-delà du principe de la liberté d’expression et d’accès aux contenus, le PDG de l’ATI, Moez Chakchouk nommé après le soulèvement en Tunisie, avance des arguments économiques pour refuser de censurer le X sur le Net.

L’Egypte sur la même voie…

Au pays du Nil, plusieurs voix s’élèvent contre le libre accès aux sites porno à l’instar du parti salafiste Al-Nour qui a obtenu plus de 20% des sièges à l’Assemblée populaire égyptienne à l’issue de la troisième phase des législatives en janvier. Il s’agit d’une "urgence" de rompre avec des sites jugés "pervers", selon les islamistes. Younis Makhioun, député du parti Al-Nour, appelle à une "réunion d’urgence" à l’Assemblée en vue d’interdire l’accès aux sites X. La requête devrait être étudiée à la chambre basse.

Alors que les conservateurs affirment que la pornographie est contraire aux valeurs de l’islam, les libéraux estiment qu’une telle censure provoquerait une atteinte grave aux libertés individuelles. Au-delà des questions de libertés qui au demeurant fondamentales, y a-t-il un urgence à traiter une telle question quand on connaît la situation de banqueroute économique que vivent ces deux pays ? Notoirement incapables d'avancer des propositions de réformes économiques viables, les islamistes s'engouffrent dans le tunnel de la morale, là où ils excellent en surenchère et zèle démesuré.

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