Le danger imminent des réformes de Bouteflika

Que préparent réellement le président et ses soutiens ?
Que préparent réellement le président et ses soutiens ?

1999-2011: les mandats de Bouteflika s'appuient sur une fraude systémique qui a secrété au sein du pouvoir les partis politiques de l'opposition démocratique et consacré l'impunité au terrorisme islamiste. Les législatives de 2012 et les Présidentielles de 2014 ne failliront pas à cette logique...

A l’heure où les réformes de Bouteflika caressent dans le sens du poil une coalition moribonde et une mouvance islamiste jubilatoire, ragaillardie par les révolutions arabes sur lesquelles a fait haro l’islamisme politique, est-il encore pertinent de se demander si les lois votées sont capables de juguler une crise qui dépasse le simple badigeonnage de ces "réformes" ? Ne faut-il pas plutôt décrypter tous les dangers imminents que celles-ci présentent sur une échéance électorale jouée d’avance des législatives de 2012.

Une fraude "de nature", systémique et non circonstancielle

Feu Hachemi Cherif, secrétaire général du MDS, dans ses analyses sur la crise d’Etat, a montré avec pertinence que tout processus électoral engagé dans une crise matricielle d’Etat ne peut que profiter à la caste rentière et bureaucratique aux commandes d’un parti-Pouvoir bâti sur une corruption systémique qui exclut de sa logique interne, toute perspective de développement socioéconomique et toute ouverture réelle et dynamique vers une société de progrès, des droits de l’homme et des libertés citoyennes. Le centre de gravité du système politique gangrené par des alliances hétéroclites et prédatrices s’est davantage durci depuis l’élection fraudée de Bouteflika en 1999. Depuis cette date, les rendez-vous électoraux, précédés de "lois" et de "garanties", décorum d’une fraude systémique, ont fini par discréditer les partis de l’opposition démocratique qui ont accepté de jouer le jeu malsain du pouvoir qui s’en est servi pour donner un semblant de crédibilité à des processus électoraux organisés et encadrés par une administration acquise au pouvoir et surtout garante de la redistribution de la rente, centre de gravité du système autour de laquelle gravite tous les partis satellites, y compris les formations de l’opposition dites "démocratiques" : la déconfiture du RCD, du FFS lors des présidentielles antérieures s’explique moins par une "fraude massive" de ces élections que par cette fraude systémique, "de nature" à de telles échéances détournées de leur modernité en tant qu’instruments du suffrage universel.

Un pouvoir qui a secrété les forces de l’opposition démocratique

Incolore et inodore, le parti-Etat qui, depuis l’indépendance a su se renouveler grâce à des coalitions aux contours flous, ne faisant que renforcer ses intérêts de caste, a su, par la tenue d’élections de guingois, assurer sa pérennité génératrice de richesses mal aquises tout en achetant, grâce à la manne pétrolière dont il détient le monopole, les révoltes citoyennes. Pour ce faire, il n’a pas hésité à confier la gérance de secteurs clé, et seulement la gérance, à ses seuls profits, à des ministres issus des formations de partis démocratiques dits de l’opposition : du FFS, du RCD, des technocrates du PAGS à l’époque de son "oui, mais…" des trotsystes, issus de la III ème internationale, des transfuges du RCD comme Khalida Toumi, des islamistes… Il a pu ainsi corrompre, par ses forces attractives de la rente, tous les partis politiques, y compris celui qui le menaçait dans ses fondements mêmes, l’ex-FIS. Face à cette fraude qui est dans la nature même du pouvoir et non résultats de simples contingences dues aux pressions des bureaux de vote, aux détournements de boites, aux bourrages, aux quotas, à l'absence d’observateurs internationaux, garanties non respectées…), le pouvoir utilise un outil moderne du suffrage universel qu’il pervertit. Sur ce point, le sociologue Nacer Djabi (Chihab, 2011) dans son livre décrivant les carrières et profils des ministres algériens de l'indépendance à nos jours, montre avec justesse que le FLN a produit très peu de ministres venus pour la plupart d'autres formations politiques de l'opposition démocratique mais dont le rôle s'est limité à la gérance technique de secteurs stratégiques mis sous la coupe politique du FLN.

L’interruption du deuxième tour des législatives de 1992 a mis à nu les dangers de tels processus électoraux quelles que soient les "garanties" et "la présence d’observateurs étrangers" réclamées par le RCD ou "l’attente des signaux forts" nourris par le FFS.

Le HCE de Boudiaf, ayant été à l’origine de l’interruption du processus électoral de 1992, de l’interdiction du FIS s’est trouvé face à cette crise d’Etat dont la béance empêchait de donner une légitimité à cette interdiction. Dans l’incapacité de sortir l’Algérie de la nature prédatrice du Parti-pouvoir, de la matrice du FLN, l’interdiction d’un processus électoral touchant moins aux intérêts rentiers du système en place qu'à la survie de l'Algérie,a mis à nu le danger de tels processus électoraux. Dûment agréé puis interdit, l’ex-FIS revendique aujourd’hui, par la voix de Bouteflika, sa légitimité en tant que parti sorti victorieux du premier tour des législatives et se targue d’avoir eu la légitimité populaire par le suffrage universel organisé au lendemain du 5 octobre 1988 sur une poudrière. Si le RCD ne s’est retiré que du 2ème tour des législatives criant à une fraude de surface, épisodique, le FFS s'est solidarisé avec les chefs islamistes de l’ex-FIS dont il a revêtu la "chéchia" dans la coalition de Sant'Egidio tandis que l’Armée algérienne est accusée d'être putchiste. Lors de la campagne ourdie à l’Hexagone du "qui tue qui", le général Khaled Nezzar, en tant que ministre de la Défense à l’époque des faits est accusé d’avoir généré le génocide par l’interruption des législatives de 1992.

Un autre processus électoral, celui de 1999 illustre cette fraude systémique dont ni le FFS ni le RCD ne semblent avoir tiré les leçons de 1992. Par sa dernière déclaration, le RCD reste campé dans une position obsolète quant à sa critique de la tenue des législatives de 2012 : "Le système s’apprête à rééditer une opération électorale réglée par les quotas distribués par les officines", a-t-il cru bon de prévenir.

Lire l'analyse dans son intégralité sur : http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/210-le-danger-imminent-des-reformes-de-bouteflika.html

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Commentaires (4) | Réagir ?

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samir tazlaoui

Je pose toujours la question : où va l'Algérie ? rabi ydjib el kheir

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madjid ali

depuis 6+2 ils n'ont cessé de bourrer les urnes. Nous, on a déchiré nos cartes de vote dans les années 90 et ça ne changera jamais jusqu'à l'explosion finale

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