Les salafistes égyptiens insultent Naguib Mahfouz

L'écrivain et prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz
L'écrivain et prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz

Enivrés par leur percée aux législatives, les salafistes égyptiens, à leur tête Abdel Monem Chahat, s'en prennent une fois de plus, à l'écrivain égyptien et Prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz, victime d'un attentat par ces mêmes salafistes en 1994.

Le dirigeant salafiste Abdel Monem Chahat fort de la percée de son parti aux législatives s’en est pris dans la foulée aux romans de l’écrivain égyptien et prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz, les accusant de tous les maux de la perversité, assurant, selon ses propos insultant, qu’ils "encourageaient le vice car ils portent sur la prostitution et la drogue".

En 1994, dans un contexte d’affrontement violent entre le pouvoir et la fraction radicale de l’opposition islamiste, les salafistes, Naguib Mahfouz survit par miracle à une tentative d’assassinat à l’arme blanche perpétrée à la sortie de son domicile par deux jeunes fanatiques islamistes membres de al Jama'a al Islameya qui ont reconnu au procès ne pas avoir lu une seule ligne de son œuvre, à la sortie de son domicile. Depuis, il était paralysé de la main droite et avait cessé d'écrire, contraint de dicter ses textes. L’auteur de Awlad Haratina roman longtemps interdit en Egypte sous la pression des islamistes a déclaré au lendemain de l'agression : "L’écriture a beaucoup d’effets sur la culture et sur toutes les valeurs civilisationnelles".

Dans ce roman, Awlad Haratina, Naguib Mahfouz transgresse avec bonheur le mythe du péché originel d’Adam et Eve à travers une mise en scène de cinq destins extraordinaires dans la vieille cité du Caire si chère à son coeur et à son inspiration féconde: la genèse avec le personnage bien nommé d'Adham qui va inéluctablement rencontrer son Eve, la prise de pouvoir dans le bruit et la violence contre les chefs des quartiers d'un Gabal-Moïse, la douceur et la persévérance d'un Rifaa-Jésus pour imposer son monde tout de justice, le sens aigu des gens du quartier pour le rassemblement et la solidarité pour vaincre un Qasim-Mahomet, et enfin l'histoire d'un mystérieux alchimiste capable de fabriquer des bouteilles. Autant d’actes de rebellion contre les petits tyrans qui imposent leur loi dans chaque recoin de la ville, au cours de ces récits, mais également amples histoires d'amour et d'amitié qui s’entrelacent dans les venelles de la hara ( quartier). Cinq ans après sa mort (le 30 aout 2006), l’illustre écrivain et hommes de lettres traduit dans toutes les langues fait l’objet d’insultes et d’offenses graves à sa mémoire et à son œuvre rententissante.

R.M

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Afifa Ismail

Les salafistes méritent d'être nommés par un seul terme"bhoumisme"néologisme que j'ai inventé formé sur le mot tunisien "bhoumia"qui signifie bêtise et misère intellectuelle. Comme on dirait en arabe si le monde était monde, Mahfouz et ces horreurs seraient deux trajectoires qui ne se croiseraient jamais ; ce grand écrivain, ce monument de la littérature devrait être nommé post-mortem Quatrième pyramide d'Egypte pour seule réponse à ces incultes de la barbichette.

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mstfa yazid

J'ai suivi ce M Chahat dans une émission hier... Il est tout simplement hermétiquement immonde !

Je crois que les mouvements démocratiques, avant de faire la course politique, devront s'attaquer au mal qui ronge l'exercice politique en Egypte : l'analphabétisme ! Il est de même pour l'ensemble de nos pays arabes et musulmans. Le salut viendra par une population immunisée contre la manipulation de la démagogie qu'elle soit d''origine bon chic bon genre en col blanc et jean ou en barbe le chapelet à la main ! Dans tous les cas si j'avais à savoir que ce Mr Chahat serait mon voisin au paradis, je changerai de place !

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