PAROLE DE CONFRERE : "Huit après deux mille"

Huit après deux mille ou cent après deux mille n’a aucun sens en Algérie. Le pays a appris depuis longtemps à ne pas accorder d’intérêt à la valeur du temps.

Les Algériens ont cette mauvaise sensation de voir défiler les semaines, les mois et les années sans qu’un changement pointe à l’horizon. Demain aurait pu être un autre jour. Mais demain ressemble trop à hier. Et entre hier et aujourd’hui, point de différence. Le pays tourne en rond, gaspille temps et argent, s’offre des idoles en carton, renoue avec les artifices de la confusion et s’installe dans le statu quo. L’Algérie est prise au piège entre une élection et une autre, et, aujourd’hui, entre un mandat présidentiel et un autre. 2008 ? Une année blanche et noire, une année-pont. Certains n’en feront qu’un pas pour sauter vers 2009.

L’essentiel pour le pays est-il réellement de réviser la Constitution pour revenir à la culture du parti unique ? L’important n’est-il pas de faire le bilan des réformes engagées ces dernières années ? Les élèves ne retiennent de «la réforme» de l’école que les cartables lourds qu’ils sont obligés de porter chaque matin. Les résultats scolaires restent médiocres et les enseignants sont méprisés avec des salaires de misère. La réforme de la justice n’a pas redonné l’indépendance aux magistrats, n’a pas combattu la corruption et n’a pas garanti le respect des droits humains. La réforme des missions de l’Etat n’a pas neutralisé la bureaucratie et le régionalisme. Ces trois réformes, censées permettre à l’Algérie de redémarrer, n’ont fait l’objet d’aucune évaluation sérieuse. L’autosatisfaction ambiante a empêché toute tentative de critique. L’APN n’a pas suffisamment de crédibilité ou de poids pour demander des comptes à l’Exécutif.

Le Conseil de la nation est, lui, un simple décor institutionnel. Ni la crise sécuritaire, matérialisée par les attentats d’Alger, ni l’anarchie sur le marché de fruits et légumes, ni la dilapidation de l’argent public sous toutes les formes n’ont fait «bouger» les deux chambres du Parlement. Donc, la voie est fermée de ce côté-ci. Sur le plan économique, les autorités, à tous les niveaux de décision, n’ont pas trouvé des solutions pour une utilisation optimale de l’argent du pétrole et du gaz. C’est peut-être simpliste mais c’est un terrible constat. Aux yeux des observateurs étrangers, l’Algérie est un pays pauvre à pétrole. Il est dramatique de remarquer qu’on n’arrive toujours pas à savoir s’il faut adopter une stratégie pour l’industrie, réformer l’agriculture ou donner la priorité aux services. On supplie les investisseurs de venir s’établir dans le pays et on leur crée tous les obstacles possibles pour les en dissuader.

On engage des réformes financières et on étouffe les banques par les réflexes rentiers. On plaide pour l’économie de marché et on renforce le monopole de l’Etat sur le secteur du transport aérien et de l’audiovisuel. On pleure sur le sort des jeunes et on ne résiste pas à la tentation à jeter en prison les harraga. Ce dernier exemple est la preuve éclatante que les dirigeants de ce pays n’ont rien compris au mal de la jeunesse. L’urgence est, peut-être, de rompre définitivement avec une certaine génération qui doit admettre sa faillite, car il faut bien ouvrir le débat sur l’incompétence, érigée en valeur. Aucun haut responsable n’a pris deux minutes de son «précieux» temps pour présenter ses vœux à la population et profiter de l’opportunité pour tracer les grands objectifs pour la nouvelle année. L’Algérie a navigué à vue en 2007. Pas de raison pour qu’elle ne continue pas de chercher la face cachée de lune en creusant la terre. L’échec est une gymnastique nationale. Dommage qu’on ne délivre pas de médailles d’or pour ce sport. Bonne année, quand même !

Faycal Metaoui (El-Watan)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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ferhati lekfrim

changements s'opérent, sauf chez nous. nous pataugeons avec les memes misères depuis 1962 et avec les memes gueules au pouvoir qui n'ont ni d'autres buts ni d'autres éspoirs ni d'autres préoccupations que celles de se remplir les poches et rester le plus longtemps possible au pouvoir, coute que coute, meme si pour cela ils doivent massacrer, opprimer, appauvrir, emprisonner, tuer tous ceux qui leur font barrage. le salut de l'algérie ne viendra jamais d'eux car ces gens là n'ont ni foi ni loi ni patrie. ce qu'ils ne savent pas ces ésclaves de la matière, ces pauvres malheureux qui n'ont jamais connu le vrai bonheur c'est que l'algérie survivra après eux comme elle a déja survécu jusque là. vous pouvez tout nous oter mais nous garderons notre ame car elle est inaccéssible pour vous et c'est là toute la différence entre vous et nous. vous mourrez tous un jour mais l'histoire vous oubliera et meme quand nous évoquerons vos noms, nous ne dirons pas, "que dieu ait leur ame" mais nous dirons qu'ils brulent en enfer. nous vous oublierons aussitot que la dérnière pelle de terre sera versée sur votre corps car l'histoire ne retient que les noms de ceux qui ont fait du sacrifice un devoir. qui pourrait oublier abane, djaout, mekbel, et tous ces gens que l'histoire a écrit en lettres d'or ?quant à vous, vos noms figureront sur la liste noire de l'histoire de l'algérie pour que les générations furtures n'oublient pas que vous etes la honte de ce pays et que vous étes un exemple à ne pas suivre. pauvres charognards qui se nourrissent de la misère du peuple, ils croient qu'ils sont étenels alors que l'un d'eux est déja sur le marche pied et les autres suivront, ce n'est qu'une question de temps et il leur est compté. De 1962 à 2008, les années se défilent, le monde avance, les états se développent à une vitesse vertigineuse, les nations changent, des

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younes bouchagroune

"... rompre définitivement avec une certaine génération... " dont la seule valeur prouvée jusqu'ici est bien de se remplir l'infini gouffre qu'est leur panse. OUI! C'est bien là l'URGENCE !

Mais que faire avec sa progéniture, déjà prête à prendre la relève... toute cette "basse cour" qui entoure Fakhamatouhou

Observez là psalmodier des louanges à sa gloire et vanter débilement les qualités de WALIYOU-NIAAMATIHOUM, qu'eux seuls peuvent distinguer...

espérer encore !

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